Désillusion [pv Gackt]

Invité

L’horreur que m’éprouvais à ce moment était indicible. Les moines, sans vie au sol, en plein sabbat, incapable de bouger je ne pouvais que observer ses monstres planter leurs crocs dans la gorge des hommes d’églises. Mes forces étaient annihilées par la décoction que je buvais avant chaque cérémonies, et lorsque je voulu bouger, je ne fis que dégringoler de l’autel. Mais je ne senti pas le sol, au contraire, je me senti redresser par une force qui n’avait rien d’humaine, j’avais l’impression d’être un jouet. Le vampire face à moi me regardait avec appétit. Même si mes forces revenaient, je ne pourrais me défendre, j’étais terrifié, il allait me tuer, et conduire mon âme droit vers les enfers. Je ne parvins qu’à enserrer le chapelet qui pendait à mon cou. J’aperçut d’autres vampires nous encercler, leur regard me scrutait, pour être exact je me sentais déshabillé du regard.

J’étais vêtu entièrement de blanc comme à chaque sabbat, la robe courte mais bouffante mes cuisses gainées de bas de dentelle. Ma taille toujours écrasée dans un corset, m’empêchait de convenablement respirer, la terreur me faisais suffoquer, et alors qu’ils dissertaient d’un sujet que je ne parvenais à comprendre, je perdis conscience. J’espérai seulement qu’ils me tuent vite. Mais à mon grand regret je m’éveillais, j’étais engourdis et j’avais mal au crâne. Autour de moi, il y avait toute une assemblée de vampire. Lorsqu’ils s’aperçurent que j’étais réveillé l’un deux me souleva sans ménagement. Je tenais à peine sur mes jambes, et je cru que j’allais retomber, mais ils me maintenaient solidement. L’esprit encore embrumé, je ne saisis rien de leur conversation. Je ne leur répondrai rien, jamais, je me tairais, je ne m’abaisserai pas à parler à des êtres pareils.

Puis, j’entendis le bruit d’une porte que l’on ouvre, et un homme entra. Homme n’est pas vraiment approprié, il était majestueux, resplendissant, il imposait le respect et par sa seule présence mes ravisseurs s’agenouillèrent. M’obligeant à faire de même. Lorsque j’eu baisser les yeux, je compris qu’il était leur chef, qu’il avait sans doute lui-même donner l’ordre de massacrer mes pairs. J’étais terrifié, et fasciné à la fois. Comment pouvait-on dégager tant de prestance. Ils m’obligèrent à me relever, leurs mains étaient crispées presque douloureusement sur mes bras, mais j’étais résolu à ne pas ouvrir la bouche, ni même à lever à nouveau les yeux, convaincu maintenant qu’il était entouré d’un charme diabolique je ne voulais plus en être prisonnier.

« Nous l’avons trouvé sur l’autel, on ne pouvait gâcher une si belle offrande. Nous avons pensé qu’il vous plairait Maître. »

Ils me poussèrent et je tombais à ses pieds, tremblant devant leur cruauté. Ils avaient tué, m’avaient enlevé, se moquaient de moi et m’offraient comme s’ils ne tenaient qu’à eux de décider de mon sort. Seigneur, sauvez-moi.

Invité

La nuit était déjà bien entamée lorsque je fus appelé par un groupe de vampires qui me portait aux nues. J'étais tranquillement installé sur le balcon en compagnie de Kousei, je lui faisais la lecture d'un livre de la Terre. Le bossu de Notre-Dame de Victor Hugo. Un classique selon moi, même s'il n'était pas dans mes ouvrages préférés, j'avais toujours eu un faible pour Voltaire ou Diderot. Mais Kousei l'avait choisi dans une liste que je lui avais dressé et la sélection était tout de même judicieuse. La majordome était finalement apparu dans l'embrasure de la porte fenêtre et il s'inclina bien bas avant de prévenir qu'un groupe de fidèles attendait le Maître dans le petit salon prévu pour les invités.

Je m'étais donc relevé en fermant le livre. J'avais pris soin d'y placer le marque-page et je me penchai vers Kousei pour l'embrasser tendrement sur le front. Je lui dis de prendre sa soirée et que je le retrouverai lorsque j'en aurais terminé. Seulement en général ce genre de visite duraient longtemps. D'autant que cette fois je sentais l'odeur d'un humain avec eux. Je me retournai pour suivre le majordome jusqu'au petit salon et je le laissai repartir avant d'ouvrir les portes des deux mains. Ils avaient fait quelque chose qui ne me plaisait pas, je le lisais déjà dans leurs pensées de jeunes vampires excités par le sang.

Lorsque j'entrai, ils tombèrent tous à genoux devant moi, me témoignant le respect que je méritais en tant que Premier Vampire de cette terre. L'humain fut tiré au sol également avant que l'un des vampires ne se relèvent pour l'amener devant et le refaire tomber au sol devant moi. Ils m'expliquèrent qu'il était un présent pour moi. C'était plutôt agréable mais la façon dont ils l'avaient trouvé n'était pas très plaisante et je tournai les yeux vers leur chef sans les poser sur la créature tremblante à mes pieds.

« Crois-tu que j'aime les massacres ? Réponds Julius. Crois-tu vraiment....que j'aime ça ? »

Je m'approchai de lui en le prenant à la gorge pour le soulever du sol. Il bredouilla quelques mots d'excuses manifestement pas très honnêtes et je le laissai retomber au sol.

« Un monastère. Ces moines n'auraient jamais eu le courage de m'approcher. Bande d'incapables. Je vous demande de vous nourrir de criminels et vous massacrez d'innocents fanatiques. »

Innocents...pas tant que ça. Je reçus les images qui traversaient l'esprit de l'humain et je me tournais vers lui. Un humain qui ressemblait à une magnifique jeune femme était toujours au sol. Sa tenue blanche immaculée le rendait aussi pur qu'un ange et ses cheveux de jais étaient aussi noir que l'ébène lui donnait une beauté froide. Il était régulièrement violé en guise d'offrande par les moines lors de leurs cérémonies. Je le rejoins pour m'agenouiller devant lui et lui passai un index sous le menton pour lui relever le visage avec douceur. Ses yeux étaient sombres, on pouvait presque s'y noyer dedans. Le calme et la foi qui émanait de tout son être était juste un apaisement pour mon esprit aussi. Il n'avait pas tant souffert malgré le rôle qu'on lui avait donné par le passé mais quelque chose l'avait rendu élégant, froid et mystérieux.

« Ce n'est pas comme présent que je t'accepterais avec moi...ne trembles pas, tu n'en as pas besoin. »

Je me redressai en l'entrainant avec moi et me tournai vers les vampires en laissant une de mes mains dans le dos de l'humain que je trouvais fascinant.

« Partez immédiatement et ne me décevez plus. Ce n'est pas la peine de vous présenter devant à moi nouveau sinon. »

Je les laissai partir sans bouger en gardant le mortel contre moi avant de demander au majordome d'apporter un repas ici. J'amenai ensuite le brun vers un fauteuil pour qu'il s'y asseye. Il avait l'air perturber. En un sens je le comprenais.

« Je m'appelle Gackt...et toi ? »

Invité

Le chef, cet homme si charismatique, m’ignora, il ne porta pas la main sur moi. J’en fus surpris, on m’avait décris ses créatures comme brutales et dénuées de morale. Les premiers avaient conforté les dires. Mais celui-ci se mit à les réprimander, j’observais avec stupeur, l’un de mes tortionnaires se faire soulever de terre comme s’il ne pesait rien. Puis le sermonner, comme on sermonnerait un enfant. Se nourrir uniquement de criminels ? D’innocents fanatiques ? Fanatisme, c’est la première fois que j’entendais ce mot. J’en compris partiellement le sens. Ils ne tuaient pas d’innocents… alors pouvais-je croire en ma survie ? Mais cet homme ne les punis pas pour leur crime, sa réprimande terminée, il se tourna vers moi, et je m’empressais de baisser les yeux. Mon cœur battait au rythme de ses pas. Il approchait allant jusqu’à s’agenouiller devant moi. Il venait sans doute réclamer son dû, après tout, j’étais un trésor de guerre.

Son index se glissa sous mon menton et je fus tétanisé d’en sentir sa fraîcheur. Je croisais son regard, et je su que j’étais perdu. J’étais incapable de me détacher de son regard azuré. Le diable pouvait-il avoir un si beau visage ? Je ne lisais nulle haine, nulle perversion dans son regard, juste une infini douceur. Pourtant je me rappelais ce que disait notre livre sacrée sur ses démons. Des êtres cruels, avides de chair autant que de sang, violent, ne se repaissant que des crimes et des charniers. J’arrêtais de trembler lorsqu’il le demanda. Je ne compris pas ce qu’il me disait, trop chamboulé intérieurement. Lorsqu’il se redressa, il m’aida à faire de même, mais j’étais bien incapable de m’enfuis, ou même de protester. Son regard m’avait transcendé. Ma main toujours crispée sur mon chapelet, la sienne contre mon dos. Les hommes quittèrent la salle si rapidement que je n’entendis que la porte claquer. Il me conduisit ensuite vers un fauteuil, et j’y pris place, il était plus confortable que ce que j’avais connu jusqu’alors. Gackt. C’était donc son nom, avant même d’y réfléchir je lui répondis.

« Mana. »

Ce fut le son de ma propre voix qui me réveilla de ma torpeur. Je ne devais pas lui parler, pas lui répondre. Il était l’incarnation du diable, et ne voulait que me corrompre. Je lâchais mon crucifix, je ne devais pas oublier que c’était les siens qui avaient massacré ce qui était jusqu’alors ma famille. Ils avaient ruiné sans remord mon existence, et notre cérémonie la plus sacrée. Je tournais la tête pour mieux fixer le vide, je ne devais plus le regarder. Mais je vis un peu mieux la décoration, tout était si luxueux, un luxe ostentatoire, bien loin des briques nu du monastère. Ce simple fauteuil était plus confortable que mon lit. J’avais besoin de réponses. Allait-il me tuer ? Allait-il me torturer ?

« Qu’allez-vous faire de moi ? »

Dans ma voix perçait ma crainte, j’avais toujours vécut selon les préceptes sacrés. Assister à l’office, étudier les textes le tout dans un silence religieux, et puis bien entendu participer au sabbat. Je ne connaissais rien de l’extérieur, rien que ce qui était écrit dans les textes. Et là, rien ne cadrait. La porte s’ouvrit, et je tournais vivement la tête, m’attendant à moitié à voir un démon entrer, mais à la place ce fut une odeur délicieuse, comme je n’en avais jamais senti. Un repas complet fut servi sur la table, et je me rendis compte à quel point j’avais faim. Aucun de ses mets ne m’étais connu. Et s’il me droguait ? J’étais totalement perdu, les miens venaient de mourir, et j’étais tranquillement installé dans un fauteuil, un vampire et pas n’importe lequel. Gackt, celui qui avait apporté le mal, m’offrait un repas. Etait-je déjà damné ?

Invité

Le don d'hypnose avait peut-être fonctionné sans que je le veuille car dès que j'eus posé les yeux dans les siens, il sembla me regarder avec une intensité toute particulière, à la fois enfantine et craintive. Il répondit à ma question presque aussitôt avant de se renfermer et je sentis son esprit se refermer à ma lecture simple. Cet homme étrange aux traits parfaits portait le nom de Mana. Une nouvelle fois je me tournai vers lui. Son esprit ne s'était en fait pas fermé, en tout cas seulement pendant quelques secondes car déjà je ressentais la peur qu'il éprouvait envers moi et envers ce qui avait été fait au monastère dont il sortait. La méthode qu'avait employé mes vampires ne me plaisait pas, les massacres n'étaient qu'une façon d'attiser la haine des mortels envers nous alors que je voulais que nous cohabitions en harmonie. Je m'installai donc dans le fauteuil face à lui et une petite table fut dresser près de mon invité de sorte qu'il puisse manger en restant assis là où il se trouvait.

« Je ne te tuerais pas...pas plus que je ne torturerais. Je n'avais même pas l'intention de te garder avec moi avant que je ne te vois... »

Je me connaissais bien. Au fil des années, j'avais appris à comprendre comment je fonctionnais, ce que j'aimais particulièrement beaucoup et tout le reste. Mon principal défaut était de tomber amoureux beaucoup trop souvent. Mais qu'y pouvais-je ? J'étais quelqu'un qui ne pouvait vivre sans donner d'amour et sans en recevoir. J'avais découvert cette particularité depuis que j'étais vampire, dans ma vie mortelle, jamais je n'aurais pu un seul instant tomber amoureux de quatre ou cinq personnes à la fois. Même si j'étais libertin, jamais je ne m'étais laissé aller à ce genre de choses. Et j'avais sans doute raté beaucoup. La vie mortelle a probablement joué dans ce concept car elle est courte et qu'il est difficile de se retrouver avec plusieurs aimés de cette façon. L'éternité change la donne. Tellement.

« Mais quand j'ai vu ton visage, je n'ai pu m'empêcher de vouloir te garder à mes côtés. »

Je lui fis un signe pour qu'il commence à manger et je le regardai faire tranquillement. Ses gestes fins et graciles, les plis de sa robe frémissant à son appréhension. Il pensait que j'étais le Diable. L'étais-je vraiment ? Je ne m'étais jamais senti comme tel. Et j'étais loin de me considérer comme tel. Je lui souris avec gentillesse pour le rassurer.

« Je ne suis pas le Diable et tu n'es pas damné, tu auras le choix de rester ici ou de partir. Bien que j'aimerais que tu choisisses de rester, je ne te l'imposerais pas. J'aimerais apprendre à te connaître Mana... »

Invité

« Partir ? Pour aller où ? Je ne sais même pas comment je suis arrivé ici, et tous les miens sont morts. »

« Il n’y a rien à savoir de moi, rien de plus que mon apparence. »

Invité

Les pensées de mon invité étaient froides et dénuées de la moindre motivation presque. Il croyait dans le Dieu auquel on lui avait demandé de croire dès son enfance et il l'avait servi avec dévotion en tant que jolie poupée de sacrifice depuis lors. Une poupée dont on abusait sous couvert d'une offrande innocente et pure à ce Dieu qui n'existait pas plus que celui de la Terre d'où je venais. Moi, libertin, je ne croyais pas en ces choses et n'y avait jamais cru même si j'avais reçu mon baptême et effectué ma communion et ma confirmation comme n'importe quel enfant de mon époque. Mes lectures par la suite m'avaient ouvert les yeux et mon passage dans le monde de la nuit et de l'éternité n'avait fait que confirmer le fait que rien était là. Le monde se dirigeait seul en bien ou en mal. Les hommes étaient les seuls à pouvoir changer quelque chose à leur existence.

Mana n'avait aucune volonté, aucune liberté, il ne semblait même pas vraiment ce ces mots pouvaient signifier et ça m'était difficile à accepter. Je ne rêvais que d'une chose à présent : lui inculquer une culture et une éducation qui lui permettre d'exister en tant qu'être humain. Je le regardai manger avec attention, il aimait la nourriture et j'en étais déjà rassuré.

« Tu pourras rester ici...mais en échange j'aimerais que tu acceptes de suivre l'enseignement que je te donnerais. Il te faudra apprendre à penser et réfléchir, avoir des opinions et des goûts personnels. Je veux que tu deviennes Mana, quelqu'un à qui je puisse demander d'en savoir plus sur lui. »

Je croisai les jambes dans le fauteuil face à lui et croisai les mains dessus en le regardant. Je n'avais jamais été plus sérieux et je savais que ce jeune garçon le méritait. J'avais envie de l'aider à se sentir bien, à se sentir heureux. J'avais envie de le voir sourire un jour. Un magnifique sourire sur un visage pâle encadré par des boucles somptueuses. Mana était beau et j'étais tombé sous le charme en le voyant à genoux devant moi alors que je lisais ses pensées aussi simplement que je lisais un livre. Son âme était pure, belle et innocente et son corps pouvait répondre aux même qualificatifs.

« Mana, si tu restes ici, tu seras nourris et logé. Tu n'auras plus d'inquiétude à avoir, tu seras libre... »

Je lui souris légèrement en me redressant pour lui tendre la main avec bienveillance. J'avais déjà de merveilleux projets pour cet enfant. Si tant es qu'il me laisse goûter à son sang lorsqu'il sera préparer psychologiquement. Je lui laisserais le temps mais il faudrait que je lui en parle également, il devait bien se douter de ce que j'étais et je choisis de commencer par là.

« Sais-tu ce que je suis Mana ?...Et de quoi je me nourris ?... »

Rien n'était à craindre dans mon regard ou mes gestes et je m'obligeais à avoir l'air encore plus doux qu'en tant normal pour ne pas l'effrayer. Il n'avait pas à avoir peur de moi et je me maudirais s'il se mettait à me craindre.

Invité

Rester ici. Profiter du confort, de la nourriture délicieuse. Découvrir un monde dont j’ignorai jusqu’aux règles. Diamétralement opposé à celui que je quittais. Cela était délicieusement tentant, pourtant je savais qu’en faisant cela, en acceptant cette proposition j’allais à l’encontre total de ma religion. Je me fourvoyais dans l’antre du démon. Et pourtant c’était là un bien étrange démon, qui me proposait un enseignement, qui me demandait de penser, et de ne pas simplement, être là. Des goûts personnels, tout cela m’était totalement étranger. Toute cette nouveauté m’étourdissait. Mais le mot qui me décida, fut « libre », le concept de la liberté m’effrayait autant qu’il m’attirait. C’était un blasphème. Liberté d’aller où je veux, de voir qui je veux, de voir le monde extérieur. Tout cela me terrifiait. Mais en voyant tout cela s’offrir à moi, je compris que la vie au monastère avait été rude. Sans point de comparaison, je ne pouvais l’imaginer, en voyant tout ce faste, je commençais à comprendre.

Nourri et loger, j’ai toujours été nourri et loger. Mais là c’était différent, je savais déjà que si j’acceptais mon lit n’aurai rien de la paillasse que j’avais jusqu’alors. J’avais envie de pleurer, pas la perte de mon monde, je me sentais complètement dépassé. Je le vis tendre la main vers moi, si je la saisissais, je faisais de lui mon sauveur. Et j’avais terriblement envie de la saisir, j’étais un naufragé en pleine tempête, et sa main était mon rocher. Je levais la mienne, tremblante, pour la saisir, même à travers mon gant de soie je pouvais sentir la fraîcheur de sa peau. Ses questions me perturbèrent, car admettre que je le savais annihilait toute possibilité de rédemption, et pourtant, ce maître là me paraissait bien plus miséricordieux que mon Dieu. Si cruel dans ses punitions, ni sévère dans son culte. Nulle récompense n’était mentionnée, mais si l’ont s’accordait on évitait les tourments de l’enfer décris dans les livres sacré avec un luxe de détail proche du sadisme. Assez pour terroriser n’importe qui.

« Un vampire, et vous vous nourrissez de sang. »

J’en vins soudain à en craindre pour ma vie, et si ses belles paroles n’étaient qu’un enchantement, me faisait-il douter volontairement de ma foi par amusement. Si je m’étais retrouvé dans ce rôle d’offrande, c’est parce que ma mère s’offrait à un vampire alors enceinte de moi. D’après les écritures je naissais impure, et mon père m’avait confié au monastère pour mon propre Salut. S’il me mordait, il me damnerait. Ou peut-me tuerait-il ? Il m’avait assuré que non, mais quelle preuve avait-je ? Je ne pouvais renier si facilement tout ce que j’étais. Ma main toujours dans la sienne, je croisais à nouveau son regard.

« C’est mon sang que vous voulez ? »

Etais-je encore cela ? Une simple offrande, après avoir été offert au Dieu, me voilà offert au Diable. Le Diable ne prendrait certainement pas la peine de me faire boire une décoction avant de prendre son dû. Et pourtant, bien que mon passé me dicte cela. La douceur qui émanait de lui me paraissait trop réel pour que je l’imagine se transformer en monstre vorace. Ce serait donc la contrepartie à ce nouveau monde, mon sang, contre une vie rêvée. Et après la vie aurais-je le droit aux flammes de l’enfer ? Agoniserais-je indéfiniment ?

Invité

Comme je l'avais supposé, beaucoup de choses se passaient dans l'esprit du mortel qui se trouvait face à moi. Et la peur s'empara de lui quand je lui demandai s'il savait qui j'étais. Impossible de revenir en arrière maintenant mais je ne voulais pas qu'il continue à avoir peur de cette façon, ni d'aucune autre. Je serrai doucement sa main quand il accepta cependant de me la donner. Le mot 'libre' avait semblé vibrer à l'intérieur de lui et je savais qu'il n'avait jamais connu une signification réelle à ce mot. Ce qui était plutôt étrange, surtout pour moi qui avait prôné cette idée depuis ma vie de mortel.

Je le regardai dans les yeux en me penchant un peu plus vers lui. Il savait ce que j'étais, c'était une chose très claire pour lui et il savait aussi de quoi je me nourrissais, voilà une chose que je n'aurais pas à lui apprendre car ce genre de révélation avait le don de glacer le sang de mes vis-à-vis, ce que je détestais outre mesure.

« Seulement si tu acceptes de me faire confiance. Je ne te tuerais pas, un autre mortel est dans le même cas que toi et il me demande lui-même de le mordre parfois. Vous pourriez être ami ? »

Ami. Que n'avais-je pas dit là. Je connaissais pourtant bien Kousei et je ne pouvais imaginer une seule seconde que lui accepte d'être ami avec un autre mortel dont je serais amoureux. Il avait même fait fuir le dernier en date, il y a quelques mois et j'avais du sévèrement le punir pour qu'il ne renouvelle pas l'expérience. J'espérais cependant du fond du coeur qu'il ait compris mes motivations et qu'il essaiera de faire des efforts avec Mana. Si tant est que Mana accepte de rester et de m'offrir son sang.

Je le regardai un instant avant de me lever, l'attirant contre moi avec une infinie douceur. Sa taille était si fine et fragile, engourdi dans cette robe corsetée blanche. La fragilité d'un petit ange, d'une poupée...une poupée qui devrait apprendre à penser et à réfléchir. Mana, tout en lui me subjuguait et je me voyais déjà le plus malheureux de la terre s'il refusait de m'accorder sa confiance. Je glissais une main douce sur son cou, caressant de l'index sa jugulaire trépidante. Sa chevelure noire remonté en un chignon négligé d'anglaise. Le transport par la bande de brute l'avait un peu décoiffé mais il n'en était que plus ravissant.

« Mana, tu peux me faire confiance... »

Doucement, je plongeai ma tête dans le creux de son cou. Je n'avais pas l'intention de le mordre déjà, je voulais sentir son odeur, ni trop douce, ni trop amère. Je ne voulais pas le brusquer, Mana...s'il avait peur de moi, si je ne gagnais pas sa confiance, j'en mourrais peut-être ? Que ce sentiment d'amour était bon, se désespérer pour quelqu'un était le meilleur de tous les sentiments que j'avais pu connaître à travers la vie et les siècles. Je serrai doucement sa taille contre moi et l'entrainai dans une danse lente où je le guidais. La musique nous enveloppait d'un spectre fantomatique. Mana, aimes-moi je t'en prie.

Invité

Si je lui faisais confiance, alors il me mordrait ? Un autre était présent, combien en avait-il ? Un harem tout entier. L’autre lui demandait de le mordre, je ne comprenais quel plaisir y avait-il à cela ? N’en souffrions-nous pas ? N’étions nous pas affaiblis par cet acte ? A dire vrai, je découvrais à peine la notion de plaisir, mon seul plaisir était mes robes, rien d’autre. Je venais de découvrir celui de bien manger, et de jouir d’un luxe inattendu. Des plaisirs qui paraissaient normal ici. Je préférai ne pas répondre, être ami, je connaissais le mot, mais le concept autour restait flou. Quelqu’un avec qui parler ? Serai-je seulement capable d’éprouver quoique se soit ? J’étais tellement habitué à regarder tout avec indifférence, les moines et leurs occupations, il n’y avait que la foi qui m’avait animée jusqu’alors, et je commençais à en discerner les limites.

Je sentais que son regard ne me quittait pas, il guettait sans doute une réaction, mais mon visage resterai de marbre, quand bien même mes pensées étaient en ébullition. Ma main toujours prisonnière de la sienne, je ne songeais pas à l’enlever. C’était mon lien tangible avec ce qu’il m’offrait. Lui s’était redressé, et m’observait de toute sa hauteur, j’aurai aimé savoir ce qu’il pensait. La peur que j’éprouvais à son égard me paraissait stupide, il paraissait si doux, et ne semblait vouloir que mon bien, en contre partie d’un peu de mon sang. Mon Dieu réclamait mon corps et mon inconscience pour la même chose. Je me relevais lorsqu’il m’y incita, tout contre lui je pouvais mieux observer son visage aux traits parfaits, délicat. Je senti sa main glisser contre mon cou avec la légèreté d’un courant d’air, mon cœur rata un battement.

Je pouvais lui faire confiance, il paraissait tellement désirer que je lui accorde cette confiance. Je sentais son souffle contre ma gorge, et attendait avec anxiété, de sentir la douleur aiguë de ses dents perforant ma chair. Mais rien ne vint, son autre main posée sur ma taille, m’invitait à me rapprocher, et il m’entraîna dans une valse tourbillonnante. Cet instant avait quelque chose pour voir de féerique. Il avait quelque chose de princier, son bras qui m’entourait me paraissait protecteur, plus rien ne me paraissait menaçant, et je ne pouvais mettre cela sous le compte d’une quelconque hypnose, puisqu’il ne me regardait plus. Son souffle faisait courir de légers frissons qui remontaient le long de ma colonne. Je fermais les yeux, m’abandonnant à cet instant. Jamais je n’avais appris à danser, et pourtant c’était en moi, comme si on me criait que j’étais fait pour cette vie. Qu’elle m’ouvrait largement les bras.

« Je veux vous faire confiance, apprenez moi. »

J’avais chuchoté cette phrase, sans même y réfléchir, sans même ouvrir les yeux. Je posais ma tête contre le creux de l’épaule. Je voulais apprendre, tout ce qu’il avait à m’apprendre, la confiance, et la philosophie, l’amitié et les sciences, l’amour et la littérature. Je me sentais bien, en paix, pour la première fois à ma connaissance. Je n’avais jamais réfléchis à mon état, je ne m’étais jamais demandé si j’allais bien. J’allais et venais sans conscience du reste. M’offrais en l’échange d’une rédemption, d’un pardon pour ce qui n’avait pas été ma faute. Un monde de liberté s’ouvrait à moi, et je voulais le découvrir, savoir, pouvoir lire des mots qui ne soient pas ceux des textes sacrées. Lire tous ses livres interdit par ma religion, les romans étaient considérés comme blasphématoire, les livres d’histoire comme des spéculations impies. Au diable mon âme, il m’offrait tellement plus.

Invité

La folie m'avait envahie pour une simple danse. La folie ?...Plutôt l'amour. Et je sentais les craintes de mon adorable brun se dissiper en même temps que les pas que nous faisions. Je le guidais et il suivait, aussi naturellement que s'il avait fait sa toute sa vie. Il était parfait et sa robe voletait contre nous à chaque tours que j'imprimais à nos mouvements. La grâce émanait de cet être froid mais son regard l'était de moins en moins. Succombait-il pour moi lui aussi ? Je n'espérais que ça. Non par ego...ou peut-être que si, un peu. Mais qu'est-ce qui rendait plus heureux que les premiers instants d'un amour réciproque ?

Ses mots ne firent que confirmer ce que je pouvais imperceptiblement lire en lui. Il voulait avoir confiance. Il voulait que je lui apprenne. Je lui apprendrais tous le savoir que je serais capable de lui enseigner, je me le jurais. Mes pas s'arrêtèrent lentement alors que je le serrais toujours contre moi, sa taille était si magnifiquement mis en valeur par son corset que c'était un plaisir de l'enlacer comme je me le permettais. C'était bon de sentir son cœur battre légèrement plus fort. A peine. Un humain n'aurait su le déceler mais je le sentais. Je sentais son cœur commencer à battre pour moi. Je levai les yeux vers lui, son parfum m'envoûtait en plus de son âme et son regard m'hypnotisa un moment, si sévère et pourtant demandeur de tant de choses, de savoir, de culture, d'envies et de goûts.

Il succombait. Je le sentais fragile entre mes bras et je ne pus m'empêcher de venir poser mes lèvres sur les siennes avec douceur. Impossible de savoir s'il me repousserait. Peut-être, je venais à peine de le rencontrer après tout mais l'envie avait été plus forte que moi et s'il me faisait confiance, il en avait autant envie que moi. Les battements de son cœur parlaient pour lui.

N'aies pas peur Mana...je t'en prie...je crois que je suis tombé amoureux de toi, ne m'en veux pas. Je ne te ferais jamais souffrir et t'offrirais tout ce que tu désires et que tu as un jour désiré...sois à moi...mon Adoré. S'il-te-plait...

Mes lèvres glissaient contre les siennes, son esprit avait du recevoir mes paroles. Continuerait-il dans cette voie qu'il souhaitait découvrir, avec moi, avec mon aide. Mana un être de lumière ayant grandis dans un monde de ténèbres et qui évoluerait dans les ténèbres s'il acceptait ma proposition. Un monde de ténèbres qu'il pourrais éclairer de toute sa fraîcheur et de toute sa lumière. Il pourrait éclairer mon chemin dans l'avenir. Tant qu'il le souhaiterait ainsi.

Invité

Doucement la danse s’acheva, je me sentais étrange, une chose que je n’avais jamais ressenti avant sur laquelle je n’avais aucun mot à mettre. Je croisais le regard de mon nouveau maître, un regard qui me dévorait, mais ce n’était pas de la concupiscence, non c’était autre chose, comme s’il était subjugué, subjugué comme je l’étais moi-même par cet être. Il me serrait contre lui, comme si j’étais une chose précieuse et je n’avais pas la moindre envie de rompre l’étreinte. Tout était si différent, je n’imaginais pas jusque là pouvoir ressentir quelque chose, c’était si nouveau, pas plus que je ne songeais que l’ont puisse poser un regard tel que le sien sur moi. Il se pencha vers moi, et mon cœur rata un battement.

J’ignorai tout des choses de l’amour, mais instinctivement je fermais les yeux. Son baiser me parut pure, et dans mon esprit raisonna sa voix, me faisaient de douces promesses, m’annonçant son amour. Comment pouvait-on aimer après une seule heure ? M’appelait son adoré. Je n’avais adoré que Dieu, comment pouvais-je devenir l’adoré de quelqu’un. Je me laissais envahir par la douce chaleur que provoquait son baiser, le délicieux engourdissement qui parcouru mes muscles. Puis soudain je compris que si je ne l’arrêtais pas, il irait plus loin, et plus loin je craignais d’y aller, j’étais ignorant de toutes ses choses, mais je savais qu’il voulait aller trop vite. Je rompis le baiser à contre cœur.

« Je suis désolé, mais vous allez trop vite pour moi… »

Je quittais son étreinte et reculais de quelques pas. C’était mon premier baiser, personne jusqu’alors n’avait posé ses lèvres sur les miennes. Mon regard fuis le sien, il me fallait du temps pour m’habituer à tout cela. Il me promettait la lune, m’offrait des promesses d’amour, et me demandait d’être sien, je savais que n’importe qui à ma place, profiterait de sa chance, et se laisserait guider par lui, tout conscient de sa douceur. Je ne le pouvais pas, ma pudeur me l’interdisait, tout autant que les derniers reliefs de la religion qui m’était cher. J’avais déjà confiance en lui, je le savais au plus profond de moi, chacun de ses mots étaient la vérité, peut être étais-je fou, mais je voulais croire en ce qu’il disait. Mais si ma confiance lui était acquise, il devrait attendre pour le reste.

« Vous dîtes m’aimer, mais cela ne fait qu’une heure que nous nous connaissons. Il vous faut bien peut de temps maître Vampire. Mon seul amour jusqu’à cette heure fut mon Dieu, laisser moi le temps de me faire à sa trahison. »

Car oui, je le vivais ainsi. Il m’avait dépossédé de ma vie, il m’avait tout pris, une existence normale, mon libre arbitre, il m’avait presque dépouillé de toute humanité. Je lui en voulais, je lui en voulais d’être sans aucun doute les élucubrations d’une religion perverti. De m’avoir menti sur le monde, et sur ce qui le composait. Il me fallait du temps, et j’espérai, que mon nouveau maître saurait se montrer patient.

Invité

Le sang que j'avais bu un peu plus tôt réchauffait légèrement ma peau et mes lèvres par la même occasion. Elles étaient cependant plus froides que celles d'un humain et je ne perçus aucune remarque par rapport à cela dans les pensées de Mana. Non, au lieu de ça, je tombais sur des pensées plus profondes et intimes. Je lui offrais son tout premier baiser. Mon Adoré aux longues mèches brunes était vierge, si l'on oubliait les cérémonies auxquelles il avait participé pendant des années au monastère. Non...il était vierge d'Amour, sous toutes ses formes et surtout les plus profondes. Les sentiments. Et je sentais sa peur quant ce qu'il pouvait ressentir. Je le sentis alors se reculer vivement en me repoussant. Je le laissai faire. J'allais trop vite, il m'en informa lui-même et je respectai cela même si cela éveillait en moi un amour encore plus fort.

A mon tour je reculai de quelques pas et baissai doucement la tête en guise d'assentiment. Lui faire peur était bien la dernière de mes volontés et qu'il me déteste me serrait insupportable. Son explication était un peu confuse mais j'en compris le sens. Il n'était pas habitué à ce genre de sentiments. Le seul qu'on lui avait dit d'aimer était son Dieu. Un Dieu qui n'avait pas l'air très glorieux. Je n'étais pas un érudit sur les religions de mon univers bien que je connaisse beaucoup de chose sur celles de la Terre dont je venais. Bien évidemment, le christianisme terrien avait été à l'origine du culte dont Mana avait été l'objet mais il avait été dénué de sens et son message avait été perdu. Mana n'en savait rien, je le lui apprendrais autant que je le pourrais. Je ne lui demandais pas de renier Dieu. Du moment qu'il avait les pensées claires...

« Je comprends tes sentiments, le message de Dieu que tu vénérais ici était détourné. Mais ne pense pas qu'Il t'a trahi. Si tu crois toujours en Lui, sache qu'Il n'est que miséricorde et amour. C'est là le message premier, le message originel de Dieu. »

Je lui souris légèrement et me réinstallai dans le fauteuil face au sien. Croyant ? Je l'étais. D'une certaine façon. Autant qu'un vampire peut l'être à vrai dire car l'éternité remet en cause beaucoup de chose dans la philosophie chrétienne. Je dû m'adapter et ma connaissance historique pu m'aider dans cette tâche sans qu'elle ne me rende fou.

« Pour ce qui est de mon Amour pour toi...je suis désolé si je te fais peur. Mais je fonctionne ainsi, j'ai souvent ce qu'on appelle le « coup de foudre ». Et étant vampire, je peux rapidement savoir si l'âme me plait autant que le physique. Comprends et acceptes mon Amour s'il te plait... »

Je le regardai, les mains croisées sur mes genoux, croisés également. Le pli du pantalon de mon costume trois pièces était impeccable et je ne pouvais m'empêcher de regarder encore et encore toutes les courbes qu'offraient la tenue de Mana. Cet homme était splendide et sa grâce naturelle. Son calme était stupéfiant et son maintient parfait. Son éducation semblait relever de celle des demoiselles de mon époque de mortel et je l'appréciais réellement dans un corps qui semblait aussi parfait que le sien.

Ainsi, j'irai à son rythme. Je ne le brusquerai pas et je ne l'effrayerai pas. Nous avions bien assez de choses à faire pour le moment sans penser à consommer un Amour qui pour le moment semblait à sens unique. Soit, je sentais qu'il m'appréciait. Mais je ne pensais pas qu'il était déjà tombé amoureux de moi. Il lui fallait plus de temps et j'aurais la patience d'attendre. Je lui enseignerai l'histoire et la théologie, la philosophie et même la biologie s'il le souhaitait. Je prévoyais déjà tant de chose pour cet être qui pourrait devenir vraiment exceptionnel.

Invité

« Je l’accepte, mais ne me demandez pas encore de le comprendre. »

« Que me conseillez-vous ? »

Invité

Mon bel humain ne sembla pas vouloir s'asseoir. Je me contentai de le regarder avec plaisir et admiration et il l'avait remarqué mais ça ne le mettait en aucune façon mal-à-l'aise. Mana était vraiment quelqu'un de spécial. Il avait une éducation qui semblait parfaite et pourtant son esprit ne cachait rien de ses pensées. En apparence, il ne montrait rien. Il avait ce calme et cette bienséance d'une belle demoiselle de bonne famille. Il parlait peu, et se tenait bien. Mais le silence et l'effacement qui étaient souvent la contrepartie néfaste de cette éducation flanchait car je pouvais lire dans ses pensées. Et elles étaient riches, fabuleuses et curieuses.

Debout, il commençait à marcher dans la pièce, jusqu'à poser les yeux sur une des milles bibliothèques de ce manoir. Il s'en approcha alors que son esprit ne pensait déjà plus à l'amour que je lui portais mais à tout le savoir que je pouvais lui donner. Et il n'avait pas tort. Une soif de connaissance s'était éveillée en lui sans que je ne le veuille spécialement mais cette soif pareille à la mienne m'excitait énormément. Je me relevai vivement pour m'approcher de lui et je parcourus les rayonnage. Les ouvrages sur la religion étaient bien trop conséquent pour commencer par cela, et je préférais d'abord l'instruire sur l'histoire des religions avant de lui donner des livres d'auteurs. Pour se forger sa propre opinion, il fallait d'abord avoir un minimum de connaissance des faits auparavant.

« Nous aborderons la religion ensemble...je vais plutôt te conseiller quelque chose qui puisse ouvrir ton esprit... »

Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres alors que mon regard se posait sur l'ouvrage parfait. Je posai une main sur l'épaule de mon cher ami et j'attrapai le livre de ma main libre. Candide de Voltaire. Un ouvrage sur la liberté et sur l'acquisition de la connaissance. La naïveté pure qui peut être à la fois un atout et un inconvénient. La dénonciation de l'esclavage au sens péjoratif du terme. Certes les gens considérés mes deux mortels comme des esclaves...mais l'étaient-ils vraiment alors qu'ils avaient une complète liberté de mouvements et de pensées ? Je ne les considérais pas comme tel. Ils étaient là de leur plein gré et pouvaient partir comme ils le souhaitent. Non, la seule contrainte était de me fournir un peu de sang et encore, je pouvais très bien me nourrir de criminels en ville quand la pulsion meurtrière de ma race me démangeait.

J'entrainai Mana vers un sofa près de la cheminée et le fis asseoir près de moi alors que j'ouvrais le livre illustré. Je lui en racontai alors l'histoire principale et les thèmes dont Voltaire traitait pour qu'il n'entre pas dans le livre comme un novice. Il lui fallait comprendre de façon générale pour mieux assimiler les détails par la lecture. Son esprit grand ouvert ne semblait attendre que ça et c'était avec plaisir et enchantement que je lui expliquai tout ça. Je sortis enfin un petit carnet encore vierge de mon veston avec un stylo brillant noir avec pour le lui tendre.

« Note toutes les questions qui te passent par la tête au cours de ta lecture, nous en discuterons lorsque tu auras terminé... »

Je lui souris légèrement en le relâchant. Je ne voulais pas qu'il se sente étouffé par mon amour que j'avais appris à maitriser depuis les siècles.

Invité

« Merci Maître. »

Invité

Mon petit cadeau sembla lui faire plaisir. Ce n'était qu'un carnet accompagné de son stylo mais il semblait déjà y attacher une grande importance. Plus je lui offrirais sans doute plus, je le voyais déjà arborant une rivière de perles blanc nacré à son cou pâle. Le contraste avec le noir ébène de ses cheveux seraient éblouissant, je n'en doutais pas et je me l'imaginais très bien. Il ne mit pas beaucoup de temps à prendre sa décision et commença sa lecture immédiatement. J'en profitai pour prendre moi-même un livre et lire à ses côtés. Je sentais son esprit en ébullition. Les questions germaient et bourgeonnaient comme un printemps en fleurs. Je ne pouvais m'empêcher de sourire légèrement à cette constatation. Son esprit s'ouvrait à une vitesse incroyable mais les limbes du sommeil le surprirent avant même qu'il ne puisse terminer son ouvrage.

Je le sentis lutter un moment avant de sombrer dans un sommeil profond. Sa journée avait été éprouvante, je m'en rendais compte maintenant et j'aurais sans doute mieux fait de l'amener à sa chambre plus rapidement mais mon envie de passer un peu de temps avec lui m'avait aveuglé.
Je me relevai et pris le livre d'une main avant de les glisser sous le corps de mon mortel Adoré. Je le soulevai et le serrai contre moi. Il était temps de le déposer dans sa chambre et dans le lit douillet qui lui appartiendrait désormais. Je gravis les escaliers menant à l'étage et ouvris la porte d'une chambre de taille moyenne mais luxueuse. Un lit à baldaquins en était l'objet central, il était recouvert d'une parure de draps et de coussins pourpre. Les tentures qui dévalaient l'armature de bois étaient d'un blanc laiteux à demi transparent orné de fleurs de cerisiers pourpres également. Une table de nuit, une coiffeuse et une gigantesque armoire étaient disposées dans la pièce dans le même style que le lit. Tout s'accordait à merveille.

Mana aurait bien entendu la liberté d'agencer et de décorer sa chambre à sa convenance à partir de maintenant. Il était à présent chez lui et il avait les droits que l'on pouvait avoir chez soi.

Je le déposai entre les draps, caressant son doux visage au passage, contemplant une dernière fois cet être qui m'avait fait chavirer en si peu de temps. A vrai dire, c'était toujours de cette façon que je tombais amoureux, je le savais. Et je comprenais à quel point cela pouvait perturber les élus de mon coeur. Je fini par déposer le livre, le carnet et le stylo sur la table de chevet. Je me penchais pour embrasser son front avec douceur.

« Reposes toi bien, Princesse... »

Je me relevais. Il était temps de rejoindre ma chambre également, le jour ne tarderait pas à se lever maintenant.

FIN.

» Gackt - The One
» Entrevues # Gackt
» Je brûle ! || Gackt.
» Sortie Nocturne [Pv Gackt]
» Quand la brume se dissipe ... [Gackt]