Quand la brume se dissipe ... [Gackt]

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L'odeur du sang et de la mort n'arrivait pas à quitter mes narines même maintenant que nous étions loin des souterrains de mon clan. Je n'avais pas compris ce qu'il se passait lorsque les cris de mes ... frères ... s'étaient mis à résonner dans tout le bâtiment, jusqu'à ce que j'entende mon créateur m'appeler et me supplier de lui venir en aide... Des choses me revenaient en mémoire, des nuits que j'avais passé à pleurer, à implorer qu'il me soigne, qu'il me nourrisse, qu'il me libère... Parfois même simplement qu'il me donne un coussin tant la froideur du sol me devenait insupportable. Mais en ce temps là, il ne faisait que rire, et se détournait de moi. Aujourd'hui les rôles s'inversaient, et comme lui auparavant, je n'avais aucune envie de faire un effort pour le secourir, et je le regardais se faire massacrer par ces autres vampires que je n'avais jamais vu jusqu'à présent. Lui comme tout les autres n'avaient aucune chance face à leurs adversaires, même en sortant les crocs... Je regardais les humains s'enfuir par toutes les sorties, un léger sourire peint sur mes lèvres glacées. Ceux là, au moins, retrouveraient la lumière. J'ignorais qui étaient ces immortels libérateurs d'humains, mais je me réjouissais de ne plus avoir de ces faibles créatures pour repas maintenant qu'ils étaient tous dehors...
D'ailleurs, je commençais à me demander comment j'allais me débrouiller sans le clan, lorsque deux des puissants chasseurs s'approchèrent pour me faire mettre à genoux. Le plus fort allait me planter sans attendre, mais l'autre lui rappela que je ne m'étais pas défendu, et que, par conséquent, j'aurais la « vie » sauve. Je ris doucement, les laissant m'emporter je ne sais où. Je ne m'en souciais pas vraiment, où que ce soit, ça ne pouvait pas être pire qu'ici, que toutes ces années où il m'avait fallu endurer mon maître, puis mon créateur. Une seule et même personne qui à présent n'existait plus. Étrangement, je me sentais libéré d'un poids tellement énorme qu'aucune inquiétude ne pouvait venir troubler ma tranquillité d'esprit. Je les suivais sagement, et ils furent tellement surpris qu'en fait, ils ne me menottèrent même pas, alors que l'un d'eux avait visiblement prévu cette option.

Les yeux bandés, je me laissais conduire jusqu'à un véhicule et après quelques longues minutes de trajet, ils me firent descendre pour m'amener à l'intérieur d'un bâtiment. Il m'était impossible de voir mais en étudiant les sons, et la sensation du sol sous mes pas, je reconnus que nous traversions le hall de ce qui semblait être une demeure immense. Comme un hall d'hôtel, et mes souvenirs d'enfant essayaient de remplacer les images qu'ils manquaient à mon esprit. Ce ne pouvait pas être un endroit qui m'ait été connu par le passé, en huit ans, je n'avais pas beaucoup voyagé il faut dire...
Finalement, une porte grinça, et en bas j'entendais les plaintes d'autres personnes ... d'autres prisonniers. Ils n'étaient pas nombreux, je pouvais le sentir. Mais il s'agissait d'une prison souterraine. Dans quel genre de maison avais-je atterri ? Je gardais le silence, jusqu'à entendre que l'on ouvrait la porte d'une cellule dans laquelle ils me firent entrer. Je penchais légèrement la tête en avant pour les laisser me retirer le bandeau de tissu noir. La cellule dans laquelle je me trouvais était bien cent fois plus luxueuse que celles que j'avais pu habiter lorsque j'étais enfermé en tant qu'humain de combat ... et j'allais m'asseoir rapidement sur la couchette afin d'attendre la suite des évènements... le jour pointait, je n'avais plus qu'à dormir, et attendre.

Le lendemain soir, je m'éveillais dès que je sentis du mouvement dans la demeure. Au dessus, je pouvais sentir des mortels aller et venir. Ils semblaient libres... En fermant les yeux, je pouvais presque deviner à quoi ils ressemblaient, et voir leurs visages reposés, propres, et plutôt souriants. Rien de ce que j'avais pu connaître ces seize dernières années en tout cas.
Un vampire vint m'avertir qu'un certain « Maître Gackt » passerait me voir dans quelques minutes. Je me contentais d'acquiescer doucement, gardant le silence que je leur avais montré depuis qu'ils m'avaient arrêté et mené en ces lieux. Le nom de Gackt ne m'était pas inconnu mais j'avais du mal à me concentrer suffisamment pour réunir tout ce que j'avais pu entendre à son sujet... Une chose était certaine, il était quelqu'un d'influent, et il allait décider de mon avenir à présent, si toutefois, j'avais encore un avenir ...

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Cela faisait déjà quelques jours qu'il était arrivé, me portant un message que je n'avais pas du tout apprécié. Le massacre qui avait été fait était digne d'une punition que je n'osais même pas imaginer. Je ne comprenais tout simplement pas pourquoi ils avaient agis ainsi. Hyde et Shinya. Je ne parvenais même plus à ressentir l'amour que j'avais toujours éprouvé mon premier fils et mon premier amour. Hyde avait agi avec une cruauté inimaginable et Shinya l'avait suivi. Et c'était moi qui avait créé des créatures aussi répugnantes et cruelles. Ils avaient massacrés un groupe de vampires, certes pas très malins, mais innocents. Et ils avaient clamés leur relation. Je serrais les dents en faisant offrir un gaspacho de sang au pauvre vampire qui avait pu en réchapper, un sorbet pourrait suivre s'il le souhaitait. Maigre consolation pour ce qu'il avait subit mais je ne pouvais racheter les crimes de mes fils. En étais-je responsable maintenant qu'ils m'avaient quitté d'eux-même ? Non certainement pas. Leur acte était tout bonnement impardonnable et je prenais ça pour une déclaration de guerre. Oh une guerre douce car je n'aimais pas la violence gratuite mais je devais agir en conséquence pour les empêcher de réitérer leur geste. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, ils n'étaient plus rien pour moi à présent que la colère avait pris le pas sur leur raison. Je n'aurais jamais cru ça de Hyde...

Je soupirai légèrement alors que mes idées s'éclaircissaient lentement. J'entrevoyais une solution et la réponse me fut presque apportée sur un plateau. J'eus des informations sur un clan de vampires utilisant les mortels comme des chiens et pour des combats. Je lançais ma troupe d'élite, ordonnant de ramener les vampires en prison et de les tuer s'ils étaient récalcitrants. Malheureusement, ils le furent tous. Excepté un. Un qui fut ramené dans mes prisons comme je l'avais ordonné. Il était sans doute différent et c'est ce qui m'avait donné la solution. Il fallait voir à présent s'il serait suffisamment digne de confiance. Je descendis donc aux cachots pour rejoindre la cellule du vampire.

Il était étendu sur la couchette et ne semblait pas mal-à-l'aise. Son esprit était incroyablement vide et cela me choqua un instant car je n'avais jamais rencontré un tel calme. Ce pouvait être un atout considérable. Je souris légèrement, je ne le voyais pas encore clairement...

« Bonsoir,...tu m'as l'air fatigué, je me trompe ? »

Un léger sourire. Ce que je voyais pour le moment me plaisait et je fis ouvrir la porte de la cellule pour venir m'installer face à lui. Je n'aimais pas parler avec quelqu'un à travers des barreaux. C'était d'une impolitesse prononcée et j'avais une sainte horreur de ça. Son esprit ne broncha pas, je n'y lisais toujours rien et je trouvais cela fascinant. Comment parvenait-il à fermer son esprit à un vampire ? Il n'était pas plus ancien que moi, alors comment ?

Le corps que j'entrevoyais paraissait incroyablement fin. Ce vampire m'intriguait énormément. Le poste que j'envisageais pour lui semblait être parfait pour lui pour le moment. Un espion. Pour surveiller les faits et gestes de Hyde et de Shinya. Qu'ils ne commettent pas plus de cruauté, si ce vampire pouvait les infiltrer et accéder à leur confiance...Pourrait-il faire cela ? Et me serait-il seulement loyal envers moi ? Rien n'était moins sûr et c'est ce dont je devais m'assurer pour le moment.

« Comment t'appelles-tu ? »

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Bien que la couchette sur laquelle je m'étais reposé n'était pas d'un confort luxueux très poussé, je me rendais compte que j'avais été rarement si détendu au réveil. Mon sommeil n'avait pas été troublé des nombreux cauchemars qu'il m'arrivait encore de faire, ni des cris des mortels enfermés dans les cages de nos souterrains, et pour cause, je les avais quitté, ces souterrains... Ici j'étais certes en prison, mais l'ambiance sereine et calme s'était répercutée sur mon esprit et je me sentais étonnamment bien, même si la fatigue pouvait encore se lire dans mes traits. En fait, elle se voyait toujours, j'avais été fait comme ça. Changé alors que je sortais à peine de ma vie de chien de combat. Sauvé de justesse d'une mort que je me serais causé en cessant de manger, ce qui avait fait de moi un vampire plutôt fin, pour ne pas dire maigre... Et même la transformation n'avait pu altérer tout les dommages causés sur le corps du gamin que j'étais.

En y repensant, cela faisait déjà six ans que j'étais vampire... Les années s'étaient écoulées bien plus vite que celles que j'avais passé en tant que mortel, peut être parce que mon niveau de liberté avait été quelque peu élargit ? Même s'il m'avait toujours été interdit de quitter le souterrain ou de prendre une décision par moi même. J'étais devenu l'un des dresseurs de chien, je les menais à la fosse où je les regardais se défendre pour leur vie comme je l'avais fait avant eux. Et plus d'une fois, alors que je me nourrissais de l'un des malheureux perdant, je finissais par le vider assez pour qu'il succombe et soit libéré de sa misérable existence. C'était un cadeau que je leur faisais, et que je regrettais si mon créateur le voyait. Mais ça, c'est autre chose.

Toujours allongé, j'avais refermé les yeux en attendant que le fameux « Maître Gackt » ne descende me rejoindre. Comme on me l'avait dit, il ne tarda pas et quelques minutes après qu'il m'ait été annoncé, j'entendais des pas dans le couloir de la prison, qui s'approchait jusqu'à s'arrêter devant ma geôle. J'ouvrais doucement les paupières, ne tournant pas encore la tête vers mon vis à vis. Je voulais d'abord sentir quel genre de personne il était.
Incapable de sonder les esprits, j'étais en revanche très doué pour ressentir l'aura des personnes. De l'empathie poussée peut être, je n'aurais su le dire. En tout cas, je sentais qu'il n'était pas malveillant, à l'opposé des trois quarts des vampires que j'avais connu jusqu'à présent. Je sentais également qu'il était âgé... bien plus âgé qu'aucun être que j'avais pu rencontrer... Cette constatation m'obligea enfin à lever les yeux vers lui alors qu'il déduisait sans mal que j'avais l'air fatigué. Je l'observai, ne répondant pas tout de suite pour le laisser entrer dans ma cellule et s'installer face à moi.

« Vous êtes en retard. Quelques années plus tôt vous auriez pu m'éviter cet aspect fatigué. »

Par politesse, je décidais de m'asseoir également, de sorte que nous pouvions être l'un pour l'autre une sorte de reflet. Le reflet de deux êtres défunts. Comment avait-il été changé, lui ? Quelle était son histoire ..? Ça ne m'intéressait pas vraiment. Je me souvenais ce que j'avais entendu à son sujet. Gackt était le premier... Le vampire le plus âgé de notre terre. Voilà pourquoi son nom ne m'était pas inconnu.
Mon aîné, semblait plus âgé que moi. Enfin je veux dire par la, qu'il avait été vampirisé à l'âge adulte, et pas en fin d'adolescence comme ça avait été mon cas. Sa carrure était de ce fait plus développée, et sa silhouette élégamment mise en valeur par des vêtements bien choisi. Rien à voir avec les jeans déchirés et autres loques que portaient mon maître tatoué à outrance. Ce Gackt avait l'air d'un noble. En tout cas d'une personne vivant dans le luxe, sans pour autant afficher un air trop prétentieux. Ça me plaisait assez. Dans ma carcasse vide résidait encore un certain sens du goût et j'aimais les tenues soignées, bien que j'en ai toujours été privé. Face à moi, j'avais donc le reflet de ce que j'aurais pu aimer être, vouloir être, mais cela faisait bien longtemps que je n'avais plus émis la moindre volonté.

« J'. C'est un beau nom, non ? »

Je le regardais, me posant une question.

« Pouvez-vous lire dans ma tête ? Ils ont essayé. Ils n'y arrivent pas. Mais vous n'êtes pas comme eux... Pouvez-vous, Gackt ? »

Je me levais pour approcher doucement, mon regard profond et vide plongé dans le sien encore si vivant, en comparaison ...

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Des images et des mots traversèrent son esprit furtivement. J'eus à peine le temps de prendre conscience que ces pensées provenaient de mon vis-à-vis mais au moins je savais que son esprit était loin d'être vide. Au contraire, sans doute se protégeait-il contre mon intrusion et au final c'était un moyen de défense qui était logique. Il était mon prisonnier et qui pouvait lui dire que je n'étais pas quelqu'un de cruel et de tortionnaire qui le frapperait à mort au moindre mot, à la moindre pensée qui ne me plairait pas. Son système de défense était très efficace en fait et peut-être que cela lui serait plus qu'utile s'il acceptait le travail que je lui proposerais d'ici la fin de notre entrevue. Hyde et ses acolytes seraient incapables de lire dans ses pensées si ce garçon se défendait à ce point. Mais nous étions loin d'une confiance mutuelle pour le moment et la première chose à faire était en fait celle-là.

Son humour était noir, tout comme cette pièce. Il devait probablement être en colère mais il maniait l'ironie avec finesse et c'était un autre atout que je pouvais mettre dans sa balance. Je souris légèrement à cette remarque, si j'étais arrivé plus tôt qu'est-ce que j'aurais trouvé ? Comment avait-il été avant ? Cet être filiforme qui s'auto-défendait avec une puissance effrayante ? Quel était son passé ? Son histoire ? Elle ne semblait guère joyeuse et vu sa condition, je soupçonnais qu'il avait participé aux jeux des vampires, dont j'avais stoppé l'activité, en tant que mortel. Avait-il combattu d'autre mortel jusqu'à la mort ?...Avait-il tué ?...Impossible de lire son esprit. De lire ce qu'il était, qui il était, pour ça je devrais le lui demander de vive voix et peut-être accepterait-il de me répondre. En tout cas je l'espérais.

Mais ce garçon semblait déjà savoir que personne ne pouvait lire dans ses pensées. Cela m'intriguait. Le faisait-il exprès et narguait-il les gens ? Ou bien ne le faisait-il pas exprès et il cherchait désespérément un appui, un soutien...pour lui montrer qu'il n'est pas si différent des autres ?

« J'... »

Je le laissais s'approcher pour me montrer son regard sombre, un éclair lumineux traversa son esprit sans y avoir un seul mot. Je perçus seulement mon nom suivit d'un mot « Noble » et le néant se réinstalla entre moi et lui.

« Peut-être que tu te trompes... Je suis plus vieux, mais pas différent. Certes je suis devenu une sortes de Noble au fil des années mais ton esprit se protège bien trop convenablement pour m'y laisser entrer...J'. »

Je le regardais toujours, soutenant son regard et je vins prendre doucement sa main dans la mienne. Qu'il soit effrayé ou pas, je voulais qu'il comprenne que je ne lui étais pas hostile et qu'il ne lui arriverait pas pire qu'être enfermé dans cette cellule. Ce qui n'était de toute façon pas l'avenir que je lui réservais.

« Pourquoi n'as-tu pas résisté quand ma troupe est arrivée ? Pourquoi n'as-tu pas agis comme ton clan ? Ne leur es-tu pas fidèle ? »

La loyauté était-elle dans ses gênes ? Si elle ne l'était pas, il serait difficile de lui offrir le travail que je lui gardais mais j'avais espoir qu'il me soit fidèle, au moins à moi. S'il ne m'en voulait pas d'avoir ordonné de stopper les activités de son clan. Il était des leurs, son créateur devait se trouver parmi eux et il était le seul survivant. Orphelin et dans ma prison. Sa colère envers moi aurait été totalement justifiée. Mais alors que je le regardais, un nom traversa son esprit aussi rapidement que les autres mots que j'avais pu y voir.

« Jui ?...J' ? C'est ton prénom ? »

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Le vampire Gackt avait quelque chose de fascinant dans son attitude autant que son regard. Je n'avais pu m'empêcher de sourire en l'entendant répéter J'... le nom qu'il m'avait fallut porter dans la fosse et pendant les combats contre d'autres mortels comme moi. « Allez J' ! Ecrase-le ! » ... Les yeux bandés, les membres douloureux, la faim me tiraillant l'estomac... Je frappais dans le vide jusqu'à réussir à trouver mon adversaire, et à ce moment, je le rouais de coups jusqu'à sentir les bras puissants d'un vampire me faire lacher mon bâton, me dire que c'était fini, et que j'avais gagné. Je soupirais doucement, secouant la tête pour chasser les souvenirs de mon esprit et reporter mon attention sur celui chez qui je logeais en ce moment. Du moins, je supposais que sa demeure se trouvait au dessus de cette... charmante prison.

Il me laissait approcher, ne bougeant pas. Je ne devais pas être bien effrayant, qu'aurait-il pu craindre de moi, hormis peut être le fait que mon esprit était insondable... mais là il parvint à me surprendre. Il me parlait de vieillesse et du côté noble auquel j'avais pensé. Il avait... non. Il n'avait pas lu mes pensées, mais les avait aperçu. Il était le premier à y parvenir, de tout les vampires ayant essayé jusque là ...

« Mon esprit ... se protège ? »

Alors il s'agissait d'une protection ? Moi qui avait toujours pensé être malformé. Humain déjà ils n'avaient jamais pu entrer dans ma tête pour y lire mes peurs, mes doutes, mes réflexions intimes. J'avais toujours été tranquille, et ils s'étaient toujours dit que je n'étais tout simplement qu'un idiot incapable de réfléchir. Ils se trompaient donc... je me protégeais... Depuis tout ce temps je n'avais fait que me défendre d'une façon dont j'ignorais totalement le fonctionnement. Je me mis à rire, enchanté par la nouvelle, avant de me calmer tout aussi rapidement que ça m'avait pris. Gackt, lui, y arrivait presque. Je devrais donc faire attention ? Que me ferait-il s'il entendait que je n'aimais pas sa coiffure ? Que pourrait-il me faire de pire que ce que j'avais déjà connu... Je l'ignorais, et je n'avais pas peur.

Mon aîné n'avait pas lâché mon regard une seconde, et je sursautai légèrement en sentant le contact de sa main autour de la mienne. Qu'attendait-il de moi ? Qui pensait-il que j'étais ? Je ne bougeai pas...Cependant, j'avais fini par baisser les yeux, peut être qu'au fond le contact avec lui m'embarrassait trop pour le regarder. Un seul contact à la fois. Le contact visuel, ou charnel. Il avait choisit le toucher, alors il n'aurait plus ma vue. C'était comme ça.
Sans bouger, j'écoutais la suite de ses questions, un très léger sourire étirant mes lèvres. J'étais un traitre pour mon clan... Qu'importe. Pourquoi ..? J'intriguais donc cet homme mais il ne semblait pas me vouloir de mal. Je décidais donc de lui montrer que moi non plus, je n'étais pas hostile, aussi, je m'agenouillais face à lui, venant poser la tête sur ses genoux sans lâcher sa main. A avoir été le chien des vampires pendant plus de 10 ans, j'avais des restes, c'était indiscutable.

« Le bon chien fidèle est mort il y a 6 ans. J' l'a demandé à son maître, et son maître l'a tué pour qu'il ne meurt pas... »

Le silence, puis un rire léger qui résonna dans la pièce, le mien. J'avais demandé la mort pour être libéré de ce monstre, et il m'avait condamné à l'éternité. Avais-je une seule bonne raison de me montrer fidèle envers un tel bourreau ? Certainement pas. Il m'avait fait bien trop de mal.

« A choisir... quand j'ai vu vos hommes, propres sur eux, arriver, et tous les tuer. J'ai trouvé ça... tellement beau... La justice que j'avais toujours attendu était là, même si... il est déjà trop tard pour moi. »

J', était mort. Mais Jui était revenu... Jui, l'enfant de 8 ans, en avait 18 et était un vampire... puis six ans passèrent, et il en avait toujours 18, comprenant alors qu'il ne vieillirait plus jamais... et que son corps garderait cet aspect malade et fragile pour toujours.
Je ne savais pas ce que me voulait Gackt, ce qu'il me réservait, et j'étais bien incapable de lire dans son esprit comme il avait pu tenter de le faire dans le mien, mais je me sentais bien mieux à ses côtés que je ne l'avais été ces seize dernières années.

« Je ne suis fidèle qu'à celui qui m'y oblige. Ou qui me traite bien. Quand vos soldats sont arrivés, je n'étais pas obligé de défendre ce clan... alors... je n'ai pas été fidèle. »

De ma main libre, je caressais doucement le tissu du pantalon de Gackt. Il sentait bon et c'était agréable. Je souris un peu en l'entendant me demander si Jui était mon prénom. Il l'avait lu en moi, ça aussi... je le trouvais merveilleux.

« Oui, je suis... Jui. » Nouveau silence, avant que je n'ajoute. « Qu'est ce qui m'attend, maintenant..? »

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Il semblait n'avoir jamais pensé à cette possibilité là. Pourtant, elle était la plus logique et la plus probable selon moi. Avoir la capacité de fermer son esprit de façon aussi simple était un atout plus qu'un inconvénient, et il ne semblait pas l'avoir envisagé ainsi. Un moyen de protection. Son rire étincela quelques secondes contre les parois grises de la cellule avant de s'éteindre comme il était arrivé. Je le regardai toujours. Ce garçon était bien plus qu'intéressant et il avait un potentiel qui n'avait pas été exploité par son créateur. Avoir l'esprit « vide » comme le sien permettait un nombre incalculable de choses et s'il était possible d'avoir confiance en l'autre, je tenais peut-être ma surveillance contre Hyde et son clan. Encore fallait-il que je sois certain de la fidélité de Jui et ceci ne serait pas une mince affaire.

Ce fut mon léger rire qui rompit une nouvelle fois le silence. Ce Jui était amusant en plus de cela.

« Ma coiffure ne te plait pas alors ? C'est malheureusement celle que j'aurais durant des siècles encore, jusqu'à ce que je me décide à me jeter au feu. »

Je relâchais alors sa main pour la lui rendre. J'avais remarqué qu'il avait baissé les yeux lorsque je la lui avais prise. Un réflexe peut-être. Et c'est alors qu'il répondit à mes questions. Sa façon de parler était étrange. Il avait peut-être perdu un peu l'esprit s'il avait participé en tant qu'humain aux jeux des vampires que j'avais arrêté comme je le supposais. Et j'eus mal pour lui d'avoir été traité de cette façon, jusqu'à en venir à dire des choses de cette façon. Malgré l'aspect décousu, je parvins tout de même à recoller des morceaux. Humain et maltraité, il avait demandé à être tué, mais la mort que lui offrit son maître ne fut pas celle espérée et c'est ainsi qu'il était devenu vampire prisonnier de l'éternité. Trop tard pour lui... Il avait en effet été l'un de ces humains de combat, cette fois il n'y avait plus de doute. Et il pensait que j'avais été la justice. C'était déjà une bonne chose en ce qui concernait sa confiance en moi.

Il m'expliqua ensuite comment il accordait sa fidélité et ça ne me parut guère difficile. Bien le traiter, j'en avais déjà décidé ainsi puisqu'il ne paraissait pas violent. Il me confirma son prénom, j'avais bien vu, furtivement le nom qu'on lui donnait. Je lui souris alors légèrement et je dégageais doucement une mèche de ses cheveux avant de me relever pour faire quelques pas. Je réfléchissais encore un peu mais au fond, ma décision était peut-être déjà prise. Cependant, je n'aimais pas me précipiter.

« Jui, je comprends ton histoire et je pense que tu n'es pas une menace pour moi. »

Je me tournais alors vers lui pour lui sourire. Glissant une main dans cheveux pour les remettre en place (ils reprirent vite leur volume mais restèrent un peu en arrière), je croisais enfin les bras sur mon torse pour parler de choses sérieuses.

« Si tu acceptes de m'être fidèle, j'aurais un travail à te donner. Bien entendu, tu seras bien traité lorsque tu viendras me voir et d'ici à ce que tu partes d'ici aussi. Je pense que la protection de ton esprit est un véritable atout et si tu le veux bien, j'aurais besoin de toi. »

Je n'avais rien de plus à ajouter pour le moment. Si nous travaillions ensemble, Jui et moi devrions faire chacun des choses pour l'autre afin de nous prouver notre confiance mutuelle. Je lui offrirais le respect, des repas, une chambre lorsqu'il serait chez moi en contre-partie, je lui demandais une fidélité absolue et une discrétion implacable. Etait-il prêt à un tel compromis ? C'est la question que je lui posais à présent. Ne pas pouvoir lire en lui me demandait une confiance en lui et j'espérais qu'il agisse de façon à ce que je puisse la lui accorder sans remord.

Invité

Gackt semblait totalement indifférent à ce que j'ai posé la tête sur ses genoux ... En un sens, ce n'était pas un mauvais point pour moi, cela prouvait que je ne le dérangeai pas, et peut être qu'il m'appréciait déjà. Ou alors il n'en avait rien à faire, trop concentré sur quelque chose de bien plus sérieux que je ne pouvais encore deviner. Mon avenir dont il déciderait bientôt, et que j'acceptai déjà de laisser totalement entre ses mains. Je n'avais pas besoin de le connaître d'avantage pour savoir que cette personne ne m'apporterait rien de pire que ce que j'avais déjà connu. Autrement, il l'aurait déjà fait. Après tout, j'étais son prisonnier, et bien moins fort que lui, il aurait pu faire de moi tout ce qu'il voulait que je ne me serais même pas défendu. Mais nous étions là à discuter calmement au lieu de cela, et il me semblait doux et bienveillant. Il y a bien longtemps que je n'étais plus craintif, quelle que soit la situation, mais avec lui je sentais que de toute façon, je n'avais plus aucun soucis à me faire. Ma sortie de cet endroit sombre serait pour bientôt, et même si j'étais condamné à ne plus jamais voir le soleil, je savais qu'au moins j'allais retrouver une plus grande liberté de mouvement et de pensée...

Ce fut au tour du maître des lieux de rire cette fois, et je souris doucement en l'entendant. Il m'avait entendu penser que je n'aimais pas sa coiffure, comme je m'y étais attendu sans trop y croire. Je le trouvais fantastique. Pour la première fois depuis bien des années, il me faisait me sentir moins... anormal.

« Apprenez-moi au moins à contrôler mon esprit, avant de vous jeter au feu. Et pour vos cheveux...dommage. »

Il me libéra la main et je relevai doucement la tête pour le regarder à mon tour alors qu'il en apprenait un peu plus sur moi. Ce que j'avais vécu, ce qui avait fait de moi ce que j'étais alors, un vampire plutôt maladroit et perturbé, je le reconnais.
Comme il se relevait pour marcher dans la cellule, je me redressai à mon tour pour m'asseoir à sa place, l'observant d'un regard sans vie et pourtant assez emprunt de curiosité pour cet être qui me faisait enfin me voir différent de ce que j'avais toujours été. Il me souriait, je ne me sentais pas menacé, pas plus qu'il ne devait l'être par moi. Il croisa les bras, se donnant un air plus sévère auquel je restais totalement indifférent. Il avait du travail à me donner... il aurait... besoin de moi ? Je lui souris à mon tour, étudiant sa demande un instant avant de reprendre enfin la parole. L'offre ne me déplaisait pas bien qu'elle n'était pas encore totalement énoncée, mais il me proposait un bon traitement, et puisqu'il m'avait sauvé, je lui devais bien au moins ça ...

« Il faudrait être stupide pour refuser de rendre service à la Justice. Jui est peut être spécial, mais pas stupide... »

Je n'en savais pas plus sur ce qu'il attendait de moi, mais quoi qu'il me demande je me promettais déjà de faire de mon mieux pour le satisfaire. J'aurais pour lui une confiance aveugle, pas parce qu'il était Gackt, le « Premier » comme on dit partout, mais parce qu'il m'avait libéré d'une vie affreusement douloureuse et que grâce à lui j'allais probablement enfin pouvoir devenir quelqu'un, et plus l'ombre du garçon vendu par son père à une bande de tarés.

Le regardant avec insistance, j'essayais de penser fort pour qu'il m'entende, testant des capacités que je n'aurais jamais imaginé posséder. J'ai faim, et je ne sais pas me nourrir seul...
Il est vrai que même si l'on avait fait de moi un vampire, je n'avais jamais appris à chasser, ni à utiliser mes dons, hormis la force qui me servait à stopper les combats et maintenir les chiens perdants qui nous servaient de dîner. Souvent, ils étaient agressifs, réticents, effrayés, et nous devions user de la force contre ces gamins déjà brisés, comme je l'avais été avant eux, et me nourrir avait toujours été un moment plutôt agaçant pour moi, moment que je terminai souvent par l'incinération du cadavre qui m'avait servi de repas... La mort, moi je la leur accordai, bien que cela m'ait plus d'une fois valu d'être puni, même en tant que vampire.

« Si je peux vous aider je le ferais, si j'en suis capable. »

Je me relevai, le regardant toujours avec insistance, fixement. Ma nouvelle vie commençait...

Invité

Il m'avait écouté calmement, sans sourciller, sans bouger et je perçus finalement un sourire sur ses lèvres. Il voulait que je lui apprenne à contrôler ses pensées et je l'y aiderais sans aucun doute dès que nous aurions mis au point son futur. La nuit n'en était encore qu'à son début et il nous restait largement assez de temps pour discuter et lui montrer la maison lorsque nous serions sortis de ce cachot. Je n'aimais guère cet endroit mais malheureusement je le trouvais nécessaire pour certains individus particulièrement obtus et cruels. Jui était quelqu'un d'étrange, sa façon de parler s'en ressentait, il parlait de lui à la fois à la première et à la troisième personne. Je n'avais encore jamais vu ça et je me demandais si cela rendait son esprit plus malléable que quelqu'un d'autre ou bien si c'était le contraire. Quoiqu'il en soit, il m'inspirait une certaine confiance bien que j'ai appris à mes dépends à ne plus l'accorder aussi facilement. J'avais pourtant besoin d'un espion et il serait parfaitement qualifié pour le poste.

Mon sourire s'élargit quand j'entendis avec force une pensée dominer les autres. Avait-il vraiment besoin d'aide pour maitriser son esprit ? Il ne semblait pas que ce soit le cas, en se concentrant, il y arrivait parfaitement seul. Je répondis à son regard. Je t'apprendrais à te nourrir.
Etrange qu'il ne sache pas chasser mais au moins je pourrais lui enseigner ce qui était correct à savoir : se nourrir de criminel et ne pas se tâcher en buvant le sang. C'était la moindre des choses pour un vampire qui se voulait un minimum bienséant.

Et de toute évidence, Jui voulait m'aider et il voulait m'être fidèle. Le pourrait-il ? Ça c'était une autre question. Vouloir la résoudre relevait de l'impossible et je ne préférais pas y penser. S'il me trahissait à cause de son esprit qui s'avèrerait faible, je n'aurais d'autre choix que de le laisser se débrouiller seul par la suite. Parfois je pensais même à me retirer quelques temps mais la présence de Kousei et de Mana m'en empêchait. Je les aimais trop pour les abandonner et les livrer à leur sort. Je savais que mes enfants pourraient se débrouiller sans moi. Mais mes humains, c'était autre chose. La pire des choses qui puisse arriver serait que eux m'abandonnent. Celui qui était parti par la faute de Kousei m'avait déjà fait du mal. Je devrais être habitué à force, sans doute mais de leur part je sais que j'aurais du mal à m'en remettre. Bien plus que pour tous les autres.

« Bien, je te donne ma confiance, nous allons parler de cet emploi. »

Je lui tendis ma main pour qu'il me rejoigne et nous quittâmes la cellule pour remonter vers le hall.

« J'ai besoin d'un espion chez ceux qui veulent me nuire. Ils sont beaucoup plus actifs depuis quelques semaines et je crains pour ceux qui m'entourent. Le fait qu'on ne puisse lire dans tes pensées me serait très précieux pour cet emploi. Te sens-tu capable de te faire accepter par une autre communauté et venir me faire des rapports régulièrement ? »

Invité

Je ne me sentais pas mal à l'aise dans cette prison, pas plus qu'en présence de celui que je savais être le plus âgé d'entre nous tous. La vie m'avait été ôté de manière horrible, avant ça j'avais souffert durant des années, traité comme un chien, torturé, rabaissé, par la suite je n'étais plus devenu qu'un larbin, bon à faire ce qu'on lui ordonnait, et toujours puni si c'était mal effectué. Gackt ne m'impressionnait pas. Il me suffisait de le regarder, dans son beau costume immaculé, pour savoir que même s'il me voulait du mal il aurait été incapable d'aller plus profondément que les blessures déjà présente en moi. Mais là où je pouvais m'estimer d'autant plus chanceux, c'est que me faire du mal n'était même pas à son programme.

La soif me tenaillait. Cela faisait quelques jours que je ne m'étais pas nourri, puni pour avoir accordé la mort à l'un des meilleurs combattants, une pauvre bête qui m'avait rappelé moi même à son âge. Il savait qui j'étais et n'avait pas hésité à me supplier de le libérer, sachant que j'étais le seul du clan à avoir encore... un cœur ? Je ne sais pas si le terme est exacte. Les émotions m'ayant quitté, je n'éprouvais pas grand chose, en vérité, mais certainement une grande empathie pour ces pauvres mortels ayant suivit le même parcours tortueux que moi.
Gackt me sourit. Il m'avait entendu clamer ma faim, me surprenant encore. Comment avais-je pu ignorer ce don pendant si longtemps ? Cette capacité de parler sans même user de ma voix... si j'avais su m'en servir j'aurais... non en fait, je n'en aurais pas trouvé l'intérêt là où je vivais avant... Le Premier m'apprendrait, et ce serait uniquement avec lui que je m'en servirai. Ailleurs, ça n'avait pas grand intérêt, et il valait mieux que les autres pensent que ma tête était vide... ça avait toujours été très bien comme ça.

« Dans le clan... ceux sur qui je devais me nourrir m'étaient confiés, alors je n'ai jamais eu besoin de chasser, en fait. »

Je ne voulais pas qu'il croit non plus que j'étais incapable, planter mes crocs et boire jusqu'avant la mort, je savais le faire. Seul le procédé de chasse manquait à mes connaissances, de même que la façon dont on sélectionne ses proies, quoi que j'imaginais facilement m'en prendre aux gens désirant s'ôter la vie, les suicidaires, malades et désespérés... Mais pour ça il me faudrait apprendre à lire dans les esprits, ce qui était encore assez différent de la télépathie que je venais d'exercer avec Gackt où il dirigeait les pensées vers moi, et moi vers lui ...

Je levais doucement les yeux vers lui en posant ma main dans la sienne, ouverte devant moi. Nous sortions pour parler d'avantage de mon futur emploi, et je pus voir un peu plus de cette immense bâtisse que j'avais ressenti comme un grand manoir. Je ne m'étais pas trompé, le hall témoignait largement de la noblesse des lieux et du goût de son propriétaire, de ce vampire dont je serrais les doigts sans vraiment m'en rendre compte, libre pour la première fois depuis 16 ans... c'était tout de même intense, et je sentais une vague d'émotions indistinctes se déverser dans ma poitrine, portant à mes yeux une larme furtive que j'essuyai rapidement, oubliant la trainée de sang qu'elle laissa sur ma joue.

« Je peux me faire accepter facilement... Vous êtes celui qui a fait tuer mon maître et mes frères, je pourrais feindre la haine contre le meurtrier de... mon clan. Et la tristesse de les avoir perdu. Ils m'accepteront. »

C'était tellement facile. Je n'aurais qu'à jouer la comédie, et je savais le faire bien que cela n'ait pas souvent servi par le passé. J'allais donc vivre parmi ceux qui voulaient du mal à mon sauveur, me faire passer pour l'un d'eux, pour mieux les trahir par la suite ? Pourquoi pas ...

« Jui en sera capable... » murmurai-je.

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