Allez, on se motive, et ensemble, on va emmerder le monde! - JUKA

Un petit rire franchit les lèvres du vampire à la réponse de l'humain ... Une telle arrogance dans un corps qu'il serait pourtant si facile de briser. C'était surprenant. Juka appréciait son caractère, bien qu'il se doutait qu'à trop le fréquenter, ce gamin devait vite devenir insupportable. Mais pour une soirée, comme ça... Il avait le mérite d'être divertissant.

" Je n'oublie pas ... Kanon. Il n'y en a pas deux comme toi. "

Il devait se l'entendre dire souvent, mais probablement dans d'autres circonstances... Sauf que cette nuit, il ne s'était vendu que contre quelques verres, et un coup de crocs... Ah, de l'amusement aussi, et visiblement il en était satisfait.
Juka inclina légèrement la tête pour signifier que ce n'était rien, et accrocha son regard, approchant de lui.

" Alors ne restons pas ici ... L'endroit n'est pas approprié. "

Posant une main dans le dos de Kanon, le vampire l'entraîna jusqu'à un petit parc qu'il avait remarqué en arrivant. Il avança le long du chemin, jusque sous un bel arbre auquel il adossa Kanon, glissant les doigts sur sa joue, puis dans son cou, avant de venir y poser les lèvres, son souffle glacé parcourant la chair tiède du gamin. Il passa une main au bas de son dos pour le tenir contre lui, et passa la langue sur l'emplacement choisi, frôlant la chair du bout des crocs.

" Tu es prêt ..? "

« Encore heureux. Deux comme moi et je fais faillite. »

Et puis deux comme lui, il y aurait de quoi devenir fou. Kanon le pensait aussi, il n’aimerait pas avoir à se supporter. Kanon détailla Juka un instant. Oui, il ne l’avait pas fait payé. Juste ses boissons, et en plus, il lui permettait de boire son sang. Trop gentil, pas vrai ?
Après tout, en partant de chez lui, Kanon avait bien décidé de ne pas travailler et seulement trouver de quoi s’amuser non ? Il avait atteint son but. Maintenant, il suivait Juka jusqu’à un endroit plus calme. Le plus jeune était pressé, et euphorique à cause de l’alcool.
Ils arrivèrent dans le parc où il finit adossé à un arbre, le vampire contre lui. Juka étant particulièrement attirant, cette situation n’était pas déplaisante. Et la présence de ses lèvres froides contre sa peau non plus. A la question de l’immortel, Kanon sourit.

« Oui. » Et puis, advienne que pourra.

Kanon ne semblait pas trop inquiet à l'idée de se faire mordre, pourtant rien ne lui garantissait que Juka aurait la décence de ne pas le vider de son sang pour le laisser mourir ensuite dans ce parc désert. Rien ne lui certifiait qu'il survivrait à cette nuit, en compagnie de ce vampire aux habitudes glaciales ... Mais cela plaisait à Juka. S'il ne s'inquiétait pas, c'est qu'il avait assez confiance pour prendre le moment tel qu'il venait... et puis, il lui accordait la chance d'être le premier à le mordre, chose qu'apprécie généralement un vampire...

" Tu vas ressentir un vertige, mais ne t'inquiète pas, je te retiendrais... "

Lentement, les crocs s'enfoncèrent dans la chair, produisant un petit craquement avant qu'un fin filet de sang ne puisse couler entre les lèvres du démon. Il resserra un peu la prise qu'il avait sur Kanon, plaçant l'autre main dans ses cheveux, le soutenant. Aspirant très lentement, il sentait les barrières de l'humain céder, son esprit se relâcher, ses pensées se perdre et laisser apparaître de lointain souvenirs...

Kanon laissa donc les crocs de Juka s’enfoncer dans son cou. Il ferma les yeux, et plus le temps passa, plus en effet, il sentait son corps s’alléger un peu plus. C’était au-delà de l’alcool ou d’une simple drogue. Seulement, ce calme ne dura pas. Cette sensation n’avait plus lieu d’être. Où était-il ? Avec un vampire, dans un parc ? Ou dans cette pièce si noire, avec cet homme immonde… Non définitivement, il était dans un parc. Ou pas ? Il avait mal à la tête, sa cicatrice à la tempe le lançait derrière sa mèche de cheveux. Kanon ne savait plus. Il se sentait léger mais, à la fois, tendu, froid, effrayé.

« A… a.. Arrête ! »

Le brun s’agrippa à la chemise de Juka. Il s’appliquait bien trop à oublier pour que ça lui revienne ainsi. Non, rien ne lui revenait… si. Il fallait que Juka le lâche tout de suite. Mais il n’arrivait pas à le pousser. Horreur. C’était pas précisé sur le contrat, les mauvais souvenirs !

Juka n'avait pas eu l'intention de faire du mal à Kanon, ni de boire jusqu'à l'épuisé, mais alors qu'il pénétrait un peu plus profond dans ses souvenirs, il ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait.
Les battements du coeur de l'humain, au lieu de ralentir, se faisaient plus rapides, comme s'il était affolé... Juka le sentit s'aggripper, il rouvrit les yeux, l'entendant demander d'arrêter. Lentement, il retira les crocs, se mordant la langue pour faire couler quelques gouttes sur la marque de la morsure afin qu'elle disparaisse, le sang de vampire ayant la faculté de refermer les plaies.

" Kanon ..? "

Relevant la tête, le vampire ne lâcha pas le brun, le soutenant pour éviter qu'il tombe en reprenant conscience. L'effet de la morsure le laisserait engourdi pour un petit moment encore...

Non, ce n'était pas un parc, c'était cette pièce. Le sol froid. Le sang... La douleur. On y était. Il y était revenu. Pourquoi? Pourtant, c'était finit non? Ce n'était pas terminé? Il y était retourné? "Allons mon beau Kogarashi, laisse toi faire..." Ca n'avait aucun sens tout ça.
Le plus jeune ne revint à lui qu'en entendant son prénom. Par réflexe, il avait posé sa main sur sa tempe gauche pour appuyer sur sa cicatrice. Non mais, il se la jouait Harry Potter ou quoi? Kanon releva les yeux vers Juka. L'assurance habituelle avait disparue. Il n'y avait que de la terreur dans les orbes onyx de Kanon qui se remettait les idées en place. Ah, le vampire. Oui. La morsure.
C'était supposé amener un sentiment délectable, ça? Le brun fronça les sourcils, posant ses mains sur le torse de Juka pour le repousser au possible, mais il n'avait aucune force.

"Enfoiré... Lâche moi... Dégage..." Il était épuisé, sa tête lui faisait bien trop mal. Finalement, ces souvenirs le pétrifiait toujours. Pourtant, voilà déjà trois ans qu'il avait quitté l'hôpital...

S'il avait su, Juka n'aurait certainement pas proposé à Kanon de lui faire découvrir le "plaisir" de la morsure. Evidemment qu'elle éveillait les souvenirs, lorsqu'on se voit mourir, on repense à tout ce que l'on a vécu, et dans le processus naturel, et bien ... se faire vider de son sang signifier marcher vers la mort, donc les souvenirs apparaîssaient, surtout les plus secrets, et Juka avait pu apercevoir un morceau important de la vie du brun... sûrement quelque chose qu'il n'aurait jamais su, s'il ne l'avait pas vu ainsi.

" Je ne savais pas... "

N'émettant pas de résistance lorsque le jeune homme commença à se débattre, Juka recula de quelques pas. Il aurait pu culpabiliser, mais ce n'était pas dans sa nature, il ne comprenait pas pourquoi Kanon lui en voulait, il ne lui avait rien fait... de mal ?

" Tu ne pourras pas rentrer seul dans cet état. "

Bien sur que tu ne savais pas, abrutit d'enfoiré de sale vampire de...
Kanon n'était pas content. Juka se recula, laissant au brun le soin de s'appuyer contre l'arbre prêt de lui. Bien sur que s'il avait sut qu'il aurait des souvenir il aurait refusé cette morsure! Il n'était pas idiot... Même s'il faisait tout pour oublier, c'était en lui. Chaque minute de ce moment était imprégné dans sa chaire. Kanon eut un vertige, posant une main sur sa bouche, alors que Juka lui faisait remarquer qu'il ne pourrait pas rentrer chez lui dans cet état là.

Il fit un pas pour partir, bien décidé à faire le trajet tout seul, mais ses jambes ne le maintenait plus et il tomba à terre. Tout ça pour une morsure? Bien sur que non. C'était ses souvenirs qui l'entravaient. Il faisait encore des cauchemars, parfois, mais cette fois.. Le brun eut un frisson. Tout avait eut l'air si réel...

Habituellement pendant la morsure, les humains s'abandonnaient de tels sorte qu'ils ne revivaient même pas leurs souvenirs, se contentant de les laisser passer, au loin ... C'est du moins le souvenir que Juka avait des nombreuses fois où il avait été mordu lorsqu'il était esclave. Mais visiblement, Kanon était resté trop encré à la réalité, et de ce fait, il avait assisté aux premières loges à la résurrection de son mauvais souvenir...

Silencieux, Juka l'entendait l'insulter dans ses pensées. Il préféra ne pas répondre, ne pas aggraver les choses, et le vit chuter en essayant de partir seul. Il ne restait au vampire que deux options, le laisser là, ayant conscience qu'il ne pourrait jamais arriver jusqu'à chez lui, ou bien l'y emmener de force.

Optant pour la deuxième option, Juka s'éloigna une minute, le temps d'arrêter un taxi et de lui demander d'attendre. Il revint chercher Kanon, le soulevant comme s'il était fait de paille, et le portant jusqu'au taxi pour l'installer à l'intérieur.

" J'étais loin d'imaginer ce que ça provoquerait pour toi, Kanon. "

Il se justifiait maintenant... de mieux en mieux. Après tout s'il n'était pas content, il aurait aussi bien pu le tuer !

Encré à la réalité ou... Et bien, trop obstiné à oublier son passé? Quoi qu'il en soit, les souvenirs avaient été ceux ci. Ceux de son enlèvement. La raison pour laquelle Kanon était Kanon.
Quoi qu'il en soit, le brun essayait de se calmer, pour se lever et repartir. Au final, il n'eut le temps de rien, car Juka revint et le porta. Non mais c'était une blague? Il lui avait pourtant demandé de dégager!
En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Kanon se retrouva dans un taxi, alors que Juka se justifiait à moitié. Mais Kanon avait autre chose en tête.

"Où allez vous monsieur?"

Il se pétrifia, sursauta, se cogna d'ailleurs au plafond et sortit dans un effort venu de nul par pour s'agripper à Juka et se serrer contre lui en tremblant.
Ah. Bah oui. Bah le chauffeur de taxi. C'était une femme.

"TU VEUX MA MORT HEIN? AVOUE! FAIS LA PARTIR! FAIS LA PARTIR!"

Kanon, même pas 20 ans, phobie des femmes.

La soirée s'était trop bien passée, de toute façon. C'était toujours pareil, dès qu'il y avait un semblant de quelque chose de bien, il fallait que la balance de "l'équilibre" vienne rétablir les choses et fasse arriver une merde. Voila pourquoi Juka préférait passer son temps libre chez lui plutôt que se donner la peine d'essayer de nouvelles choses. Finalement, en se contentant des soirées avec son esclave et de ses balades en forêt, il n'y avait jamais de surprises, ni bonnes, ni mauvaises.

Mais bref, il avait eu la gentillesse de faire venir un taxi pour ramener Kanon, sauf que lorsque la conductrice demanda où il fallait qu'elle le conduise, le gamin bondit hors de la voiture et directement dans les bras du blond. Troublé, Juka referma instinctivement les bras autour du jeune homme, marmonnant à la femme un "désolé du dérangement" qui signifiait qu'elle pouvait partir. Il referma la porte, et le taxi s'éloigna.

Retour à la case départ ...

" Tu as peur ... des femmes ..? "

Passant la main dans les cheveux de Kanon, Juka recula un peu la tête pour pouvoir apercevoir son visage. La bonne nouvelle, c'est qu'il semblait en avoir oublié qu'une seconde plus tôt, il l'avait sommé de dégager ...

" Décidément ... un bien étrange enfant ... "

Kanon continuait de marmonner des "fais la partir" et il le répétait dans son esprit aussi. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir. Fais la partir...
Il ne se calma à peu prêt qu'en entendant le moteur qui s'éloignait, et se sentit rougir lorsque Juka souligna haut et fort l'évidence même de sa peur. Oui. Il flippe grave quand il voit une femme. Et là, il avait eut la peur de sa vie x2.

"Te fous pas d'moi! Elles sont effrayantes! Répugnantes! Sales! Dégueulasse! Ce sont des monstres! Elles me donnent envie de vomir!"

Pour la question oui, Kanon ne pouvait plus supporter la présence de sa mère, entre autre. Et en effet, cet évènement avait eut l'air de le faire oublier la partie de plus tôt, si on oublie son corps qui tremblait encore un peu et le fait qu'il avait un peu de mal à se tenir debout. Mais au moins, son regard lançait des éclairs dans celui de Juka style défit. Genre "essaye de te moquer, tu vas voir".

La peur qui semblait s'être emparé de Kanon était bien plus terrible que ce qu'il avait montré après la morsure. Il avait l'air paniqué, et ses tremblements troublaient le vampire.
Sans savoir pourquoi, Juka s'était imaginé qu'une personnalité aussi forte que celle du gamin faisait qu'il ne devait avoir aucune crainte, une insouscience extrème, et pourtant c'était loin d'être le cas. Cette assurance cachait donc un profond malaise ... Et maintenant qu'il était au courant, il comprenait mieux certaines choses.

" Je n'avais pas l'intention de me moquer. Tout le monde à ses peurs, ça ne se contrôle pas. "

Le regard du brun était dur, il essayait de rester fier et fort, malgré les tremblements qui le secouaient encore. Juka ne put s'empêcher de lui sourire, passant à nouveau la main dans ses cheveux avant de murmurer.

" Je vais te racompagner moi même alors... "

Il y avait deux peurs différente. Celle de son passé, celle de l’enfermement, de l’homme, de cette douleur. C’était une peur viscérale. En fait, c’était plus de la terreur que de la peur. D’un autre côté, il y avait les femmes. Pour plus d’analyse, certains dirons que jeune, Kanon était très attaché à sa mère, et que de ne pas la voir arriver pour le sauver à l’époque lui provoqua un profond dégout. Ou alors, qu’il s’agissait d’une simple psychologie inversée, un genre de complexe du kidnappeur, faisant qu’au lieu d’avoir peur des hommes, il avait développé une phobie des femmes. Mais cette peur là ne le paralysait pas, elle l’exécrait. Ca l’énervait, l’affolait, c’était encore autre chose.

« Oui ‘fin j’aurais apprécié une peur plus classe. »

Soupira-t-il. Et oui, Kanon avait l’air si insouciant que l’on pouvait se dire qu’il n’avait peur de rien. Mais c’était à l’inverse ses nombreuses phobies et blessures qui faisaient de lui ce garçon léger et plutôt insupportable. Pour se forcer à avancer, à profiter, et de toute façon, à mourir prochainement.
Juka annonça qu’il le raccompagnerait lui –même.

« J’peux y aller tout seul. »

Ouais bon, il savait parfaitement que non, il tremblait encore, dans cinq mètre, il tombait. Nouveau soupire.

« Ouais, bon, j’habite pas loin. » Il lui indiqua l’adresse, effectivement, son immeuble était à deux rues d’ici.

" Je doute qu'il existe des peurs classes. La peur de la peur elle même, peut être... Mais encore. "

Juka frissonna, pensant à ses propres craintes, et il regarda autour d'eux comme s'il craignait que sa propre phobie ne surgisse des ombres des buissons. Mais non, rien ne bougea, et on entendait au loin que les bruits de la ville, des gens et des voitures. Il était tard, mais dans une ville de vampires, ça ne signifiait rien, ce monde vivait autant de jour que de nuit ...

Tout seul, effectivement Kanon n'irait pas bien loin... Mais heureusement Juka n'était pas quelqu'un de mauvais et encore une fois, alors qu'il aurait pu disparaître et laisser l'enfant se démerder seul. Sauf qu'il resta, le gardant contre lui dans une attitude paternelle et protectrice dont il faisait preuve de plus en plus souvent dernièrement.

" Si je m'étais arrêté une seconde plus tôt ... tu aurais pu apprécier la morsure. Je ne voulais pas te faire de mal Kanon. "

Il tenait à ce que ce soit clair, car ce soir il avait réellement passé de bons moments en compagnie de cet humain, et même s'il sentait qu'il n'était pas quelqu'un de très... fiable, il l'appréciait déjà.
Le soutenant en passant un bras dans son dos, il l'entraîna donc en direction de l'adresse indiquée.

« Bah… La peur de la foule, du noir, des ascenseurs, ok. Des femmes, c’est vraiment con. »

Mais c’était comme ça, et même si il avait progressé (normalement il se serait mit à hurler sans bouger), il n’arrivait pas à se contrôler. Une des raisons pour lesquelles il avait arrêté les cours très vite. Kanon regardait Juka qui eut une réaction bizarre, et se laissa aller à se demander quelle genre de peur il pouvait bien avoir, lui. Est-ce qu’un vampire peut avoir peur ? Mais après tout, pourquoi pas ? Juka lui redit qu’il aurait du apprécier la morsure. Kanon fit « non » avec la tête.

« Impossible. Si ça fait remonter les souvenirs… C’est impossible. »

Il n’avait pas de bons souvenirs. Il avait oublié l’avant enlèvement, gardait une brûlure cuisante de la semaine d’horreur qu’il avait vécu, et ne s’attachait pas à l’après. La seule chose qui lui revenait, quoi qu’il arrive, c’était cet homme et cette pièce… et.. bref.
Juka l’accompagna jusque devant son immeuble. Kanon était très bien lotit. Il payait son loyer en quelques nuits après tout.

« Tu veux monter ? »

" Personnellement, je ne saurais pas dire, je n'ai connu aucune femme ... "

Juka vivait dans un monde d'hommes depuis qu'il avait été vendu par ses parents. Il avait oublié sa famille, et même si son frère était réapparu récemment, lui rappellant qu'il avait un jumeau, les souvenirs de son passé lui restaient très lointain. Mis à part les horreurs qu'il avait vécu après sa vente, Juka non plus n'avait rien d'heureux en mémoire.
Alors qu'ils avançaient, il entendit Kanon s'interroger au sujet de sa peur, voulant savoir si les vampires pouvaient en avoir... Et bien oui, avant la plus grande peur de Juka était de perdre Yuuki, maintenant que c'était chose faite, il craignait qu'on ne lui enlève Kai, mais par dessus tout ...

" J'ai peur des animaux. Tu vois, ce n'est pas plus glorieux. "

Ils en revinrent à parler de la morsure, et Juka devint songeur un moment...

" Non... ça ne fait pas remonter les souvenirs obligatoirement, tout dépend de la façon... Si je te mords à l'aine, la sensation sera totalement différente. "

Bien plus sexuelle et au dela de tout aspect moral, l'effet était surtout physique. Quoi qu'il en soit, ils étaient arrivés devant un bel immeuble, Kanon ne se refusait rien visiblement, et Juka sourit un peu en l'entendant lui proposer de monter.

" Si ma présence ne t'es plus insupportable, je veux bien. "

Il n’avait connu aucune femme ? Vraiment ? Woaw ! Kanon était surprit, il ne pensait pas que c’était possible. Bon, bien sur, on en voyait tous les jours. Mais… Il devait au moins connaître sa mère non ? Peut être pas. Il ne connaissait rien de Juka. Et lui, il n’avait pas le don de lire dans les pensées.
Le vampire lui avoua qu’il avait peur des animaux.

« De tous les animaux ? »

Et bien heureusement qu’il n’avait pas encore fait l’acquisition du chat qu’il voulait depuis quelques temps alors, ça aurait rendu Juka fou. Cela dit, ça aurait été une semi-vengeance. Mais, il se demandait comment on pouvait avoir peur d’un truc aussi mignon qu’un lapin ou une souris. Ou d’un chat. Il n’y avait rien de plus mignon qu’un chat.
Juka lui expliqua que s’il le mordait à l’aine, par exemple, ce serait totalement différent. Se faire mordre à l’aine… Quelqu’un d’aussi pervertit que Kanon se doutait fortement de ce que ça pourrait faire ressentir. Ca, ça l’intéressait. Mais pas ce soir, et pas spécialement avec Juka qui maintenant, en savait beaucoup trop sur lui.
Quoi qu’il en soit il invita le vampire à venir chez lui.

« Bof, j’me suis remis dirons-nous. » Kanon était le genre à ne pas s’attarder sur ces choses là. Ils entrèrent donc et prirent l’ascenseur pour arriver jusqu’au duplexe du plus jeune. Rien que de voir son appartement le détendait. Ici, il était tranquille.

« J’te propose pas à boire, je suppose. » Il se sépara de Juka pour aller s’affaler sur son canapé et fermer les yeux.

Oui, il aurait pu connaître au moins sa mère... Mais non. Il n'en avait qu'un vague souvenir, celui du soir où ils les avaient réunis tout les deux, son frère et lui, habillés soigneusement, en leur demandant d'être sage et de se montrer très poli quand les invités arriveraient... Il se souvenait l'avoir vu détourner le regard, alors que les vampires les avaient fait se mettre nu pour pouvoir les observer, avant de décider de payer, et d'embarquer les jumeaux. Ca ne remontait pas plus loin, et il ne considérait pas ça comme un bon souvenir.

" Oui, tous ... Je ne peux pas l'expliquer. "

Il n'allait pas pousser jusqu'à lui dire qu'il se trouvait paralysé devant le moindre chat ou chien, et qu'il ne pouvait pas approcher les rongeurs. Peut être était-ce à cause de la cave dans laquelle il avait passé la moitié de son enfance, partagée avec des rats aussi gros que des lapins.
En tout cas, il se retrouva rapidement dans l'appartement du jeune mortel, ne fouillant plus ses pensées. Il était déjà allé trop loin dans sa tête pour une première rencontre.

" Ce ne sera pas nécessaire en effet ... mais pourquoi m'as-tu fait monter ? "

Intrigué, Juka tira une chaise pour aller s'asseoir, ne quittant pas l'humain des yeux.

C’était fou quand même, mais Kanon n’avait rien à dire. Lui, il avait peur des femmes. Et le vampire, peur des animaux. Au final, c’était pareil – Oui Kanon a une grande considération des femmes. Il se sentait un peu mieux maintenant, Juka lui demanda pourquoi il l’avait fait monter. Kanon ne put s’empêcher de sourire.

« De un, je n’aurai peut être pas réussit à monter là tout seul. » Fit-il judicieusement remarquer.

« Ensuite… Si je t’avais laissé partir sur cette mauvaise impression… hm… Je ne sais pas, ça n’allait juste pas comme ça. »

Il ne faut pas trop chercher plus loin. Avant la morsure, il avait vraiment passé une bonne soirée. Il ne fallait pas qu’ils se séparent sur cet évènement sinon, Kanon avait le pressentiment qu’il raterait quelque chose. Et Kanon fait particulièrement confiance à son intuition. Le brun passa une main dans son cou.

« Au fait, je n’ai aucune douleur. Et de ce que je sens, pas de trace, comment ça se fait ? »

" Je vois... Alors heureusement que je t'ai sauvé de cette harpie, autrement... nous nous serions quittés en mauvais termes. "

Peut être que le fait que Juka lui ait confié sa peur avait permis à Kanon de se détendre, ou de se dire que quelque part, ils étaient sur un pied d'égalité. Certes, lui avait accès à plus de données personnelles en ce qui concernait le brun mais... il ne se faisait pas prier pour répondre aux questions non plus.

" Je me suis dit qu'avec le travail que tu fais, et puisque les autres n'ont pas le droit de te mordre ... il valait mieux que ta peau soit intacte. Alors je t'ai soigné. "

Ca sonnait comme une évidence pour Juka, qui regardait vaguement la décoration de la pièce après avoir répondu. Mais en fait il réalisait que si Kanon n'avait jamais été mordu, c'est qu'il ne connaissait pas grand chose aux pouvoirs et limites d'un vampire... il ne devait avoir affaire qu'au sexe avec eux... sans rien de plus.

" En fait, le sang de vampire guérit les plaies, j'ai simplement versé quelques gouttes du mien sur ta blessure et elle s'est refermée. "

« Voilà. »

Kanon écouta l’explication de Juka. Alors il pouvait soigner les blessures ? En tout cas, oui, heureusement qu’il l’avait soigné. Ses autres clients n’apprécieraient pas de se faire interdire quelque chose qu’on lui aurait visiblement déjà fait. Mais en effet, Kanon ne partageait rien de plus avec les vampires que leur argent et une nuit de sexe.
Juka lui expliqua donc les propriétés du sang vampirique.

« Hmm… Ca c’est cool. »

Fut sa seule remarque. Pouvoir soigner comme ça, c’était bien pratique. D’ailleurs, vu qu’il tombait parfois sur des violents, ça pourrait être une information particulièrement utile !

« Vous êtes vraiment des êtres incroyables. » marmonna-t-il plus pour lui que pour Juka.

« Ca ne soigne que les plaies ? » Il se redressa un peu. « Fin là, toi tu n’as soigné qu’une plaie n’est ce pas ? Imaginons, si j’étais malade, ton sang pourrait me soigner ? »

" J'ai entendu parler d'un clan d'alchimistes humains qui font des expériences sur les facultés du sang de vampire... pour en faire un médicament ou un genre de potion de jouvence... Mais il ne peut pas guérir les maladies. Il régénère les cellules mais ne chasse pas les virus ou les infections. C'est d'ailleurs un drame pour beaucoup des vampires qui se prennent d'affection pour un humain. "

La plupart du temps, lorsqu'une romance démarrait entre un mortel et un vampire, soit le vivant finissait par quitter l'immortel pour ne pas qu'il le voit vieillir et mourir ... Soit il finissait par rejoindre les enfants de la nuit. Parfois même, les deux se suicidaient mais Juka trouvait cela plutôt pathétique.
Juka avait regardé le jeune homme se redresser, interessé par les pouvoirs du vampire.

" Si tu étais malade, je pourrais simplement te regarder mourir, ou faire de toi l'un des notres. "

Mais jamais Juka n'avait encore osé vampiriser quelqu'un ...

Kanon écoutait sagement, vraiment intéressé par ce que lui racontait le vampire. Il se trouva rassuré, après tout, si Juka s’était amusé à guérir ce que le brun prenait soin de détruire depuis trois ans, il n’aurait pas apprécié. Et oui, il était malade. Et, oui, il l’avait provoqué et espérait bien mourir jeune. Suicidaire et malsain, Kanon, quoi. Des vampires amoureux d’humains… Bah, l’amour en soit, l’idée répugnait le plus jeune.

Il s’enfonça à nouveau dans son siège en soupirant. Il en avait des choses à découvrir sur ces drôles de créatures, finalement. Jusqu’ici il ne s’y était pas intéressé vraiment mais maintenant c’était autre chose. Kanon fit un geste, comme pour chasser une mouche.

« Ah, je ne tiens absolument pas à devenir un vampire. Mais c’est fou, tout ça. Alors, j’ai compris que vous lisiez dans les pensées, et que vous pouviez mordre sans tuer, et aussi guérir les blessures avec votre sang… Je sais aussi… » Il sortit de sous son haut une chaine avec au bout une croix en argent, « que l’argent ne vous fait pas du bien. » Il se frotta la tête, bah oui, toujours avoir sur soi de quoi calmer un client qui perdrait le contrôle... « Vous avez d’autres pouvoirs ? »

C'était étrange pour Juka de parler de ce genre de choses... Sa nature de vampire, il ne s'en était jamais vanté. Pour tout dire, il détestait son espèce, presque autant que les humains. Il haïssait autant la force que la faiblesse, et se sentait parfaitement neutre à son propre égard. Il ne s'appréciait pas, mais ne se détestait pas plus que ça. Il estimait ne pas agir contre sa nature, et essayer d'apporter aux esclaves plus de confort que ce à quoi il avait eu droit. En les dressant, ils leur apprenaient la docilité pour leur éviter de se prendre trop de coups. A savoir si c'était vraiment une bonne action... ça il n'en savait rien.

Kanon semblait troublé, il s'enfonça dans son siège sous le regard attentif du vampire qui l'écouta s'exprimer sur ce qu'il venait d'apprendre, et le peu qu'il savait déjà.
Juka grimaça légèrement en le voyant sortir la croix d'argent.

" C'est aussi vif qu'un fer rouge contre notre chair ... "

Des brûlures vives et douloureuses pour la plupart des vampires. Juka hocha doucement la tête en y repensant, il en avait fait les frais de la part de certains esclaves qui, tout juste capturés, portaient encore quelques défenses sur eux.
Kanon demanda ensuite s'ils avaient d'autres pouvoirs...

" Je ne sais pas si on me blâmerait pour dévoiler nos secrets mais ... Il y a notre force, et la vitesse à laquelle nous sommes capables de bouger. Ensuite tout dépend de l'âge. Il parait que le Premier est capable de déclencher une combustion d'un simple regard, et qu'il ne craint plus les rayons du soleil. Certains vampires âgés sont capables de voler, ou d'utiliser leur force mentale pour déplacer des objets... C'est assez rare et je n'en fais pas partie, je n'ai pas encore deux cent ans, on peut me considérer comme un jeune vampire, donc mes dons sont limités. "