Mais qui vois-je~? ( Kousei )

Deux années... voilà que cela faisait déjà deux ans que je vivais dans cette grande demeure, aux côtés de maître Gackt et de ses affreux favoris. J'avais beau être humain et eux vampires, je ne me laissais pas marcher dessus et je comptais bien faire valoir mon amour pour notre maître, père, commun. Je valais autant qu'eux et j'imaginai même parfois le jour où j'allais devenir moi même l'un d'entre eux... Oh, je n'étais pas pressé, en fait... Devenir vampire ne m'attirait pas beaucoup car la lumière du jour, la nourriture, la boisson, je devinais aisément à quel point tout cela me manquerait si je faisais la demande de rejoindre le monde des ténèbres. Alors pour l'instant, c'était quelque chose que je gardais profondément enfoui en moi, et même Gackt n'aurait pu soupçonner qu'il m'arrivait d'y songer.
En attendant, il me fallait partager son amour avec ces êtres froids et hautains qui ne me considéraient certainement pas mieux qu'un morceau de viande ou un animal de compagnie. Je savais heureusement que pour Gackt, notre relation ne se limitait pas à cela. Je savais qu'il tenait réellement à moi, et c'était pour moi un réconfort inimaginable, car si je venais à le perdre je ne saurais plus qu'un fantôme, une ombre de moi-même. Il était devenu ma raison de vivre depuis notre rencontre, et je ne comptais pas être un jour séparé de lui.

Ce soir là, mon cher maître s'était absenté. Je détestai lorsque cela arrivait mais il me fallait bien accepter d'être seul de temps en temps. Comme je rejetais la compagnie des autres vampires, autant que celle de mon collègue esclave, lorsque Gackt n'était pas là cela signifiait généralement que j'allais passer la nuit seul à jouer dans le jardin ou sur les toits de notre demeure. En l'occurrence ce jour ci, j'avais choisi le jardin, et plus particulièrement un grand arbre très fourni en branches dans lequel j'adorai grimper. Du haut de son sommet, on pouvait apercevoir les lumières de la ville, le vieux cimetière, le reflet de la lune brillant dans les remous de la rivière... C'était un spectacle très agréable et reposant, et bien que je sois quelqu'un de très actif, il m'arrivait quand même parfois de m'asseoir et de prendre un moment pour me reposer et songer, ce que j'avais fait ce soir là. Perché dans mon arbre, je pensais à mon ancienne vie, souriant légèrement aux astres qui brillaient dans le ciel sans nuages...
M'étant suffisamment ressourcé, je finis par entamer ma descente de ce superbe point de vue et me laissais rapidement filer entre les branches jusqu'à atterrir en un saut parfait sur mes pieds à sa base. Le haut sans manches que je portais laissait entrevoir de nombreuses éraflures et griffures ouvertes dues au contact avec les petites branches. Les entailles ne me dérangeaient pas, et ne me faisaient pas mal, mais en constatant le sang qui s'en échappait, je ne pouvais m'empêcher de songer que ça risquait d'attirer l'attention des vampires sur moi. Une perspective que je n'appréciai pas vraiment en l'absence de maître Gackt... et puis, je l'entendis. J'aurais su reconnaître cette voix entre mille et mon sang ne fit qu'un tour tandis que je me figeai sur place, un frisson me parcourant l'échine. Mikaru...
Avec lenteur et précaution, je me tournai à demi vers lui...

- J'étais là avant. Vas-t-en.

Comme à mon habitude, je m'adressai à lui avec froideur. Il savait bien que je ne l'aimais pas. Et que ça ne changerait jamais. Malheureusement, je n'étais pas le plus fort de nous deux.

La jalousie, et l'amour de maître Gackt, c'était sûrement là les deux seules choses que nous avions en commun Mikaru et moi. Je n'aimais pas ce vampire. Je le détestai au même titre que tout ceux qui logeaient, de passage ou non, dans cette demeure. Dans le sens où Gackt devait m'appartenir, toutes ces personnes m'étaient rivales, et par conséquent je me devais d'adopter à chaque instant une attitude hostile à leur égard.
J'avais tout de même de la chance, car je savais très bien que Gackt m'aimait, et je lui étais quasiment devenu indispensable dans le sens où il ne pouvait se passer de mon sang trop longtemps. Pas que ce soit une nécessité, mais je savais que sa saveur lui plaisait, et j'en étais ravi, car nos étreintes constituaient toujours pour moi un moment magique et intense, et j'en redemandais toujours d'avantage.

Pour en revenir à ce soir là, je me dégourdissais tranquillement les jambes dans mon arbre favori lorsque mon chemin croisa celui du vampire que j'appréciais sûrement le moins dans le domaine de mon maître. Mikaru. Ce sale prétentieux aux yeux de chat, qui vous transpercent comme deux poignards quand il vous sonde avec intensité. Chacune de nos entrevues finissait mal, et bien souvent pour moi plus que pour lui... Il faut croire que nos chamailleries étaient devenu une sorte d'amusement, et finalement je ne m'étais jamais plaint au maître de ce qu'il pouvait me faire... Notre accord était clair, il avait interdiction formelle de me mordre ... mais le reste, que pouvais-je y faire, si je voulais échapper à ses crocs ? Je restai le plus faible de nous deux, le mortel, et j'acceptai finalement, me débrouillant chaque fois pour en éprouver un certain plaisir.
Je suis masochiste, je ne le cache à personne. Gackt le sait. Il sait que j'apprécie les coups et l'humiliation, même quand je ne le montre pas. Il connait bien mes vraies craintes, et les choses qui me blessent réellement ne sont certainement pas des faits physique, mais plutôt l'enfermement et la privation, la solitude... ce sont des choses que je ne peux tolérer sur du long terme...

Le vampire s'était redressé et à présent, nous nous faisions face. Assez peu impressionnable, je le regardai, les yeux levés dans sa direction, posant sur lui un regard insolent. Comme toujours, j' étais sûr de moi. Mikaru ne me faisait pas peur. Il n'était qu'un vampire comme un autre, favoris de mon maître ou pas.

- Tu dois vraiment être un enfant pour te vexer pour si peu.

Il s'avança d'un pas. Je ne reculais pas, penchant légèrement la tête en arrière, les yeux toujours levés dans sa direction car je ne le quittais pas du regard, l'observant à travers les cheveux qui me barraient à moitié le visage...

- Si ce n'est que ça, la prochaine fois je viens avec un couteau et je graverai mon nom.

Lui répondis-je fièrement. Et oui, j'étais heureux car maintenant, grâce aux leçons de Gackt, j'avais fait des progrès étonnant en lecture et en écriture et je savais écrire mon nom... Je doutais que cela impressionne en quoi que ce soit le vampire, mais c'était pour moi une réelle satisfaction.

- Vas donc jouer ailleurs, la place est prise ici.

Loin d'être stupide comme beaucoup de vampires pouvaient le penser de moi à tort, j'étais bien conscient de la chance que j'avais d'appartenir à Gackt. Cette simple raison m'avait sauvé la vie bien des fois, car lors de situations périlleuses, il me suffisait généralement de mentionner mon maître pour être débarrassé des troubles faits, ou tout du moins, limiter le mal qu'ils pouvaient me faire. En l'occurrence avec Mikaru, le fait que je sois esclave l'empêchait de mettre fin à mes jours, me ne l'interdisait pas pour autant de prendre du plaisir avec moi, que ce soit avec ou sans mon approbation. Gackt ne lui avait pas donné son désaccord, et moi, je ne pouvais pas me plaindre, car tant qu'il ne mordait pas, j'estimais que nous étions quittes ... Mon insolence contre son plaisir sexuel ou violent, ça dépendait des fois, et quoi qu'il en soit, j'y trouvais toujours une part de plaisir, étant moi même déviant sur certaines choses ...

Le vampire s'était approché de moi et me regardait du haut des quelques 10 centimètres qu'il avait de plus que moi. Je ne bronchais pas et le fixais toujours avec intensité, mon regard sombre plongé dans le sien qui devait pouvoir me sonder aussi facilement qu'un livre ouvert ... Je ne me cachais jamais des pouvoirs des vampires, je savais que s'ils le souhaitaient, ils pouvaient lire mes pensées, à moi simple mortel, mais comme pour me montrer plus désinvolte encore, je n'essayai même pas de les cacher. « Lis donc en moi, je n'ai rien à cacher. Que je te hais, tu le sais déjà. »
Avec un certain amusement, je le suivais du regard tandis qu'il me tournait autour comme un félin autour de sa proie. J'attendais le moment où la bête se réveillerait et me sauterait dessus... pour tout dire, ce petit jeu m'excitait beaucoup, loin de m'énerver, j'éprouvais un plaisir malsain à pousser ses nerfs à bout pour qu'il joue avec moi... En fin de compte, notre relation était plutôt particulière, et j'en venais parfois à me demander s'il n'aurait pas fini par me manquer s'il avait du partir ... Nous nous haïssions peut être, mais au fond, nous ne pouvions pas réellement nous passer l'un de l'autre. Moi j'aimais l'agacer, et j'aimais attirer son attention, et lui, je le soupçonnai d'aimer mon corps et mes provocations bien plus qu'il ne daignait le montrer ...

- Haa ...

Sans que je m'y sois attendu, je fus bientôt poussé en avant, droit sur l'arbre. Je tournai la tête rapidement afin d'éviter de m'y cogner, tandis que ma respiration s'accélérait. La montée d'adrénaline que j'attendais arrivait enfin, et voilà que maintenant, je jouais avec ma vie, encore. Il aurait été tellement simple pour ce vampire de faire disparaître la raison de toutes ces crises de nerfs... mais il ne le pouvait pas. Alors dans le fond... le plus fort... c'était toujours moi.
Afin de l'énerver d'avantage, je souris doucement lorsqu'il vint murmurer à mon oreille des paroles qu'il voulait menaçantes... mon corps tremblait doucement, car oui, j'avais peur ... mais j'aimais cette sensation.

- Oh oui, apprends-moi. C'est vrai que tu n'es pas capable de te trouver ton propre esclave...

Je ris doucement, restant contre l'arbre, anxieux et excité à la fois. Fou ? C'était bien possible ...

Pour que je tremble, il m'en fallait généralement beaucoup, mais allez savoir pourquoi, ce soir-là ma réaction fut presque directe. Le contact avec Mikaru me semblait différent de d'habitude, à vrai dire, il avait l'air bien plus énervé. D'ordinaire j'avais le temps de jouer un peu avec ses nerfs avant qu'il ne commence à me frapper ou me déshabiller, selon son humeur... mais ce soir, il ne lui avait fallu que quelques paroles échangées pour que déjà je sente mon short quitter sa place et glisser le long de mes jambes finement musclées.
Il m'inquiétait. Son état n'était pas habituel et par conséquent je craignais un peu plus pour ma peau que je n'en avais l'habitude. Oh bien sûr, je n'allais pas lui donner le plaisir de montrer ma crainte, mais je comptais bien me tirer de ce mauvais pas en vie et entier ... On ne sait jamais avec les bêtes sanguinaires comme lui.

Alors qu'il m'avait seulement plaqué contre l'arbre, je ne compris pas tout de suite quelles étaient ses intentions. A quel jeu allait-on jouer ce soir ? Et bien vite, j'eus les explications qu'il me manquait, de même que les réponses à mes provocations. S'il n'avait pas d'esclave c'est qu'il préférait s'occuper avec ceux qui se trouvaient déjà sur le territoire de mon maître... autrement dit, moi, et mon stupide alter-ego que je ne supportais pas plus que les autres vampires. Si j'étais suicidaire ? C'était bien possible. Je n'avais jamais eu peur de la mort, mais je chérissais la vie aux côtés de mon maître, et malgré les menaces, coups et viols, je ne craignais pas la mort. J'avais la certitude que ni Mikaru, ni personne ne pouvait se risquer à me mettre en danger sérieusement sans craindre de se voir corrigé sévèrement par le Premier. Mon maître bien aimé.

- ... Ah ... 

Un frisson me parcourut le dos, me glaçant le sang tandis que je sentais la langue du vampire glisser contre le lobe de mon oreille. Son corps faisait pression contre le mien, m'immobilisant presque complètement contre l'arbre et il profitait également de sa force supérieure pour laisser ses mains baladeuses jouer contre ma peau au combien sensible et réactive... Il me fallait bien l'avouer, dans une telle situation, l'excitation montait très vite chez moi. J'avais toujours adoré les rapports violents, forcés, peut être autant que les douces étreintes avec l'être que j'aime... Alors, je le reconnais, mes jeux dangereux avec Mikaru me plaisaient, même si nous nous haïssions réciproquement et ouvertement. Pour lui je n'étais qu'un esclave, un chien, un morceau de chair et un être inférieur et minable... Mais à mes yeux, il n'était rien de plus qu'un vampire. Ni un homme, ni un animal de compagnie. Mon maître l'avait sûrement adopté par pitié pour lui, et maintenant la pauvre bête errait, et pour s'occuper, ne trouvait rien de mieux à faire que s'attribuer les jouets des autres ! Franchement, qui était le plus à plaindre ? L'âme en peine, ou l'esclave qui prend du plaisir quoi qu'il arrive ..? Je vous laisse deviner.

Mais comme je vous le disais, ce soir là... mon compagnon de jeu semblait être en proie à une toute autre colère, une que je ne connaissais pas et dont je n'avais pas été la cause. Il venait jouer avec moi pour calmer ses nerfs au sujet d'une autre prise de tête, et dieu sait que ça ne sentait pas bon. Comment vous protéger d'une chose dont vous n'êtes pas coupable ? Je soupirais... Ses mains sur mon corps ne cessaient de m'arracher des frissons de crainte incontrôlée autant que de plaisir malsain, mais la main glissée dans mon caleçon n'était pas aussi douce. Il serra mon membre, je me cambrai contre lui, la tête renversée en arrière, le regard dans sa direction.

- Je... t'aime aussi. 

Provocation. Que faire de plus ? C'était notre habitude, notre jeu, notre amour haineux et vital... Deux ans que j'étais là et que nous nous étions rapprochés de cette façon. Je savais qu'au fond il m'aimait. Peut être qu'une partie de moi l'appréciait aussi... en tout cas, j'aimais ce qu'il faisait, même si à cet instant, j'avais plutôt mal.
Reposant le front contre l'écorce de l'arbre, je m'efforçais de réfléchir à toute vitesse, cherchant un moyen d'améliorer ma situation bien que, dans l'état d'excitation où j'étais, même l'option de la fuite me semblait peine perdue... Je sentais ses crocs contre mon cou, ma peau si fragile prête à céder à la moindre petite pression de sa part, bien que je restais persuadé qu'il était incapable de transgresser nos règles...
Finalement, l'idée surgit, stupide, si simple, et si bête, qu'il m'avait fallut au moins 15 secondes pour la trouver. Et autant avant de me décider à l'appliquer, mais d'un coup, je relevais vivement la tête pour lui donner un coup de l'arrière du crâne et le faire reculer. Il m'était inutile de récupérer mon short, une perte de temps, mais je pouvais au moins prendre mes distances et espérer ne pas être pris comme une chienne contre cet arbre que j'aimais tant.

Profitant du fait que le vampire était sonné, je me mis à courir aussi vite que possible en direction du bosquet de notre beau jardin. Je n'espérais pas pouvoir me cacher, ni même lui échapper, avec sa vitesse de vampire... Mais je comptais bien gagner un peu de temps, et lui donner une bonne raison de m'en vouloir.
Riant tout en courant pour m'éloigner de lui, j'ajoutais encore :

- Attrape-moi vilaine chauve-souris !

J'ai toujours été un peu trop joueur, un peu trop provocateur. Ça ne date pas d'hier... Sur la première terre déjà, j'aimais jouer avec le feu, provoquer le danger, qu'il vienne de personnes dangereuses ou de situations. La mort ne m'effrayait pas, souffrir ne m'inquiétait pas, et c'est ce qui avait fait de moi un excellent acrobate, ignorant le vertige, la peur de la chute. Oh bien sûr, j'étais souvent tombé, croyez-vous que cela m'ait un jour empêché de remonter sur une corde ? En haut d'un arbre ? Sur les toits de la ville ? Certainement pas.
Le danger fait vivre, l'adrénaline est une source de plaisir intense que j'exploite au mieux depuis tout jeune. Naturellement, maintenant que je ne suis plus funambule mais esclave, j'ai du changer mes procédés, trouver de nouveaux divertissements et parmi ceux-ci figure peut être en numéro un le jeu du chat et de la souris avec ce cher Mikaru, fils de Gackt, et donc, mon ennemi direct dans l'amour de mon maître vampire.

Ce soir là, j'étais juste tombé au mauvais endroit, au mauvais moment. J'avais été bien loin d'imaginer que Mikaru affectionnait le même arbre que moi, et qu'il aurait choisi mon terrain de jeu comme aire de repos. Il avait fait une erreur... à moins que l'erreur ne soit venue de moi. Ah, non, suis-je bête, j'étais là le premier, c'était donc lui l'intrus. Oui enfin... il ne l'entendait pas de cette façon.

A demi-nu, coincé contre un arbre et gémissant pour ma virilité serrée entre les doigts glacé du vampire, j'avais réussi à me dégager pour m'enfuir en direction d'un bosquet qu'abritait l'immense jardin de notre bienfaiteur commun. Je savais que Mikaru me suivrait, que je n'échapperais pas à ses mains, à son sexe, à sa violence, je le savais comme je savais que j'allais avoir mal, peut être même arriverait-il à me faire pleurer, comme il y parvenait parfois... Il savait comment faire, comment me faire peur, comment me soumettre...
Je le craignais autant que j'avais envie de lui, ce qui, je dois l'avouer, était plutôt paradoxale. Ce sale monstre m'excitait de par sa simple présence, alors que je ne l'aimais pas. Je le haïssais même et le sentir contre moi me dégoutait... pourtant... je ne pouvais m'en passer... Mikaru. M'avait-il hypnotisé pour ça ? Je n'en avais pas la moindre idée. Bien qu'il me semblait que non, personne n'aurait pris le risque de contrôler mon esprit sachant que Gackt ferait payer cher celui qui me ferait du mal... Mais Mikaru... Mikaru c'était différent, j'avais juré de garder le silence sur notre relation, et malgré tout mes défauts, je suis tout de même un homme de parole.

Il me rattrapa dans le bosquet, attrapant ma crinière pour me tirer violemment contre lui. Je perdais l'équilibre, me raccrochant à son bras. Le souffle court, je commençai à craindre pour ma soirée, bien que j'étais toujours assez cinglé pour continuer à provoquer mon bourreau... Ca se payerait ? Hum... au moins, il n'allait pas me prendre comme une chienne contre mon arbre favori. Maigre réconfort... ce serait au sol la tête contre la terre, ou contre un arbre du bosquet... ce serait sauvage et brutal, comme chacun de mes rapports avec lui ...

« Donne-moi ton prix, je ne suis pas pauvre. »

Jeté au centre du bosquet, je tombais quatre pattes, la terre sèche écorchant mes paumes et mes genoux dénudés. Je n'eus même pas le temps de faire un mouvement pour me redresser que je le sentais revenu contre moi. Le jeu commençait et j'allais prendre cher, mais j'y étais préparé. Reprenant simplement mes esprits, j'essayais de me dégager dans le plus simple des réflexes de survie du monde... son regard m'inquiétait et la pénombre n'arrangeait rien...

Le jeu du chat et de la souris semblait avoir assez duré aux yeux de Mikaru. Dommage, j'aimais beaucoup m'amuser avec lui, l'énerver jusqu'à le sentir vraiment frustré de ne pas avoir le droit de planter les crocs en moi. Oh évidemment, rien ne l'empêchait de le faire, ce n'est pas avec ma maigre force que j'aurais pu l'en empêcher, mais il le savait, s'il me mordait, j'irais dire à mon maître qu'il me violait. Et ça avait beau me plaire, ça restait contre ma volonté. Ca l'avait été la première fois, un peu moins les suivantes, puisque je le cherchais, mais aux yeux de Gackt ce serait tout de même un méfait et je ne doutais pas qu'il saurait punir son fils pour ça. En plus, je pourrais dire qu'il m'avait mordu... Enfin, résultat, il avait tout intérêt à garder ses crocs rangés s'il ne voulait pas d'ennuis, et en échange, je le laissais faire... ce qu'il voulait de mon corps. Mon âme restait intact, mon sang aussi. Ma dignité un peu moins, mais ça n'avait pas d'importance, j'y prenais plaisir.

Plaqué au sol, le visage contre la terre et quelques feuilles mortes tombées des arbres qui nous entouraient, je regardais en direction des racines toutes proches où grouillaient un nombre incalculable d'insectes. Je frémis doucement, sentant sa main revenir s'occuper ma virilité qui n'avait pas diminué de volume depuis qu'il avait commencé ses attouchements. La situation m'excitait, Mikaru m'excitait, je ne contrôlais pas mon corps plus que ça, je n'avais pas l'habitude de freiner mes envies, et n'avait plus rien à lui cacher de toute façon.

« Mh ... »

Il continua à me masser jusqu'au bord du supportable et je soupirais doucement, portant un poing à ma bouche pour le mordre et ignorer la douleur qui commençait à se faire pressente au niveau de frustration que j'atteignais. De l'autre main, je serrais entre mes doigts quelques brins d'herbe, appréhendant ce qui suivrait. Mikaru avait retiré sa main et je le sentis m'arracher mon sous vêtement d'un geste brutal et vif. Voilà qui signifiait au moins une chose, j'allais devoir attendre que le jour se lève pour rentrer à la maison ... Il était hors de question que je prenne le risque de croiser Gackt à moitié nu, il ne comprendrait pas, et je ne pouvais pas lui expliquer notre relation complexe. J'allais devoir attendre... dormir dehors, avec ma douleur, sans doutes, car je savais déjà que le vampire ne m'épargnerait rien. Je m'y étais déjà préparé, je m'attendais à souffrir. A pleurer peut être, même en aimant souffrir, les réactions du corps ne sont pas toujours celles de l'esprit. Qu'est ce qu'il voudrait de moi, me prendre, et en rester là ? Ce serait juste comme d'habitude... Pourtant je l'avais bien énervé, je m'attendais à pire, et j'angoissais quelque peu de ne pas savoir ce qu'il comptait faire avec précision.

Une partie de moi demandait à le provoquer encore, alors que l'autre me disait de tâcher de me détendre pour rendre la situation moins désastreuse qu'elle ne l'était. Je n'étais pas en état de réfléchir, ni d'être raisonnable. Je sentais Mikaru dans mon dos, je savais qu'il allait se dévêtir, et passer aux choses sérieuses. Je brûlais entièrement de frustration sous son corps glacé, mais je n'avais plus qu'une chose à faire... attendre la suite.

L'angoisse et le désir de voir les choses s'accélérer m'auraient rendu fou. Mikaru se tenait au dessus de moi et il m'était bien impossible de savoir ce qu'il comptait faire, une seule chose pouvait être certaine, j'allais avoir mal. C'était toujours comme ça avec lui, et peut être que je le cherchais aussi, mais aujourd'hui c'était différent, il semblait être plus énervé que d'habitude et pas seulement parce qu'il m'avait croisé. Ça venait de quelque chose d'externe à notre "relation"... En plus de cela, je l'avais frappé... S'il n'avait pas été l'un des trois favoris de mon Maître, et par conséquent, quelqu'un de vraiment lié à lui, je suis sûr et certain qu'il m'aurait tué sur place. J'avais franchi une limite que les mortels ne se risquent habituellement pas à passer, j'avais fait saigner un vampire... quelque chose me disait que je le payerai de mes larmes, mais soit, j'y étais préparé.

Débarrassé de mes dessous, je sentais le vampire s'affairer dans mon dos pour se dévêtir à son tour. Un gémissement, ou plutôt, un couinement m'échappa alors qu'il enfonçait les ongles dans la chair de mes hanches, me signalant par ce simple geste que je pouvais m'apprêter à le sentir me pénétrer sans attendre, et ce fut le cas. Le son de ma voix perça dans la nuit sombre de cette chaude soirée. J'avais étouffé mon cri en mordant mon poing à sang, mais ça ne suffit pas à le stopper complètement. La douleur était intense et déchirante, sans préparation, même si c'était loin d'être ma première fois, je savais que j'allais saigner. Je tournai la tête de l'autre côté, soupirant, haletant déjà alors qu'il commençait sans plus attendre à bouger son bassin, m'agressant un peu plus à l'intérieur...

C'était bon... douloureusement bon... et mes larmes coulaient déjà sous la douleur qu'il me faisait ressentir. Il ne se moquait pas, ne parlait pas comme il le faisait d'habitude... quelque chose clochait.

« T'as l'air... frustré. V...vampire... »

Ce n'est pas parce qu'il me soumettait que j'allais me taire... nous avions nos habitudes et la mienne, de provoquer, ne disparaissait pas si facilement ! S'il n'allait pas bien j'espérais qu'au moins mon viol lui serait d'un certain réconfort, même minimum, car après tout tant qu'à souffrir, autant que cela soit au moins utile à l'un de nous deux. Dans mon cas c'était assez complexe. La plupart du temps j'aimais cela, mais lorsqu'il était trop violent, et pas assez joueur, comme il semblait être en cet instant, il me faisait peur...
J'avais peur car je ne le comprenais pas, je ne savais pas ce qu'il pouvait lui passer par la tête et ce qu'il comptait me faire... Sa force et sa vitesse n'ayant rien d'humain, il m'était impossible de lui échapper s'il venait à faire une crise de folie, et j'étais peut être joueur, mais il n'empêche que je tenais à ma vie ...

Le regard voilé par mes larmes, je ne fermais pas pour autant les yeux. J'étais habitué à ce que mes rapports avec Mikaru soient violents et douloureux, mais ce soir il allait bien plus loin que d'habitude. Dans ses coups de reins je sentais de la haine, une haine contre moi, mais pas uniquement. Je sentais sa propre douleur intérieure, qu'il tentait sûrement d'oublier en la dispersant à travers moi, sauf qu'il ne faisait que s'énerver d'avantage, tout en me réduisant à l'état de dévidoir geignant et pleurant.

Mes gémissements résonnaient dans le bois désert, bien que j'essayai de me faire le plus discret possible. Je n'avais aucune gloire à tirer d'attirer l'attention dans un tel moment, alors mieux valait que je me taise, et que je subisse en silence... sauf que lorsqu'il me semblait qu'enfin j'arrivais à faire taire ma voix, les mouvements de son bassin redoublaient de puissance et de profondeur. Je n'en tirais plus aucun plaisir, j'avais mal, simplement mal, et je murmurai doucement, comme admettant ma défaite.

« M... Mikaru... je t'en prie... »

Jamais je ne l'appelais par son nom, jamais je ne le suppliais, mais ce soir j'avais compris que c'était ce qu'il attendait, et je le lui donnais en espérant peut être réduire ma propre souffrance, en priant silencieusement pour qu'il s'arrête ou au moins qu'il commence à se faire plus doux.
Je saignai ... je pouvais sentir la chaleur du liquide pourpre entre nos corps, une réelle invitation à la monstruosité du vampire. Me mordant la lèvre doucement, je me redressai un peu, raclant mon coude contre la terre, ça n'avait aucune importance au point où j'en étais. Il fallait que Mikaru se calme où je perdrai conscience, et je n'avais vraiment aucune envie de me retrouver inconscient entre ses mains ... qui sait ce qui aurait pu lui passer par la tête ?!

Dans ces moments là, la douceur de Gackt de manquait terriblement. Je fermais les yeux, m'autorisant à rêver un peu pour oublier la douleur de mon moment présent. J'imaginais sa main caressant mes cheveux avec douceur et son regard empli de tendresse ... Pour combien de temps allais-je encore pouvoir jouir de son amour pour moi ..? Quand finirait-il par m'oublier à mon tour, pour passer à quelqu'un de plus intéressant ..? Je n'en avais aucune idée, mais je le craignais plus que tout...

Je n'avais que rarement connu de telles douleurs, en tout cas des mains de Mikaru, il me semblait que c'était la première fois qu'il allait si loin. La punition de Gackt lorsque j'avais fait fuir l'un de ses autres esclaves n'avait pas été aussi douloureuse, puisque moins physique que mentale... cette fois, c'est mon corps qui souffrait, et je n'avais pu m'empêcher de supplier mon bourreau, me rabaissant d'une façon que j'avais bien longtemps évité. Je ne voulais pas lui donner satisfaction, le faire sourire, lorsque ses viols étaient jeux. Mais ce soir tout était très sérieux, il ne jouait pas, et je n'imaginais même pas que m'entendre le supplier, m'humilier pour lui, lui ferait plaisir ce soir. Je souffrais pour épancher sa colère... une colère que je méritais ?

Brûlant de l'intérieur, je n'avais même plus conscience de mes jambes tremblantes et de ma respiration saccadée et irrégulière. Mes gémissements n'avaient plus rien de sensuel ou provocateur, ce n'était que des plaintes. J'attendais, j'attendais qu'il termine, qu'il se vide et me libère enfin, ce qui finit par arriver après qu'il ait tout de même ralentit assez pour que je sois encore assez conscient pour le sentir. Il se retira, je sanglotais, me sentant sale et faible. Je détestais réellement ça et ne pouvait rien faire de plus pour modifier la situation. En fait, je n'avais même plus la force de lui jeter un pic comme j'en avais l'habitude, ou le provoquer d'avantage. J'avais froid, et mal. Mon visage et mon corps entier salis par la terre et le sang... Je me repliais doucement sur le côté, cherchant à retrouver mon souffle, pour ensuite me souvenir qu'il m'avait bien excité avant de commencer son massacre... Ma virilité dressée me faisait mal aussi, réclamant sa libération dont je ne me sentais ni l'envie ni la force de m'occuper. Je fermai les yeux, toujours allongé au sol, sur le côté.

« J'espère qu'au moins... tu te sens mieux. »

Que ma souffrance n'ait pas été inutile, si j'avais le droit d'exiger quelque chose, c'était au moins ça. J'aurais également voulu lui demander de s'occuper de moi maintenant... Au moins de me ramener au chaud et de laisser les domestiques me soigner, s'il n'avait pas envie de le faire lui même. Après tout, nous étions ennemis... Mon ennemi bien aimé... Je ne pouvais nier que j'avais aimé ça... que j'aimais me dire que c'était avec Mikaru que je ressentais le plus de choses, bien qu'elles ne soient pas toujours positives. Je murmurai alors, espérant qu'il ne m'entendrait pas. Peut être même qu'il était déjà parti...

« Aide-moi ... »

Allongé contre la terre sale et humide, je commençai à me sentir défaillir progressivement. La douleur était si intense que je ne la supportais plus, je n'arrivais pas à faire abstraction de cette douleur lancinante au bas de mon dos, du sang que je sentais glisser entre mes jambes. Cette fois Mikaru avait bien réussi son coup, il me faudrait bien une semaine avant de pouvoir à nouveau profiter du plaisir charnel sans souffrir comme un chien. Je l'avais cherché, comme d'habitude, mais je ne m'étais pas attendu à ce qu'il soit si énervé. Peut être me serais-je modéré, si je l'avais su... mais c'était un peu tard pour m'en rendre compte.

Afin de me raccroché à la réalité et tentant de ne pas m'évanouir, je tendais l'oreille dans l'espoir d'entendre une réponse de Mikaru à mes questions, à ma demande d'aide, mais il n'y avait que le son du vent dans les branches des arbres pour me répondre. Le silence du vampire était aussi glacial que le contact de sa chair morte... j'en frissonnais, me laissant aller à de nouveaux sanglots et maudissant ma condition et mon esprit fou. J'adorais ça autant que je le détestais. Si j'avais au moins pu me raisonner, peut être que rien ne serait arrivé, mais il fallait toujours que je le pousse à bout, et que j'en redemande, jusqu'à ce qu'au final ce soit moi qui pleure. Comme d'habitude.
Alors que je commençai à sombrer, je sentis finalement une puissante poigne m'entourer et me soulever avec une facilité déconcertante. Le mouvement de mes jambes me fit gémir doucement, avant que je ne retrouve le silence, restant calé dans les bras de celui là même qui m'avait abimé.

En quelques minutes à peine nous étions de retour au manoir et je rouvris les yeux en sentant la chaleur réconfortante du salon et d'un canapé sur lequel il me déposa. Finalement, il n'était peut être pas si mauvais... seulement conduit par une haine qu'il ne pouvait diriger que sur moi. Je fus même surpris de le voir déposer une couverture sur mon corps meurtri, avant qu'une domestique n'accoure et la soulève pour constater, horrifiée, l'ampleur des dégâts.

- Oh seigneur ! Mais Kousei... qu'est ce que... qu'est ce qui lui est arrivé ?!

Stupéfaite, inquiète, et désemparée, elle interrogea le vampire avant d'ordonner à une autre servante d'aller chercher de quoi me laver et soigner mes plaies, car n'oublions pas qu'en plus mon escapade dans l'arbre avait bien écorché le haut de mon corps, laissant de nombreuses griffures de tout les côtés.
Rassemblant le peu de force qu'il me restait, je décidais de répondre avant que Mikaru ne fasse un geste pour parler ou partir.

« C'était... des rebelles. Mikaru m'a... sauvé... »

Je levais les yeux vers lui pendant que les femmes commencèrent à s'occuper de moi, allant jusqu'à masser mon membre douloureux pour me libérer de cette pression atroce. Je soupirai doucement, n'éprouvant aucun plaisir, ne pensant qu'à Mikaru à qui je m'adressais par la pensée maintenant.

Je ne te trahirai pas...

Au final, dans la pitié que j'éprouvais pour lui en l'instant, je le ramenais à l'intérieur du chateau. Parce que si je le laissais dehors, il aurait fini par crever de froid et forcément, Gackt aurait cherché à faire enquête et tout ça me serait retomber dessus. Autant qu'il soit découvert par les servantes, qui elles, le soigneraient sûrement.
Aussi, voilà l'unique raison pour laquelle je l'avais porté jusqu'à la maison. Il faisait plus chaud plus lui et le confort ne lui ferait forcément pas de mal. Mais la seule chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'était que ces femmes lui sautent dessus dès que je l'aurais recouvert. Oui, j'avais tout de même pris l'initiative de le mettre au chaud et cacher l'horreur que j'avais bien pû commettre.

Je reculais légèrement tandis que la femme regardait ce qu'il se passait sous la couverture. Bien entendu, les soupçons se tournaient d'emblée vers moi et j'entendais le nombre incalculable de repproches qu'elle pouvait bien avoir pour moi. Je plissais les yeux, prêt à répliquer n'importe quoi pour la faire taire! Mais Kousei le fit avant moi, me défendant même. Mon regard se dirigea tout de suite dans le sien. J'étais surpris et je ne le cachais absolument pas. En tout les cas, les pensées de ces bonnes femmes dérivèrent sur l'état de Kousei, s'équiétant vraiment pour lui. Mon regard toujours dans le sien, j'entendais sa pensée. J'étais soulagé de savoir qu'il me couvrait... Qu'il gardait notre petit 'jeu' pour nous.
Je reculais doucement, il était temps pour moi de m'éclipser et de le laisser reprendre des forces. Gardant mon regard dans le sien, je sortais du salon pour tout simplement regagner ma chambre. J'avais un grand besoin de réfléchir à mes actes et à tout ce qui pouvait bien se passer dans se chateau. J'avais surtout besoin de retrouver mon calme.

END