Kanon, la solitude, et un sorcier... frigide? -ASAGI - Terminé

Et maintenant il menaçait carrément d'aller lui voler ces informations? Il le menaçait et le soulevait pour l'empêcher de partir? Kanon qui avait gardé ses mains sur ses oreilles, consentit enfin à laisser son regard brillant de larmes non retenues, se poser sur Asagi.

"S'il te plais... je ne veux pas... s'il te plais... laisse moi..."

Il en était au point de supplier. Supplier qu'on le laisse tranquille. Pourquoi ne pouvait-on pas le laisser simplement? Pourquoi fallait-il qu'on le lui rappelle?
Pourquoi est-ce que ça lui était arrivé à lui, et pas à un autre? Pourquoi est-ce qu'Asagi insistait? n'était-il pas supposé bien s'occuper de lui?

Kanon serra un peu plus ses mains sur ses oreilles, recommençant à secouer la tête alors que ses yeux en larmes se fermèrent alors qu'il recommençait à supplier le sorcier de le laisser tranquille.

Kanon ne voulait toujours pas lui parler et ne voulait absolument pas que Asagi sache ce qui lui était arrivé.
Ses larmes fendirent le coeur du sorcier qui le reposa sur son fauteuil.
Il ne voulait pas qu'il se fasse encore plus mal, ce n'était pas le but.
Rien de tout cela n'aurait du arriver.
Au contraire, si le sorcier voulait savoir à ce point, c'était pour le soutenir d'avantage et mieux qu'il ne le faisait, mais, le refus obstiné du garçon le mettait hors de lui comme lorsque les sorcières lui refusaient le droit de vivre comme les fillettes du village, de vivre normalement, tout simplement, à l'enfermer comme il l'était.

-Pourquoi tu ne me comprend pas? Pourquoi tu ne veux pas me parler? Je pourrais t'aider si tu me faisait un peu plus confiance.

Le problème était sans doute là, il ne lui faisait tout simplement pas confiance.
Horrible découverte!

Bien sur qu'il ne voulait pas parler! Il ne voulait pas ET, il ne pouvait pas. Il ne pouvait simplement pas. C'était trop difficile. Les mots lui brûlaient la gorge, les images lui déchiraient l'esprit. Tout son corps se crispait, son cerveau ne recevait plus d'air, il devenait dingue.
Kanon ne pouvait pas en parler.
Il était resté des années dans cet hôpital psychiatrique à ne même plus bouger. C'était un miracle qu'il soit plus ou moins revenu à lui. Mais ne lui demandez pas d'en parler.

Le brun passa ses mains sur son visage une fois son fauteuil retrouvé. Il avait mal partout, et une grosse fatigue l'empêchait de penser correctement. Il n'entendait Agasi qu'à moitié.

"Va-t-en..."

Il ne voulait plus le voir.
Il ne voulait plus voir personne.
Il voulait rester là, et attendre que le temps passe. Que l'angoisse s'éloigne un peu.

A cause de tout ça, à cause de son comportement, Asagi avait découvert quelque chose qu'il aurait préféré ne pas savoir: que Kanon ne lui accordait pas sa confiance, que ce n'était qu'une facade tout ça en somme.
Grosse désillusion.
Et maintenant, il se faisait chasser.
Ce serait presque à son tour d'avoir les larmes aux yeux.
Alors, les gens de cette époque étaient aussi ... superficiel?
Il ne voyait pas d'autre mot.
Tout ce qui s'était passé n'était qu'un mensonge...?

Faisant volte face, Asagi s'en retourna vers l'entrée du manoir, sans y entrer, continuant son chemin le long du mur pour trouver l'accès menant à la rue, à la ville, à tout ce qui pouvait se trouver loin d'ici.
Il se sentait brisé, trahit et il avait horreur de ça.
Il pensait même ne plus jamais revenir ici, retourner dans sa grotte, se changer définitivement en écureuil et finir sa vie comme ça.
Les animaux n'étaient pas aussi faux que les humains, c'était sur!

Asagi fit ce que Kanon venait de lui demander. Il le laissa.
Il pouvait avoir l'impression d'être trahit si il le souhaitait. C'était normale de penser ça. Kanon était juste incapable de parler de ce qu'il lui était arrivé, confiance ou non. Il ne pouvait pas.

Une fois seule, la pluie cessa. Pour sa part, il avait toujours le visage entre les mains, prit d'une quinte de toux, il finit par les retirer pour regarder son sang en soupirant. Il se remettait doucement, mais surement, de ce qu'il venait de se passer.

Mais quelque chose lui passa par la tête. Si Asagi était partit de ce côté là, ce n'était pas pour retourner au manoir. Et sans Asagi, pas d'échange avec Daisuke. Il ne pouvait pas faire ça au Premier, il allait falloir raisonner le sorcier.

Seulement, à ce moment précis, Kanon ne pouvait rien faire tout seul. Sa force l'avait quitté, ses mains tremblaient et il était en fauteuil roulant. De plus, son corps ne lui obéissait pas, encore tétanisé par l'évènement récent. Partir chercher le sorcier n'allait pas être évident.

Seulement, il fallait bien.
Kanon ne savait pas qui appeler à l'aide. Certainement pas Daisuke: De 1 COMMENT? De 2: il ne savait pas comment le Premier réagirait en le voyant dans cet état. Donc, non.
L'idée lui vint en sentant son téléphone dans sa poche : mais oui, il l'avait. Et le seul vampire qu'il connaissait et ayant un téléphone c'était... RYO. Si, Ryo a un téléphone. Alors, bien sur, personne ne le sait sauf Kanon. En fait, il a ce téléphone juste pour le brun vu qu'il lui sert un peu "d'agent de journée". Plus pratique. BREF, on s'en fou de ça, en gros, il finit par envoyer un message, sa voix lui faisant défaut, lui demandant de le retrouver ici.

Ryo ne mit que quelques secondes à arriver, la nuit était tombée et il n'avait rien de prévu avec Emiru. Il resta silencieux un instant devant Kanon.

Kanon : Ca va! Ne fait pas de remarque pitié.
Ryo: ... Bon, qu'est ce que tu veux?
Kanon : Aide moi à retrouver Asagi! Il est partit je sais pas où, je dois lui parler!
Ryo: Je ne suis pas un taxi.

Kanon soupira et tendit les bras vers Ryo.

Kanon: C'est urgent! Et c'est pour Daisuke aussi. Crois moi, faut le retrouver!
Ryo: Et je dois te porter en plus?

Mais Ryo n'ajouta rien. Il avait l'habitude d'écouter les pensées de tout ce qui s'écoutait sauf celles d'Emiru, et il sentait la panique de Kanon. Il céda donc, le portant et partant à la recherche de l'odeur d'Asagi.
Ils mirent un certain temps mais le trouvèrent.

Kanon: ET C'EST A MOI QUE TU REPROCHES DE FUIR?!

Remarque interne de Ryo: pas obligé d'hurler avec le visage aussi proche de mon oreille. Bref.

Asagi avait marché un long moment, essayant de retrouver le chemin de la forêt.
Mais, rappelons que son sens de l'orientation en milieu urban est d'environ 10%, donc, aucune chance qu'il retrouve son chemin seul.
Il était même monté dans la voiture d'un inconnu, en lui demandant de le conduire, mais tout ce qu'il avait réussi à avoir c'est se faire virer à coup de pied au cul avec des noms d'oiseaux pas glorieux.

Pour le coup, il ne savait plus où aller et il déprimait sévère.
Posé sur un banc, il réfléchissait...
Jusqu'à ce qu'on vienne lui gueuler dessus.

-C'est toi qui m'as dit de partir, je te rappel. Et j'ai suffisamment mal agit pour obéir et ne plus apparaitre devant toi puisque tu ne ... Grrr!

Il ne finissait pas sa phrase, il s'énervait encore.
A quoi ça rimait ça?
Kanon lui demandait de partir et après il lui disait qu'il fuyait?
Faut qu'il se décide là.
En plus, il avait fait venir Ryo...
Il l'aimait bien lui aussi mais pour le coup, il ne savait pas quoi penser.
Il se rangeait de son côté?
De toute façon, il ne voulait plus faire confiance à qui que ce soit.
Il ne voulait pas ouvrir les yeux sur toutes les rencontres qu'il avait fait et s'apercevoir que tout ce qu'il avait cru n'était qu'une illusion.

Se levant de son banc, Asagi comptait bien remettre de la distance entre eux.
Il restait focalisé sur le fait qu'il lui avait dit de partir.

Kanon : Bien sûr que je t’ai dit de partir ! T’as vu ce que tu m’as fait ?!

Kanon soupira. C’était pas facile, entre autre parce qu’il y avait Ryo là.

Ryo : Moi, je comprends rien, et je t’ai aidé à retrouver Asagi alors je te laisse là.

Et comme il venait de l’annoncer, Ryo posa Kanon sur le banc et fit demi-tour. Il ne voulait pas se mêler de cette histoire qui ne le regardait pas. En plus, ça le fatiguait. Et il avait assez d’Emiru pour le fatiguer sans avoir à supporter Kanon.
Soit, Kanon posa son regard sur Asagi qui semblait vouloir repartir. Le brun se rendait bien compte que s’il voulait que le rêve de Daisuke se réalise, il allait devoir essayer. Parce que seul Asagi pouvait le faire. Et Kanon pouvait bien essayer de faire un geste au moins une fois avant de mourir.

« S’il te plais, c’est déjà assez difficile comme ça alors évite de partir. Je peux pas vraiment te suivre. »

Judicieuse remarque. Si Asagi partait ensemble et qu’il devait appeler Ryo à nouveau, ça risquait de ne pas être facile. Kanon laissa son regard sur le sorcier, attendant de voir s’il acceptait de discuter avant de continuer.

Pour résumer, c'était de la faute du sorcier?
Kanon avait aussi ses torts!
A ne pas vouloir parler ou juste dire que c'était trop dur à dire qu'il ne pouvait tout de suite mais qu'un jour peut être...
A ce moment là, Asagi n'aurait peut être pas autant insisté.

Le vampire décida de les laisser seul pour régler cette affaire.
Pas sur que ce soit la meilleure chose à faire parce que si Asagi s'énervait de trop et qu'il perdait le contrôle, on ne retrouverais jamais le corps de l'humain.

-Faut savoir ce que tu veux. Tu me dis de partir et maintenant tu veux que je reste? Tu continu à te moquer de moi, c'est ça?

Il ne voyait pas du tout comment prendre cette affaire.
Il ne voulait plus penser à ce qu'il avait ressenti.

Kanon soupira. Au moins, Asagi ne partait pas et semblait plus ou moins prêt à l'écouter. Plus ou moins. Et lui, il était épuisé, mais bon. Il fallait qu'il fasse un effort.

"Je ne me moque pas de toi."

Il passa une main dans ses cheveux, fermant les yeux. Courage, courage.

"Les gens dont je me moque, crois moi, n'ont pas la même relation que la notre."

Pas du tout même. "Et je ne serai pas aller jusqu'à demander de l'aide à Ryo si je me moquais de toi." En plus.

"Je... Ecoute. Je ne sais pas comment faire. Mourir si jeune, c'est un choix. C'est mon choix. J'ai besoin qu'il soit respecté. Il y a un moment que j'aurai du mourir. J'ai eu de la chance... mais je supporterai pas de rester trop longtemps. Et j'ai juste besoin qu'on me laisse faire ce que je veux."

C'était pourtant l'impression qu'il lui donnait, à lui dire de partir puis à lui demander de rester.
Fallait pas abuser.
Enfin bon, il allait écouter et il verrait après.

-Et moi je ne peux pas te laisser mourir comme ça, sans rien faire, sans savoir. Je ne sais même pas pourquoi tu veux mourir. Et moi je ne veux pas que tu meurs!

Au final pour lui c'était pas plus compliqué que ça: il ne voulait pas qu'il meurt, c'est tout.
Il voulait encore passer du temps avec lui, encore l'apprendre, le découvrir.
C'était trop tôt pour le laisser partir.

-Tu peux faire tout ce que tu veux sauf mourir. Parce que après, je vais me retrouver encore tout seul...

Kanon comprenait. Il s'en voulait un peu d'avoir laissé Asagi s'attacher à lui ainsi, parce qu'il aurait du se douter que ça prendrait cette ampleur quand le sorcier comprendrait qu'il n'était pas fait pour durer. Et même si il savait bien que c'était douloureux pour les autres, pour lui, ça sonnait plus comme le moment où il serait enfin libre. Mais il n'arrivait pas à y mettre les mots.

"Tu ne seras pas tout seul.. Tu en rencontreras plein d'autres, des gens."

Souligna Kanon.

"Asagi je... Je n'arrive pas à en parler... C'est impossible. Quand j'essaye je... Je deviens fou. Je n'y arrive pas... Alors ne me demande pas... S'il te plais."

Il passa sa main sur sa tempe, frôlant la cicatrice qui lui faisait mal. En fait, elle ne lui faisait pas mal, c'était totalement dans sa tête. Mais est-ce qu'on devait dire que ce n'était pas réel? #DumbledoreQuote. Quoi qu'il en soit, il ferma les yeux.

"Tu ne peux pas me demander de rester... Je ne peux pas. Ce serait la pire chose au monde... Aide moi juste à profiter de mon temps..."

Fallait pas croire, Asagi était toujours en colère.
Ce qu'il lui avait dit tout à l'heure ne passait pas.
Lui, il le considérait comme un ami et peut être plus et pourtant, Kanon avait dit que les amis, ça disparaissait lorsqu'on avait besoin d'eux.
Pourtant, le sorcier avait été là pour lui lorsqu'il avait eu besoin d'aide.
Il avait veillé sur lui, passé du temps avec lui, ect...
Alors, qu'est ce qu'il était?
Et il ne voulait pas lui parler, il voulait qu'il s'en aille et là il lui disait le contraire, il voulait qu'il reste et qu'il l'aide à profiter du temps qu'il lui restait.

Asagi voyait rouge.
Il ne pouvait pas lui demander ça, autant que lui même ne pouvait lui demander d'explications.

-Et qui te dis que je veux rencontrer d'autres gens? De toute façon, tu ne me fais pas confiance et je ne suis pas ton ami, je me trompe? Daisuke fera très bien l'affaire pour te faire passer le temps, tu n'as pas besoin de moi, même si c'est blessant de le reconnaitre!

"Ce n'est pas une question de confiance!"

Kanon aussi commençait à s'énerver. Asagi était bien trop têtu et il ne voulait pas comprendre! C'était égoïste de vouloir garder Kanon ici alors que ce dernier ne voulait pas. Le sorcier faisait un caprice auquel Kanon ne céderait pas.

"Si je n'avais pas confiance en toi on ne serait pas si proche aujourd'hui. Moi aussi j'aime passer du temps avec toi et Daisuke n'a rien à voir là-dedans."

Tout ça, c'était bien trop fatiguant.
Kanon était à bout, vraiment. Il ne voulait pas avoir à se justifier. Mais Asagi ne semblait pas comprendre. L'humain, continuant à s'énerver, attrapa la main de son aîné pour la poser sur sa joue, un peu plus haut, vers la tempe.

"TU veux voir ce qu'il y a dedans? VAS-Y. Fais toi plaisir!" Puisque c'était si important que ça pour lui.

C'est pas qu'il ne voulait pas comprendre, au contraire, c'est que dans l'état des choses il ne le pouvait pas!
C'était un caprice raisonnable si on prenait en compte le fait qu'il ne savait pas ce qui était arrivé au plus jeune.

"Daisuke n'a rien à voir là-dedans", c'est vrai que par moment Asagi oubliait un peu trop que s'il était là aujourd'hui c'était pour rendre ce service au vampire.
D'ailleurs, au final il ne savait toujours pas pourquoi il avait accepté ça.
Peut être le défi de pratiquer sa magie sur un corps déjà mort?
Bref, c'était pas la question.

Kanon venait de prendre sa main pour la poser non loin de sa tempe en lui disant de regarder dedans.
Cette fois, il n'allait pas se faire prier, il voulait savoir, il voulait tout connaitre pour savoir quoi faire, comment réagir.
Il aurait préféré largement que le plus jeune lui en parle tout simplement, mais non, il ne voulait pas.
Lui aussi était têtue!

Plongeant son regard dans celui de Kanon, son esprit se faufila entre les mailles de son cerveau, cherchant à découvrir ce qui l'intéressait.
Il remonta tous le fils de sa vie ou presque, certaines zones n'étaient pas intéressante, jusqu'à ce qu'il voit ce qu'il cherchait.
C'était donc ça?
En fait, il voulait simplement oublier ce passage de sa vie?
Ok ça avait été terrible, mais, Asagi ne comprenait pas bien...
Bon, il ne s'était jamais fait violer donc il pouvait pas vraiment comprendre, donc voilà, mais surtout, il ne comprenait pas pourquoi Kanon ne lui avait jamais demandé s'il pouvait effacer sa mémoire.

-Je peux te faire tout oublier, tout ce que tu as vécu. Je peux te créer des souvenirs, alors, tu n'as pas besoin de ... mourir.... Accepte, je t'en prie.

Asagi ne dit pas non. Il décida de fouiller. Kanon ne dit rien, c'était lui qui avait ordonné au sorcier d'en fait autant. Mais dans le fond, il aurait espéré qu'Asagi n'en fasse rien. Qu'il accepte en le voyant si désespéré et le laisse en paix. Mais non.

Le brun ne dit rien le temps que cela prit à son aîné. Il attendait, ses yeux se mettant à pleurer encore. Pourtant, il ne voyait pas ce que voyait Asagi, contrairement à la morsure de Juka. Mais sans qu'il ne sache pourquoi, il était blessé, tant pis.

Le sorcier se stoppa finalement et annonça qu'il pouvait le faire oublier. Lui créer d'autres souvenir, et lui permettre de rester en vie. Kanon resta... très silencieux. EN fait, il se demandait si Asagi était en train de se foutre de lui?!

"Non."

NON. BIEN SUR QUE NON. Oublier? Vivre avec de faux souvenirs? Jamais! Il préférait mourir avec la douleur qu'il avait subit. Il ne voulait pas être quelqu'un d'autre! Il ne voulait pas penser autrement! Il ne serait plus jamais Kanon si il oubliait! Il redeviendrait Kogarashi. Et ça, c'était hors de question. Kogarashi avait été assez stupide pour se faire avoir.

"Je suis désolé Asagi, mais non. Maintenant, est-ce que tu veux bien m'aider à rentrer au manoir? Je suis frigorifié, et fatigué. Et il me semble évident que ce n'est pas comme ça que je vais guérir."

Asagi était pourtant sincère dans le fait de vouloir aider le plus jeune à aller mieux et...
Et quoi?
Il se prenait un vent?
Qu'est ce que ça voulait dire?
C'était plutôt lui qui se foutait de sa gueule, non?
Le sorcier était choqué et blessé de se prendre encore un vent, comme ça, et il fallait en plus de ça qu'il ferme sa gueule et qu'il accepte de l'aider...

Asagi recula, son visage était fermé.
A quoi cela avait-il servit que Kanon lui demande de rester?
A rien! Le sorcier avait encore moins envie de rentrer au manoir.
Oui, il avait voulu savoir, oui, maintenant il savait, mais le jeune homme refusait catégoriquement n'importe quelle aide qui lui était proposé.
Donc pourquoi rentrer?

Petit tour de magie et Kanon se retrouva avec un plaid sur les épaules et un nuage se formait autour de lui, le soulevant du banc.

-Tu n'as qu'à rentrer tout seul. Avec ça tu pourras.

A son tour de l'envoyer chier à sa façon, puisqu'il lui laissait tout de même ce qu'il fallait pour pouvoir rentrer.

"Asagi!"

Kanon commençait à vraiment, vraiment, être fatigué!
Il essaya de se dégager du nuage, avant de tendre le bras pour attraper le sorcier par la main et le rapprocher vers lui. L'occasion de voir qu'il avait en effet les mains gelées, mais ce n'était pas la question.

"Je veux rentrer avec toi!" souligna-t-il la voix un peu plus basse.

"S'il te plais..." Il en avait marre d'être dans cet état! Ce n'était pas lui et ça lui pesait particulièrement. Ne serait-ce que de ne pas pouvoir bouger de lui même le rendait fou. Il se sentait faible, et maintenant, bien trop vulnérable face au sorcier.

Un sorcier qui ne faisait aucun effort alors que lui venait d'en faire pleins, et pas des petits. Et ça aussi, ça commençait à l'user fortement.

Le sorcier était sur le point de partir mais la main froide de Kanon se referma sur la sienne.
Il voulait qu'ils rentrent ensemble...
Pourquoi faire?
Qu'avait-il à y gagner?
De toute façon il n'avait pas sa place là-bas, ni ici ni ailleurs.

Il regarda le jeune homme d'un regard froid, presque sévère, avant de soupirer légèrement.
Asagi n'était pas aussi méchant que ça, il pouvait parfaitement le ramener.

-J'ai vraiment du mal à te comprendre, tu me dis blanc, après tu me dis noir. Tu ne veux plus me voir puis tu me cours après, tu ne veux rien me dire puis tu me dis de voir et tu veux pas que je t'aide sans me laisser t'aider. Tu cherche à me rendre fou, c'est ça? Qu'est ce que je dois comprendre vraiment dans tout ce que tu me dis? Je suis perdu! Et je n'ai pas envie de rentrer dans cette état. Je te raccompagne mais ne m'en demande pas plus.

Kanon soupira.

"Ca c'est parce que depuis tout à l'heure, tu me fais faire ce que je n'aime pas."

Fit-il remarquer.

"Je ne parle pas de moi, je ne cours pas après les gens, je ne fais pas d'effort. Normalement tout ça, je ne le fais pas. Et là, je le fais, parce que c'est toi. Ne m'en demande pas trop non plus..."

Il en faisait déjà bien plus que ce qu'il n'était capable de supporter.
Il essayait plus ou moins de se montrer "fort", mais il pouvait juste craquer d'une seconde à 'lautre.

"Raccompagne moi. Reste un peu avec moi, s'il te plais. Je ne sais pas où tu veux aller si tu ne veux pas rentrer, mais t'en vas pas."

Il faisait tout ça pour lui?
Qu'est ce que ça signifiait?
Ca... Voulait bien dire qu'ils étaient au moins amis, non?
Ou était ce encore une illusion?

Franchement, Asagi ne savait plus quoi penser.
Ca devenait vraiment dur de le comprendre.
Ca lui donnait l'impression de se faire manipuler, encore, sauf que cette fois, c'était différent.
Il soupirant encore, laissant tomber une défense.

-Je veux juste réfléchir, parce que je ne comprend plus rien. Je vais te raccompagner et après... Je ne sais pas ce que je ferais.

Il reprit son chemin en sens inverse, comme ça, il finirait peut être par retomber sur le manoir, va savoir.

-Est ce que... te laisser mourir serait une preuve d'amitié?

Si c'était ça l'amitié, il n'en voulait pas.
Etait ce vraiment égoïste de sa part que de vouloir garder une personne qu'il aimait en vie?

Bien sûr que cela signifiait qu’ils étaient amis. Kanon considérait Asagi comme tel. Même s’il ne le voulait pas au début. Même si il avait refusé de s’attacher aux gens depuis sa sortie de l’hôpital. Mais il l’avait fait. Alors, il essayait de passer outre.
Le sorcier lui dit qu’il voulait réfléchir.

« Réfléchit. Mais si tu m’en veux à moi, n’oublie pas non plus ce que tu as promis à Daisuke. »

Il fallait quand même le préciser. Asagi ne pouvait pas partir et ne plus aider Daisuke après avoir accepté de le faire.
Kanon serait blessé qu’Asagi ne décide de rester que pour Daisuke mais en même temps ce serait déjà ça. Bref, Asagi lui posa une drôle de question.

« Non. Pas dans ce cas-là en tout cas. Je veux mourir jeune parce que j’ai besoin de me forcer à profiter de la vie. »

C’était dit. Si Kanon vivait en ayant conscience d’avoir le temps, il ne vivrait pas. Il souffrirait et se laisserait vivre dans la douleur. Autant profiter à fond en sachant que le temps lui était compté.

Asagi pouvait être têtu, obstiné et fou qu'il n'oubliait pas lorsqu'il faisait une promesse.
Il savait ce qu'il avait à faire et tout était presque prêt pour que le rêve du vampire s'accomplisse.
Il n'allait tout de même pas le laisser, si près du but.

-Je sais ce que j'ai à faire de ce côté là. Une parole est une parole et j'honore toutes celles que je fait. Bonne comme mauvaise.

"Et moi je veux pas que tu meurs!"
Une situation sans fin.
Enfin si! Mais ce n'était pas un tel dénouement que le plus vieux voulait.

-Je ne veux pas être un mauvais ami et pourtant, avec ce qui s'est passé, je le suis. Et avec ce qui va t'arriver, je le serais encore plus. Je ne suis pas aussi insensible que certains peuvent le penser.

Bon, au moins, Asagi n'allait pas disparaître et mettre le rêve de Daisuke en péril, c'était toujours ça de gagné. Kanon n'ajouta rien.
Il reporta son attention sur le nuage autour de lui qui avançait. C'était quand même super cool. Même si il se sentait plus ou moins ridicule comme ça.

"Tu es un très bon ami. Bon, avouons que ce qu'il vient de se passer n'en est pas le meilleur exemple mais j'y suis pour quelque chose. Mais ta réaction est normale, justement parce que tu es un très bon ami."

Souligna le brun qui commençait à voir un peu trouble.
Normal. Fatigue, grosse fatigue, froid, crise de toux plus tôt, tout ça, Kanon n'était pas un sur-homme mais d'ici peu il serait de retour au manoir et allait pouvoir dormir.

"Mais il faut vraiment que tu parviennes à accepter, et me laisser partir..."

Un très bon ami,
Vraiment?
Parce qu'il s'énervait?
Il n'arrivait pas à comprendre mais dans tous les cas, ça lui faisait extrêmement plaisir.
C'est pour ça qu'il se retourna pour regarder le plus jeune, un début de sourire sur les lèvres, sauf que...

-Quand je te vois comme ça, j'enrage de ne rien pouvoir faire. Et encore, c'est faux, parce que je pourrais t'aider mais tu ne le veux pas...

Un petit geste et le nuage s'agrandit.
Asagi monta dessus, derrière le plus jeune, le prenant dans ses bras.

-Allonge toi. On va prendre un peu de hauteur, sinon, j'ai bien peur qu'on ne retrouve jamais le chemin du manoir.

Et puis comme ça, il pouvait l'envelopper de ce corps cotonneux et agréablement chaud.

Asagi était repassé en mode mignon et Kanon le préférait largement comme ça. Il le laissa donc faire, s'appuyant contre lui et fermant les yeux pour profiter du calme revenu.

"Tu m'aideras bien mieux en me laissant faire ce que je veux."

Lui dit-il tout de même, soupirant d'aise.
Cette situation était totalement improbable. Absolument improbable. Blottit dans les bras d'un sorcier, sur un nuage chaud volant, retournant vers le manoir du Premier, vampire surpuissant chez qui il vivait pour le moment.

Mais Kanon ne pouvait s'empêcher de se dire que ce n'était qu'une preuve de plus qu'il profitait de sa courte vie.