Ce que je n'avais pas prévu [Ryo]

Avoue simplement que tu l'aime bien, ce petit diable insupportable! Il ne savait plus qui lui avait dit ça une fois. Enfin, son grand père lui avait souvent répété quelque chose comme "toi dont la naissance n'est pas permise par les dieux, pourquoi as-tu un visage d'ange?", mais la véritable notion d'un diable, venait de quelqu'un d'autre. Tu as l'air d'un ange, mais au fond, tu n'es qu'un diable enjôleur... Oui. Il était insupportable mais, on l'aimait bien de manière générale.

Il tendit le dessin à Emiru qui le regarda quelques temps sans rien dire, avant d'entendre sa remarque.

"Tout dépend. J'ai des goûts compliqués alors, je dirai que tu ne dois pas te vexer. Bien sur, l'image d'un saucisson n'est pas particulièrement glamour."

Souligna-t-il histoire de ne pas non plus dire un truc trop sympa, s'asseyant à nouveau sur le rebord du lit.

"Tu peux le garder." Il n'aimait pas donner ses dessins mais bon, qu'en ferait-il? Le revendre n'avait pas de sens. Et le revendre à quelqu'un qui ne l'avait pas demandé non plus.

" C'est bon le saucisson, même si c'est pas glamour alors... oui, je pense pas que je dois vraiment m'en vexer mais bon, on sait jamais, avec toi. "

Emiru tourna de nouveau les yeux sur le dessin, absorbé par les lignes qui y étaient dessinées. Ryo avait un excellent coup de crayon, s'était incontestable. Il avait dût s’entraîner beaucoup, pour pouvoir avec autant de facilité reproduire un portrait en si peux de temps. Ce n'était pas chose aisé, Emiru le savait bien. Il l'admirait un peut, Ryo... Parce qu'il avait un talent particulier, qui le rendait particulier. Il manipulait un art avec dextérité et Emiru aurait bien aimé pouvoir en faire de même... pas forcement avec des crayons, d'une autre façon... mais non. Il n'écrivait pas particulièrement bien, ne savait pas dessiner, et ne maniait pas non plus l'art floral... Il y avait des milliers d'autre possibilités, mais aucune ne lui était permise.

L'humain releva la tête vers Ryo quand ce dernier lui proposa de garder le dessin, mais Emiru gonfla légèrement ses joues en signe qu'il allait refuser et dit :

"Non merci. Je préfère que tu le garde. Il est magnifique mais c'est moi et... je ne sais, ça me gêne un peut. Puis tu aura un souvenir, comme ça ! "

Enfin du moins, s'il le gardait et ne le jetait pas.

"C'est vrai."

Ryo releva les yeux pour regarder par la fenêtre. D'ici, on voyait la lune, c'était plutôt joli. Ryo magnait deux arts. Celui du dessin et celui de la manipulation des katanas et armes blanches. Il n'écrivait pas particulièrement bien non plus et ne s'intéressait que très peu aux plantes, ou à la musique. Si il devait choisir entre les katanas et son crayon, il ne saurait pas lequel garder. Dessiner passait le temps, manier les katanas libérait son esprit.
Il proposa à Emiru de garder le dessin mais ce dernier fit une tête particulièrement adorable en disant que ça le gênerait d'avoir un dessin de lui-même. Le vampire s'en serait douté. Il récupéra donc son oeuvre pour la remettre dans sa pochette qu'il reposa ensuite.

"Un souvenir... Ah, oui, tu es humains, ta beauté va faner. C'est dommage de vieillir."

Ryo ne se trouvait pas beau. On lui répétait souvent que pourtant c'était le cas, mais ils n'y apportait pas trop d'attention. Il savait bien sur qu'il avait un visage attirant et semblable à celui d'une poupée mais... Il n'avait pas d'expression. Il n'en avait jamais eut. Il préférait ceux capable de s'exprimer.

Emiru se fichait bien de de vieillir, d'avoir des rides et tout ce qui vas avec. Ca faisait partie de la vie, quoi qu'on en dise, et il n'arrivait pas à souhaiter être éternelle. Ca devait être ennuyeux, de vivre trop longtemps. De plus, rester identique aux premiers instant devait donner un effet de stagnation qui n'était pas près de lui plaire. Il n'avait pas le moins du monde envie de faire partie de la race de Ryo... Cela dit, il n'en ferait pas un drame, s'il devait un jour être changer contre son grès. Il fallait prendre les choses comme elles venaient... Enfin du moins, ce genre de chose irréversible.

" Oui, je suis humain... Tu avais oublié ? "

A lui de le taquiner un peu, histoire de. C'était un juste retour des choses, on vas dire.

"Oui."

Répondit-il simplement en tournant son regard vers Emiru.

"A part ton obsession absolument incroyable pour la charcuterie, tu m'as l'air bien trop blasé pour être un simple humain."

Encore une fois, il lui rappelait sa propre personne à un point particulièrement étonnant! Alors, si il n'y faisait pas attention, il oubliait qu'il était face à un humain dont le coeur battait toujours et dont le sang était chaud et délicieux, soit-dit en passant.
Le vampire regarda l'heure, ça passait vite il ne pourrait plus rester bien longtemps. Peut-être passerait-il le lendemain soir pour voir comment Emiru allait. Enfin... Peut-être, hein.

" Je ne suis pas obsédé par la charcuterie " se défendit-il " c'est juste que mon corps ne peut pas vivre sans ! "

Emiru hocha la tête, bien convaincu de ses propres dires qui n'étaient pas un poil rationnels pour un médecin, et il reprit :

" Mais ... j'ai du mal à te suivre quand même. Je n'ai rien d'un vampire. Pas la beauté, pas de crocs, pas de peau très pâle... " il continua ainsi à énuméré tout ce que les vampires avaient et pas lui, comptant sur ses doigts sans s'arrêter et sans non plus changer d'expression... Oui bon, il était certes impassible et inexpressif - tout du moins - mais ça ne faisait pas tout, si ? Après tout, les humains avaient tous des caractères différents, et le sien n'était pas si exceptionnel que ça ! Enfin, de son point de vu en tout cas.

"C'est une obsession." Souligna quand même Ryo reportant son attention sur ses pieds.

Emiru commença alors à énumérer tout ce qui ne faisait pas de lui un vampire. Bien sur qu'il n'était pas un vampire, sinon il ne serait pas dans un hôpital là tout de suite.

"Laisse moi corriger mes paroles. Disons que tu es assez blaser pour que j'oublie que tu es un humain, et moi un vampire."

Proposa-t-il donc. Oui, il oubliait de penser à leur condition. Et donc, il oubliait qu'Emiru n'était qu'un humain. Sans pour autant le voir comme un égal, il ne réfléchissait simplement plus à ce qu'il était mais à qui il était.

"Enfin, peut-être que c'est trop subtil pour toi..." Proposa-t-il avec son cynisme revenu, levant la tête pour observer le plafond cette fois.

" Non, c'est tout à fait compréhensible ! Je ne suis pas si illogique que ça, car je rappellerais à monsieur 'jesuisunvampiredoncjesaistoutetjesuistropintelligent' que j'ai fais médecine. "

Emiru étira ses bras engourdit au dessus de sa tête, et soupira d'aise quand ses petits muscles furent tout détendue. C'était que ça devenait vite insupportable que de rester immobile. Il bougea aussi un peu le reste de son corps pour que le sang circule mieux puis replaça sa jambe plâtrée comme il fallait. Ensuite, il chercha dans son manteau non loin son paquet de cigarette ainsi que son briquet, et une fois trouvé, sortie le tout pour s'en griller une... ah, que ça lui avait manqué, ça !

" Café ! "

Comme une illumination qui lui vint... son deuxième pêché mignon, c'était le café, et ça lui manquait aussi.

"Oh, je suis blessé."

Lâcha-t-il toujours pensif alors que l'autre gigotait à côté de lui.
Ryo tourna les yeux pour regarder Emiru qui se replaçait dans le lit. Devoir rester là à ne rien faire devait être particulièrement frustrant en effet. Et ce n'était que le premier soir. Peut être qu'en venant demain, il le trouverait au bord du suicide.
Emiru lâcha alors le mot café, comme une illumination. Le tout alors qu'il se fumait une cigarette le plus normalement du monde. Ce médecin n'était définitivement pas normal.

"Café? Tu comptes dormir comme avec du café? Je doute que quelqu'un d'ici ne t'en apporte à une heure pareille..."

Ahah bien sur que non il irait pas en chercher.

Emiru continuait de fumer tranquillement, alors qu'il savait tout à fait que s'était interdit dans un hôpital mais bon... il allait devoir rester une semaine alité à ce lit, alors ors de question qu'il se prive de nicotine autant de temps ! Fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus.

" Et bien... " fit-il, l'air pensif. " Je pense... qu'un certain vampire... dont je ne citerais pas le moins du monde le nom, pourrait être très gentil et sortir dans le couloir, avec mon argent... " il sortit de sa poche quelques pièces et les tendis devant Ryo "... acheté un café au distributeur. "

Il dormait très bien avec du café... sans café... peu importait, il dormait comme un loir de toute manière !

" Merci, rend-toi donc utile ! "

Lui aussi pouvait être cynique... puis t'en qu'à faire, autant lui renvoyer la balle, non ? ce n'était pas bien méchant !

Ryo le regardait venir doucement, l'écoutait, attendant la conclusion, avant de soupirer.

"J'ai changé d'avis, tu es tout aussi naïf qu'un humain, finalement."

Non mais quand même, Emiru avait eut l'espoir que Ryo n'aille acheter du café pour lui comme ça? Sans raison aucune? Juste par gentillesse? Juste pour se rendre utile? Les français avaient une expression pour ça et elle disait "Tu veux pas cent balles et un mars non plus?" et c'était à peu de choses prêt ce que Ryo pensait là tout de suite.

"J'irai si tu me donnes quelque chose en échange. Et comme tu n'as rien que je désire, et bien, il semblerait que je n'irai pas?"

Supplies le, qui sait. XD

" Je ne suis pas naïf, j'essaye de t'exaspérer ! " dit-il le plus naturellement du monde !

Il ne fallait pas le prendre pour un idiot, non plus. Il savait très bien que le vampire n'irait pas lui chercher son café par pure bonté, alors bon ! Il savait aussi, que Ryo n'aimerait pas qu'il lui demande ce service tout aussi naturellement... Emiru continua cependant, soufflant la fumé de sa cigarette entre chaque quatre mots :

" Mais avoue que... Tu me sauve... Tu reste là pour m'occuper... mais tu ne veux pas aller me chercher de café ! "

Bien contradictoire le vampire, quand même ! Enfin Emiru se doutait bien qu'il avait une réponse à tout cela, non ? Ryo n'était pas du genre à laisser croire qu'il appréciait un humain !

Il essayait de l'exaspérer. Bah il y arrivait, même si ça ne se voyait pas sur son visage continuellement figé, il commençait un peu à se demander ce qu'il foutait encore là.
En fait, c'était une sacré bonne question, qu'est ce qu'il foutait encore là?!
Et alors qu'il se posait la question et qu'une vieille musique romantique commençait dans sa tête avec des hirondelles voletant autour de lui.
Emiru lui posa à peu prêt la même question, même si il ne demandait rien, soulignant simplement l'improbabilité totale de la situation.

"Alors, premièrement, je t'ai sauvé surtout parce que ça me faisait une bonne excuse pour réduire ces abrutis en miette. Ensuite, je ne sais pas trop ce que je fou encore ici et enfin, si tu veux, je m'en vais?"

Après tout Emiru lui même ne l'avait pas encore foutu à la porte! Voilà.

" Aaaah , mais ne rejette pas la faute sur moi ! Je n'y peut absolument rien si tu commence à apprécier - tu ne sais comment - un humain. J'ai rien fait, c'est pas ma faute, je suis innocent ! "

Emiru disait cela tout en ayant toute son attention porter sur sa cigarette qu'il écrasait lentement dans un cendrier de poche avec passion... Pour dire à quel point il se sentait concerné ... Enfin, à quel point il paraissait concerné, nuance. Ca l'intéressant quand même, mine de rien ! Ryo était quelqu'un de marrant - oui, quoi qu'on en dise ! - et de bonne compagnie. L'humain ne voulait pas qu'il parte, déjà parce qu'il se serait ennuyé comme pas possible, mais en plus, parce qu'il s'amusait bien ... même si c'était certain que ça ne sautait pas aux yeux !

Emiru tendit de nouveau son argent devant lui et gonfla l'une de ses joues :

" Café ? "

Ryo passa une main dans ses cheveux en faisant de son mieux pour ne pas attraper Emiru et le secouer dans tous les sens jusqu'à ce qu'il ne s'arrête de dire des conneries. Comme s'il allait se mettre à apprécier un humain! Ok, il ne le détestait pas non plus, ça ne le dérangeait pas d'être avec lui, mais il ne fallait pas pousser mémé dans les orgies non plus!
Et là... Emiru revint à l'attaque avec ses pièces, lui redemandant un café. Ah mais il était sacrément sérieux? Ryo hésita un instant.

"A une condition." Bah ouais, il la veut sa condition. "Quand tu sortiras d'ici, j'aurai le droit de te mordre une nouvelle fois!" Lui aussi, il peut être obsessionnel.

Emiru haussa les épaules... Il n'était plus à ça près niveau morsure de toute manière alors bon.

" C'est d'accord ! "

Il agita l'argent devant lui, invitant Ryo à s'en saisir, et ajouta, comme ça, l'air de rien :

" Ah et j'avais oublié : tu as cesser de lire dans mes pensées aussi ! Et puis mon sang, il est si bon que ça ? C'est vrai quoi... je mange plein de charcuterie, alors ça doit être bon ! "

Il ouvrit bien sa main pour que le vampire prenne les pièces, attendant son café avec impatience ! Il en voulait, il en voulait, il en voulait !

Ryo prit les pièces.

"Je t'arrête. Tu as ton café et moi j'ai ton sang, mais pour que je ne lise plus dans tes pensées, il faudra que tu me donnes autre chose en échange."

Le vampire se leva. "Et oui, ton sang a très bon goût. Je te l'ai dis après tout, que tu avais l'apparence d'un saucisson à mes yeux lors de notre première rencontre..." Binh oui, il continue de l'emmerder aussi.

"Réfléchis donc à ce que tu pourrais me donner pour que je ne lise plus tes pensées..." Il sortit donc de la chambre, se faisant discret pour chercher le café de l'humain. Binh oui, doutez bien qu'il avait pas intérêt à ce qu'on le trouve ici.
Heureusement que le mécanisme n'était pas trop compliqué pour la machine à café et qu'il avait déjà vu un humain le faire, parce que vous vous doutez que lorsque lui même était encore humain, il n'avait jamais eut affaire à ces choses là.
Il revint donc avec le café, le posant sur la table à côté d'Emiru avec la monnaie.

"Monsieur est servit."

Emiru attendit en réfléchissant... Qu'est-ce-qu'il pourrait bien donner au vampire pour que ce dernier cesse totalement de lire dans ses pensées ? Hum... bonne question ! Il devait être vieux, alors sûrement ne manquer de rien et avoir vu assez de chose dans sa vie pour ne plus s'étonner de rien. C'était compliqué aussi ! Qu'est ce qu'il pouvait bien trouver ? Bon... inutile de chercher plus longtemps, s'était impossible !

" Merci monsieur 'jesuisunvampireetjefaiscroirequejesuisméchantalorsquecestpaslecas'. "

Il prit le verre en plastique et le porta à ses lèvres pour souffler dessus. La fumée s'élevait et l'odeur âcre du liquide venait titiller ses narines... hum, ça sentait bon ! Quand se fut un peut moins chaud, il plongea ses lèvres dedans et but quelques gorgées.

" Je ne sais ... Je veux dire, pour que tu arrête. Que voudrais tu ? "

Il ne pouvait pas deviner, en fait.

Ryo fut un peu surprit.

"Quand ai-je dis que j'étais méchant?"

Bah oui. Bien sur il n'agissait pas comme quelqu'un de particulièrement gentil mais il n'était pas de ces vampires effrayants qui cultivaient la terreur. Ryo obéissait aux ordres de Daisuke tant que ça l'intéressait, mais voilà tout. Il était le genre neutre, qui vit simplement comme il l'entend. Bien sur, lorsqu'il s'énervait, il pouvait faire plus ou moins peur, mais jamais être méchant.
Par contre, si Emiru avait voulut dire monsieur qui veut faire croire qu'il en a rien à foutre mais qui dans le fond, aime bien ma compagnie, oui là il y avait de quoi s'amuser sur ce fait.

"Je dois avouer que rien ne me vient pour le moment."
En plus, lorsqu'il ne lisait pas dans les pensées d'Emiru, il arrivait beaucoup moins à garder son calme et agir normalement. Cet humain était bien trop imprévisible.

"Mais puisque tu es si intelligent tu trouveras sans doute!" En attendant, il lirait dans ses pensées tant qu'il le pourrait. Mais pour le moment il était toujours lié à sa promesse de ne pas y faire un tour tant qu'Emiru serait à l'hôpital.

" Je disais méchant, mais pas méchant comme tu l'entend ! "

Emiru avait le coin des lèvres légèrement relevé, laissant voir une ébauche de sourire. Boire du café, ça le rendait particulièrement heureux et bien !

" Je suis intelligent, mais je ne sais pas lire dans les pensées, moi. J'ai aucune idée de ce qui pourrait te plaire, je ne connais pas tes goûts, que je sache. "

Bah oui, ils se connaissaient à peine, en même temps ! Emiru reprit une cigarette, alliant les goûts entre eux, tout bienheureux qu'il était d'avoir fait céder le vampire. Il en avait vraiment besoin, de ce petit remontant, maintenant il était totalement serein et calme... Un peu trop calme d'ailleurs, les yeux quelque peu brumeux.

" Si tu veux, je me gaverais bien de charcuterie avant que tu bois mon sang ! "

Il disait ça comme ça hein, surtout parce que l'idée d'une myriade de tranches de jambons le faisait saliver !

"Et bien tu n'as cas apprendre à parler correctement."

En fait, en y regardant bien, c'était un peu Tom & Jerry ces deux là. Un chat et un sourie, une chasseur et sa proie, mais en attendant, même s'ils se chamaillent en permanence, et bien... Ils s'entendaient plutôt bien, non? Enfin, Ryo n'avait jamais été aussi bavard que depuis qu'il répondait et provoquait sans cesse le médecin.

"Encore heureux que tu ne sachent pas lire dans les pensées."

Ce serait particulièrement irritant. Et si actuellement vous pensez "ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse", et bien Ryo se fichait royalement de ce genre de dicton. Lui c'était faites ce que je dis mais pas ce que je fais, voilà.
Quand Emiru proposa de se gaver de charcuterie avant qu'il ne le morde, Ryo resta sans voix.

"Comment est-ce que tu arrives à me parler de charcuterie dans un moment pareille?" Il était sidéré. Cet humain était l'être vivant le plus loufoque et bizarre qu'il n'ait jamais rencontré.

"Si je n'étais pas déjà mort, tu m'aurais sans doute tué une deuxième fois, de désespoir." Ryo s'approcha d'Emiru, remontant son visage d'une main pour planter son regard dans le sien.

"Mais tu m'as donné une idée. Puisque la seule chose que tu as et dont j'ai envie, c'est ton sang, ce sera tes pensées contre ton sang!" En gros, lorsqu'il verrait Emiru, il le mordrait et en échange, il ne lirait pas ses pensées. Un marché équitable. Presque. Pas du tout, mais c'était son prix!

Oui, Emiru était quelqu'un de légèrement - beaucoup - spécial. Il disait tout et n'importe quoi sur un ton la plupart du temps neutre et sans intonation, avec un visage impeccablement impassible. De plus, ses pensées étaient toutes plus dérisoires les unes que les autres, et il avait des convictions un peu étranges aussi. Cela dit, il n'en restait pas moins quelqu'un de fondamentalement gentil et agréable.

" Quel moment ? C'est un moment comme les autres ! "

Il ne voyait pas trop la différence avec d'habitude, en fait ! Puis quand le marché de Ryo fut donné, Emiru haussa légèrement un sourcil... à mais non, c'était vraiment pas équitable comme deal ça ! En gros, l'humain servirait de nourriture tout le temps, alors que l'autre cesserait de fouiller dans son esprit. C'était injuste ! Alors Emiru, prit d'une soudaine inspiration divine, imposa lui aussi son prix - à la hausse :

" Seulement si tu fournis la charcuterie quand on se voit ! "

Non, il ne perdait pas le nord !

Voilà. Emiru était impassible et disait des trucs improbable. Ryo était l'impassible qui ne disait jamais rien qu'il n'avait pas réfléchit avant. Ils étaient totalement différents mais au final, si on coupait le son, et qu'on les regardait simplement parler, on aurait eut l'impression de voir deux personnes parlant d'un sujet particulièrement ennuyeux. Pas du tout d'un marché café/morsure/Pensée/Sang/Charcuterie.
Non parce que lorsqu'on met tout dans l'ordre ça donne ça, et ça n'a vraiment pas le moindre sens! Alors comment pouvaient-il rester aussi sérieux, l'un comme l'autre? Bizarre.

"Marché conclu."

Il se foutait bien d'acheter de la charcuterie.
Sauf qu'il faudrait trouver un humain pour le faire en pleine journée, Ryo était encore un peu trop jeune pour sortir au soleil. Et comme il ne pouvait pas avoir d'esclave à cause de sa position...

"Cela-dit, je te donnerait l'argent pour que tu ailles t'en acheter, je ne peux pas le faire moi-même."

" On fait comme ça ! "

Emiru n'avait aucune raison de refuser ! C'était pour lui l'occasion de manger gratuitement de la bonne charcuterie ... ouah , le rêve ! Il était partie ailleurs là, dans ses pensées, au Pays du jambon et du saucisson !

" Par contre ce moi-ci je ne pourrais pas bouger... mais tu te débrouillera, n'est-ce-pas ? "

Bah oui, parce qu'en plus il comptait le revoir vite ! Des marchés comme ça, ça se mettait en pratique rapidement, et sans plus tarder, hein. Puis il fallait aussi avouer que Ryo lui ferrait un peu de compagnie. Il n'avait pas masse d'amis non plus, Emiru, parce qu'il travaillait trop et n'avait pas le temps de se préoccuper d'autre chose... même sa famille, il ne l'avait plus vu depuis des mois.

Emiru accepta, Ryo lâchant son visage pour se redresser alors que le médecin lui rappelait que pour ce mois-ci, il devrait se débrouiller. Ah vrai qu'il ne pouvait pas bouger! Bah, il trouverait bien une solution, pour un simple mois. D'ailleurs, il en avait déjà une. Il connaissait un humain qui ne poserait pas trop de question du moment qu'on le payait suffisamment pour lui faire bouger son joli petit fessier. Il lui en parlerait plus tard.

"Ne me dis pas que tu doutes de moi?"

S'amusa-t-il - intérieurement parce que rien ne transparaissait, alors qu'il jetait un coup d'oeil à sa montre. Il devait partir, le soleil ne tarderait plus, maintenant.

"Je vais te laisser. Ne t'ennuies pas trop de moi d'accord?"

Ryo passa finalement par la fenêtre pour rentrer, laissant le médecin tout seul et filant chez lui.
Bon. Charcuterie...

[END]