La lune, ma faim, et toi. [Emiru]

Emiru se redressa bien droit sur sa chaise et saisit sa mallette qu'il mit sous son bureau non loin. Il fit ensuite glisser sa chaise jusqu'au petit frigidaire de son bureau, et en sortie un plat entier de jambon crus et de rosette, ignorant royalement la question que venait de lui poser le vampire. Là, il était absorbé par une seule et unique chose, et s'était la charcuterie trônant dans un plat, sous un papier aluminium dont il se débarrassa bien vite, laissant apparaître la nourriture sous leurs yeux. Bon, fallait avouer qu'il n'avait pas omit de répondre à la question du vampire uniquement parce qu'il s'en fichait, et qu'il voulait manger, mais aussi parce qu'il ne voulait pas rester seul pour le moment. Etant médecin, il savait parfaitement qu'il ne valait mieux pas qu'il reste seul pour l'instant, parce qu'il y avait risque qu'il s'évanouisse tant que la nourriture n'était pas bien dans son estomac... alors tant qu'il était là, autant qu'il serve à quelque chose, ce stupide vampire !

" C'est quoi ton prénom, vu que tu connais le mien ? "

Autant s’intéresser un peut, hein ! Enfin, pas trop quand même, puisqu'il dévorait la nourriture et des yeux, et de la bouche, maintenant !

Ryo le laissait faire à sa guise. Emiru était marrant. Il pensait et agissait comme un gamin vexé dans sa fierté. Il savait qu'il valait mieux que Ryo reste mais ne l'avouerait jamais ouvertement. En attendant, il était absorbé par la charcuterie qu'il venait de sortir. Cette odeur... Ah ça lui manquait quand même vachement. 147 ans sans manger de ça, vous imaginez l'horreur? M'enfin, il l'avait choisit. Contrairement à beaucoup de vampire, Ryo avait choisit sa condition. Il l'avait même demandé, supplié, il s'était battu pour devenir un vampire... La nourriture humaine contre 167 ans d'une vie passionnante, il était plutôt satisfait.

"Ryo." Répondit-il à la question de l'humain. Genre il s'intéressait à lui... Enfin, il se goinfrait surtout mais il devait en avoir bien besoin. Le vampire passa sa langue sur ses canines. Il avait pu manger plutôt correctement finalement.

"Mange plus lentement, tu vas te rendre malade. Pour un médecin, tu n'es pas très attentif à ta santé."

Emiru passa outre cette dernière remarque : il avait faim, et qui plus est, le besoin imminent de reprendre des force alors qu'il mange vite ou pas, il s'en fichait pas mal. Ce n'était pas parce qu'il était médecin qu'il devait suivre les règles exact qu'il donnait à ses patient non plus... Surtout que ça ne lui avait jamais posé de problème donc bon. Il continuerais comme ça aussi longtemps que ça ne perturberait pas son corps.

L'humain retourna dans le frigidaire pour y trouver de quoi boire en même temps qu'il mâchait une tranche de charcuterie. Il saisit une bouteille de soda au citron, et s'en enfila quelques goulée avant de s'engloutir une nouvelle part de rosette.

" Ryo donc... " conclu t-il, histoire de.

Alors qu'il continuait de manger sans lui porter grande attention, il le questionna :

" Encore faim ? "

Non, il ne voulait pas s'offrir à lui ! Mais il avait des pochettes de sang, si le vampire avait besoin. Lui en donner une, ça ne pouvait pas le tuer, même si à la base, ça ne servait pas vraiment au vampire en pleine santé.

Faites ce que je dis mais pas ce que je fais... Une manière de voir les choses que Ryo n'aimait pas. On ne devrait pas se permettre de donner des conseils quand on ne les suit pas. Mais il n'avait rien à dire, si certains acceptaient quand même d'écouter Emiru c'était leur problème et pas le sien.
Le vampire croisa les bras... Non mais c'était incroyable comme il engloutissait la nourriture! Il avait l'impression de regarder un dessin animé là! En parlant de nourriture, l'humain lui demanda s'il avait encore faim.

"Pas si c'est pour me refiler une poche de sang."

Non mais fallait pas abuser. Ryo ne boirait jamais du sang autrement qu'à sa source. C'était humiliant de le faire autrement, et il avait bien trop d'estime de lui même pour faire un truc pareil.

"Au fait, je me demandais, quel genre de patient du reçois?"

Ryo n'avait pas l'air d'apprécier la proposition de Emiru, alors tant pis pour lui ! LUI, il continuait à se gaver jusqu'à en finir le plat sans aucun problème... Enfin, il finit tout de même par être remplit - après un nombre incalculable de tranche d'avaler, bien sûr ! Alors qu'il rangeait dans le frigidaire les pauvres restes de nourriture, il répondit à la question du vampire :

" Je reçois de tout, humain ou vampire, homme, femme, enfant ... Des malades, des blessés plus ou moins grave... Un peut de tout et n'importe quoi en sommes. "

Ça n'avait rien d'extraordinaire, et Emiru s'abreuva encore de son soda - descendant la moitié de la bouteille - avant d'ajouter, comme ça, histoire de - et aussi parce qu'il aimait bien parler de son métier, sa passion :

" Je suis cela dit plus sur le ' terrain ' et intervient donc à domicile, ou directement sur le lieux où la personne s'est blessée. "

Ryo le regarda s'empiffrer à n'en plus finir... Pour sa part la sensation des vêtements mouillés sur sa peau commençait à l'ennuyer. Il ne ressentait pas le froid peut être, mais ce tissu collant, si, et il détestait ça. Alors que l'humain lui parlait de son métier, il retira son t-shirt et y lança un coup d'oeil ennuyé. Mais au moins il était moins mal à l'aise de cette manière.

"Je vois... Et les vampires, ils sont blessé comment?"

Parce que ses confrères et lui avaient quand même une capacité à se soigner assez impressionnante. Il se demandait ce qui pouvait bien les blesser à ce point. L'argent, d'accord... Mais quand même... Ryo leva les yeux pour les pauser sur un siège avant d'aller y poser son haut.

"Parce qu'ils doivent être bien inutiles s'ils se font blesser par des humains."

En voyant Ryo se déshabiller, Emiru se souvint qu'il portait sa veste, alors il la retira pour la lui tendre et trouvant l'idée plutôt bonne, enleva lui aussi son haut. Il allait finir malade, s'il restait ainsi. D'ailleurs, même garder son pantalon n'était pas une bonne idée alors il le retira aussi et saisit une couverture dans laquelle il s'enroula sans plus tarder. Puis il se réinstalla sur son siège et plongea son regard dans celui de Ryo :

" Ils se blessent entre eux donc forcement... c'est pas jolie à voir la plupart du temps... Sinon ce sont des victimes de chasseurs, donc le plus souvent blessé par de l'argent. "

Heureusement qu'il s'était spécialiser dans la médecine pour vampire, car ça manquait et que s'était bien utile !

Ryo récupéra sa veste et se la mit sur les épaules, ce serai toujours ça de prit. L'humain quant à lui se mit en boxer avant de s'enrouler dans une couverture. Ce serait en effet dommage qu'il attrape froid comme ça. Bon, au final tout ça était de sa faute, il l'avait énervé.
Des vampires qui se blessaient entre eux, ou qui se faisaient avoir par des chasseurs, hein... Ryo n'avait encore jamais été blessé. Si, il l'avait été dans sa jeunesse humaine bien sur. Mais depuis qu'il était vampire, jamais. Alors, il ne le concevait pas particulièrement.

"Je vois. Pitoyable."

Il passa une main dans ses cheveux avant d'aller s'installer sur la table d'examination d'Emiru. Bof, le confort était rudimentaire mais c'était pas si mal. Le vampire ferma les yeux, profitant du calme. Bon, il devrait peut être aller bosser mais il n'en avait pas du tout envie.

Emiru fit une moue dubitative puis tout en conservant sa voix neutre, il rétorqua :

" hum... La guerre sévit entre vos deux camps, et il n'est donc pas rare de voir des vampires se battre les uns avec les autres. C'est toujours le plus fort qui l'emporte, mais n'empêche que les séquelles sont bien grandes. Autant d'un côté que de l'autre, bien sûr. Les blessures que vous pouvez vous infligez entre vous ne peuvent parfois pas se soigner d'elles mêmes. Je ne suis donc pas certain que ce soit vraiment pitoyable.. Tu n'es pas très indulgent. "

Il fallait voir, aussi, les horreurs que pouvaient se faire plusieurs vampires entre eux. Emiru avait déjà aidé des suceur de sang s'étant battu en groupe de cinq ou plus... et le résultat n'était jamais vraiment beau à voir. Leur force décuplée servait, certes... mais quand c'était pour l'utiliser contre un être de la même espèce, c'était inutile... comme si deux humains de force égal se battait entre eux, en sommes.

Ryo laissa le médecin jouer les donneur de leçon, avant de faire un signe de la main, comme pour chasser une mouche.

"C'est pitoyable d'avoir l'honneur de se battre avec la force d'un vampire et de se faire toucher comme un simple humain."

Déclara-t-il avant de laisser sa main devant lui, serrant le poing. Un humain était faible, mortel, fragile. Il pouvait bien se blesser et saigner. Mais les vampires avaient la chance d'être fort, éternel, d'avoir des dons incroyables. Comment pouvait-on être blessé au point de nécessité l'aide d'un humain et vivre avec ça sur la conscience? Ryo ne le pourrait jamais.

Ryo ne semblait pas bien comprendre la logique du médecin, et c'était tant pis. Emiru n'allait pas passer des heures à tenter de lui faire comprendre son point de vue, ça ne l’intéressait pas. Le vampire pouvait bien croire ce qu'il voulait, en attendant, lui savait ce qu'il en était de ce genre de chose. Cela dit, Ryo avait l'air de particulièrement tenir au nom de sa race, et de trouver ça désobligeant de se faire soigner par un humain... alors une petite question lui turlupinait l'esprit.

" Tu méprise les humains ? "

Ca en avait tout l'air, mais si c'était vraiment le cas, pourquoi donc Ryo restait-il en sa compagnie ? Ca n'avait aucune logique, ça non plus.
Emiru saisit sa bouteille de soda au citron, et la finit sans plus tarder. Il fit ensuite un bruit caractéristique des personnes rassasiée et se détendit mieux sur son siège, gardant bien la couverture enroulée autour de lui.

Emiru posa une question qui, à son propre étonnement, lui arracha un rictus. D'ici, Emiru n'aurait pas pu le voir mais il dut entendre l'espèce de pseudo rire qui venait d'échapper au vampire. Un fait particulièrement rare. La dernière fois, c'était il y avait bien 50 ans.

"Pourquoi est-ce que je serai ici si je méprisais les humains?"

Ryo soupira en se redressant, tournant son visage redevenu de marbre vers le docteur.

"J'en étais un aussi. Je vous trouve simplement faibles."

Ce n'était pas du mépris, juste une indéniable constatation. L'humain était faible. Quelques-uns avait apprit à combattre les vampires, ces chasseurs arrogants, mais au final il ne tuait que les plus faibles où les moins alertes, donc, ceux qui ne méritaient pas ce titre.

Bonne question tient... mais auquel il ne pouvait pas répondre. C'était tordu un vampire, alors ça aurait pût être possible après tout mais bon. Il se tue sans se formaliser du rire de Ryo puis avança sa chaise jusqu'au bureau pour y croiser ses bras et se fourrer la tête dedans. Il commençait à sérieusement être fatigué.

" Quand tu parle, j'ai l'impression que tu les considère comme inférieur. "

Il ferma ses yeux, fuyant la conversation par éreintement et non pas par lassitude. Il avait les paupières bien lourdes, et une envie indicible de pousser un roupillon. Il se demandait qu'elle heure il pouvait bien être, d'ailleurs, et depuis combien de temps était-il en compagnie du vampire ; c'était rare qu'il fasse ami-ami de la sorte - si on pouvait appeler cela ainsi.

"Ce n'est pas parce que vous êtes inférieur que je vous méprise."

Disons que pour lui, les humains étaient faibles donc il pouvait bien être inférieurs ça lui était totalement égale. Le vampire se redressa doucement et vit que l'humain était prêt à s'endormir. Il se déplaça de sa discrétion habituelle avant de se glisser dans son dos, se penchant pour laisser ses lèvres approcher de l'oreille droite d'Emiru.

"Tu vois, vous êtes faible, tu es à deux doigt de t'endormir."

Lâcha-t-il sur un ton mielleux, avant de se redresser en s'étirant.

"Bien je vais te laisser en paix ce soir, j'ai des obligations."

C'est ainsi que Ryo finit par laisser ce pauvre Emiru tranquille. Il l'aurait bien embêté plus longtemps mais il était bien trop fatigué alors autant le laisser dormir et s'amuser une prochaine fois. Surtout que s'il ne bossait pas un peu ça n'irait pas non plus...

[END]