Si fragile... [Uruha]

Alors qu'il aurait aimé revoir rapidement le petit mortel qu'il avait accompagné un soir, Ikuma avait été retenu par des affaires plus... officielles et urgentes. D'abord son enlèvement par le premier et son détour par la prison avant de retrouver son nom et sa liberté, disons, conditionnelle. Ensuite était venue sa rencontre avec Kili, son fils qu'il avait cru mort depuis si longtemps... Les bonnes nouvelles s'étaient succédées en peu de temps, mais il avait eu de mal à trouver un moment de libre pour retourner voir ce petit mortel, si fragile, qui avait éveillé en lui compassion et curiosité.

Ce soir là, le blond s'était levé tôt. Il n'était pas plus de dix-huit heures, mais l'hiver étant là, le ciel s'était déjà bien assombri, et les maigres rayons de soleil persistant ne risquaient pas de brûler la peau d'un vampire de plus de cinq siècles.
Habillé d'un sombre costume noir, brodé d'or, sur une chemise bordeaux, un maquillage soigné mais discret autour des yeux et sur les lèvres, Ikuma avait pris la direction de la boutique où il savait que l'humain travaillait. Il fallait qu'il le voit, en espérant que le petit ne prendrait pas peur en le voyant...
Arrivé, Ikuma resta dehors, parfaitement immobile face à la vitrine, pour regarder le jeune mortel terminer son travail qu'il semblait effectuer avec toujours autant d'attention. Il était vraiment beau... bien que l'air fatigué, comme la dernière fois.

Les nuits étaient longue et les journées aussi pour le petit vendeur blond nommé Uruha. Il enchainé les services sans compter ses heures, et surtout dans l'espoire qu'un vampire particulier viendrait le voir. Mais en vain ! Celui-ci n'était encore jamais venus le voir, alors qu'il lui avait promis, il avai implanter dans son cerveau cette idée et ne l'avait pas contraitisé ! Uruha s'était épuissé à la tache et maintenant, essayait de ne plus y penser, mais en vain. Car les voix, elles, ne voulaient pas qu'il oublie ce vampire, elles voulaient surement qu'il comprenne qu'il n'avait pas d'amis, pas de personne autour de lui qui l'aimait. Et que ce Ikuma qui l'avait aidé, était dans le même panier que les autres. Cela faisait mal au plus jeune petit humain mais les voix avaient raison. Elles avaient toujours raisons d'ailleurs ...

Cette nuit ne faisait pas exeption à la régle, Uruha continua son travail alors que son patron lui apporta sa tasse de café. Il pouvait avaler jusqu'à une carafe quelques soirs pour être au top. Le blond remercia l'homme avant de prendre une grosse gorgée, ouvrit un peu sa chemise qui le faisait étouffé sous la chaleur et reprit son travail. Il devait ranger les nouveaux vêtements qui avaien été livré ce matin même mais comme il y avait eu bien trop de client, Uruha n'avait pas eu de temps dans l'aprés midi. Alors qu'il était en train de mettre sur un ceintre, une belle chemise, un petit papillon arriva prés de lui, et lui souhaita le bonsoir. Ce à quoi le blond répondit bien entendu ... Ce n'est pas lui qui dirait que c'était là une hallucination ! Ce papillon était vrai, et commença à parler avec lui. Son patron avait l'habitude de l'entendre se faire la conversation ... Tan que cela ne faisait pas fuir la clientèle.

Le vampire attendait patiemment à l'extérieur, ne voulant pas déranger le jeune mortel pendant son travail, et surtout vu que le patron se trouvait toujours dans la boutique. Il serait certainement mal vu que le gamin ait un vampire pour grande fréquentation...ce n'était pas utile de risquer de lui attirer des ennuis, du moins plus que ceux qui se trouvaient déjà dans sa propre tête...

Attentif, Ikuma remarqua que le plus jeune s'était mis à parler seul. C'est là qu'il sourit légèrement, une idée pointant à son esprit. Il s'en voulu d'ailleurs de ne pas y avoir songé plus tôt, ce qui aurait tout de même simplifié les choses, au lieu de rester là à attendre bêtement. Ainsi, le vampire focalisa son esprit sur celui du jeune homme, s'adressant à lui par la télépathie.

"Ikuma t'attend dehors, Uruha..."

Inutile d'en dire trop, ni de s'adresser à lui directement. Cette phrase devait suffire à le faire regarder par la vitrine, et c'est avec un léger sourire que le blond l'attendait, croisant les bras sur sa poitrine.
Ce soir, il était confiant, et certain de ne pas faire de mal à cet humain. Il s'était offert un esclave et grâce à cela, il n'avait plus faim comme avant, se nourrissant un peu avant de sortir, de sorte à pouvoir garder le contrôle de lui même, et ne pas redevenir le monstre sanguinaire qu'il avait été si souvent...

Uruha disutait tranquillement tout en faisant son rangement. C'est ce qu'aurait put faire n'importe qui en présence d'une personne réelle, mais cela ne posait pas de probléme au plus jeune des vendeurs de la ville qui n'avait besoin que de ces hallucinations qu'il croyait vraies. Tout content d'avoir quelqu'un à qui parler, il continua, ce papillon était vraiment quelqu'un de trés gentil et voulait devenir son ami ... Quoi de mieux pour rendre le blond heureux ? Mais alors qu'il discutait avec joie, une autre voie vint lui parler. Celle-ci ne venait pas du papillon, ni d'un autre animal ou ami au alentour ... D'ailleurs elle ne venait pas de l'extérieur mais bien de l'interrieur de l'esprit de Uruha. C'était dans sa tête ! Cela le surprit vivement et il se leva rapidement, faisant tomber quelques ceintres et vêtements à terre. Qui était dans sa tête ?

Se raisonnant, le blond essaya de se calmer et de comprendre ce que la voie de lui dire ... Ikuma l'attendait à la porte. Ikuma ? Le Ikuma qui l'avait fait attendre depuis presque un mois ? A cause de qui il n'avait pas pus dormir de peur de le louper ? Ce Ikuma là ? Le petit papillon vola jusqu'à la vitrine et fit découvrir au blond le vampire qu'il avait tan attendu. Mais Uruha était un enfant et il avait décidé de bouder ! Na ! Il demanda alors au papillon de revenir prés de lui et .... Chose trés mature pour son âge ... Tira la langue au vampire en costume qui se trouvait dehors et alla prendre sa tasse de café fumante sur le comptoire. Il fallait l'excuser le petit blond, il était quand même un peu, voir beaucoup immature. C'est comme ça quand on grandit dans une cage de médicaments et de mauvais traiements.

Dehors, le ciel s'assombrissait de plus en plus. Bientôt les ruelles de la ville seraient envahies de vampires en chasse, de prostituées et de riches bourgeois accompagnés d'hosts plus beaux les uns que les autres. Mais Ikuma ne s'occupait pas de ça. La seule chose qui lui importait ce soir était de reprendre contact avec le petit mortel qui l'avait intrigué.
Il se doutait que son absence prolongée pouvait avoir déplu au jeune homme alors qu'il lui avait promis de vite le retrouver... mais de toute façon c'était fait et ils ne reviendraient pas en arrière maintenant.

Resté derrière la vitrine, Ikuma observait le jeune vendeur réaliser enfin sa présence et prendre une attitude hautement boudeuse, allant même jusqu'à lui tirer la langue comme un enfant mécontent. Le vieux vampire ne put retenir un petit rire amusé, bien que ça ne l'avançait pas beaucoup dans son envie de voir Uruha.

- Il faut donc que je vienne te chercher ... soupira-t-il.

Ikuma passa la porte de la boutique pour rejoindre le plus jeun. Il n'allait quand même pas l'attendre dehors toute la nuit... Alors il avança, regardant l'humain boire cette boisson forte appelée café, qu'il n'avait même pas connu du temps de sa vie mortelle.

- Je sais que tu m'en veux, mais je suis quelqu'un d'important, j'ai été très occupé dernièrement... Je suis désolé Uruha.

Il était arrivé jusqu'à lui, les mains jointes dans le dos, l'air désolé avec sincérité.

Sans s'occuper de quoi que ce soit, comme si il avait même oublié que le vampire était dehors. Uruha buvait tranquillement son café, continuant à écouter ce que le petit papillon lui disait. C'est qu'il avait de la conversation ce petit truc quand même. Mais le sujet qui revenait était celui du vampire qui l'avait abandonné. Uruha avait tan espéré qu'à présent, il en était presque dégouté. Mais il entendit la porte s'ouvrire, et cela ne présagait qu'une seule chose, que le blond venait d'entrer afin de lui parler. L'humain ne bougea pas du tout, avalant quelques gorgée de la boisson encore chaude avant d'écouter qu'une oreille peu attentive les paroles. Le blond ne le regarda même pas, observant le petit papillon qui lui disait que le vampire mentait. Qu'il mente ou non, il avait fait du mal au plus jeune. Il s'était servis de lui, avait bus son sang, et lui avait mis une idée en tête ! Uruha se retourna donc lentement vers le petit vampire, le regard mauvais. Ikuma était quelqu'un d'important alors pourquoi perdait-il son temps ici hein ?

- Moi je ne suis pas important, alors pourquoi perdez vous votre temps ?

Il n'avait pas envie de le voir, il l'avait trop espéré. Un mois, peut être plus, le blond avait finis par se perdre dans les dates. C'était à cause de son manque de sommeil. Combien de nuis avait-il passé ici à attendre. A servir des vampire en attendant que le blond passe la porte ? Il ne savait plus, et ne voulait le savoir.

Le papillon vint se poser sur son épaule et Uruha l'observa. Il ne se sentait plus seul depuis qu'il avait ce genre d'amis. Des hallucination auditives et visuelles trés réalistes. Trop peu être car le blond ne parlait plus à personne. A quoi bon ? Les gens étaient de vrais menteurs.

Uruha agissait comme un enfant, tout dans son attitude le rappelait et c'était véritablement agaçant. Ikuma aurait pu perdre patience et décider de partir, tout simplement. Si le gamin ne voulait pas de lui, il n'allait certainement pas s'imposer. Son envie n'était pas de lui faire peur ou mal, bien au contraire, il avait ressenti de l'attachement pour cette frèle créature, et voila que maintenant il se faisait tout simplement jeter.

- Je t'avais promis que je reviendrai et je suis revenu. Je ne pouvais pas prévoir tout ce qui m'est arrivé !

Une pulsion bestiale pointait dans la tête du petit vampire, qui se voyait déjà se jeter sur Uruha, lui arracher la gorge et le vider de son sang, juste parce qu'il le rejetait alors qu'il éprouvait pour lui une véritable affection...
Mais ça n'aurait pas été malin et ce n'était pas son but... Il y avait mieux à faire. Il avait Shin maintenant, de toute façon. A quoi bon perdre son temps avec cet attardé ?

- Bien... Si tu préfères passer ton temps avec des illusions, je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Agacé, Ikuma sortit de la boutique, sans savoir trop quoi faire du coup.

Le vampire ne comprenait pas ! Il ne pouvait le faire de toute façon, c'était un vampire ! Comment resentir la douleur qu'avait resenti le plus jeune lorsqu'il avait compris que personne ne viendrait le voir. Quand il s'était tout bonnement éffondré à force de ne pas dormir et d'enchainer le travail de jour et de nuit ! Qu'il avait juste dépéris, que personne ne l'avait aidé et qu'il avait continué à attendre alors qu'au final il était seul. Ikuma lui avait donné l'illusion qu'il avait quelqu'un qui pensait à lui alors que c'était tout le contraire. Mais il avait msi cette idée dans sa tête et pour cela, Uruha lui en voulait à mort. Lui faire croire qu'il y avait au moins une personne qui pouvait l'aider ... Mais non, il était seul et les papillons lui avaient bien faire comprendre ! Voila que Ikuma se mettait à crier ... Sa voix fit peur au plus jeune qui se recula au fur et à mesure de ses paroles. Il finit par se diriger vers la porte d'entrée aprés avoir parlé d'illusions ... Qu'est-ce que c'était que ces trucs la ? Uruha n'avait pas compris ce qui venait de se passer et une douleur le fit perdre la tête. Ca faisait mal, il ne connaissait pas mais c'était bien trop douloureux. Et Ikuma l'avait laissé, ce menteur !

Le petit blond s'approcha rapidement de la porte, laissant tomber à terre sa tasse qui se brisa dans un bruit sonor. Il l'ouvrit avant de s'adresser au plus vieux d'une voix fatigué :

- J'ai attendu ... Vous aviez promis ... Toutes les nuits et tous les jours ... Sans dormir pour pas vous louper ... Vous m'avez laissé tout seul ... Tout seul ... Menteur ...

Arrivé dehors, Ikuma soupira. Il aurait sans doutes mieux fait de ne jamais revenir vers cet humain, lui qui tâchait pourtant de ne jamais s'attacher à qui que ce soit, hormis Kili... Mais c'était trop tard, il était là, et se sentait blessé qu'Uruha l'ai rejeté alors qu'il avait finalement tenu sa promesse.
Un bruit de porcelaine brisée, et la porte de la boutique s'ouvrit sur le grand blond. Ikuma tourna légèrement la tête, l'écoutant parler, lui faire les mêmes reproches. Il soupira.

- J'ai promis, et je suis là. Je ne t'ai jamais dit que je serais de retour rapidement, et je ne t'ai pas demandé de ne pas dormir. Je n'y peux rien si tu es ... Stupide.

Il savait que ses paroles seraient sûrement blessantes pour Uruha qui pensait toujours comme un enfant, mais que pouvait-il dire d'autre alors que lui même se sentait blessé...

- Je suis tout sauf un menteur. J'ai dit que je reviendrai, et je suis là...

Il baissa les yeux, comme s'il baissait les bras. Si Uruha le chassait encore, il partirait pour de bon.

Le blond resta ... choqué ? Oui c'était le mot. Cet homme venait de le traiter d'idiot ! Il venait de lui faire passer les pires moments de sa petit vie triste et en plus le traitait de personne stupide. Ca faisait mal ... Si mal à Uruha qui ne savait que dire. Il était là, oui c'était une bonne chose mais il était si tard maintenant. La douleur elle était là, et l'humain ne savait que faire. Il soupira, les yeux pleins de larmes avant se mordre la lèvre. Voila une bonne leçon pour lui ! Ne jamais faire confiance en ces vampires. Il ne les connaissait pas avant mais à présent il se méfirait bien plus. Ikuma était venus, il avait chamboullé sa vie, brisé ses hallucinations et l'avait traité d'idiot.

Uruha soupira, fermant les yeux pour laisser ses yeux expulser ses larmes et finalement prit la parole d'une voix cassé :

- Vous êtes là ... Mais pourquoi ?

Pourquoi ne l'avait-il pas tué ? Hein, la nuit ou il l'avait trouvé dans une rue sombre. Perdu et tremblant. Pourquoi ne l'avait-il pas tué une bonne fois pour toute et ainsi le libérer de sa vie si pénible et sans but ?

Ikuma soupira. Il ne savait plus comment réagir face à l'humain. Il était revenu pour lui et cet accueil le laissait de glace. Il aurait pensé que Uruha serait heureux de le voir enfin arriver, mais ce n'était pas le cas. Au contraire... bien au contraire.
Le blond soupira de nouveau, se passant la main dans les cheveux. Les relations n'étaient pas son point fort, il ne savait pas comment se comporter, comment rattraper ses erreurs. Il s'était déjà excusé mais ça n'avait visiblement pas d'importance pour Uruha, alors que dire.

- Pour toi. Je suis là parce que j'ai dit que je reviendrai. C'est si compliqué que ça ?

Dans les pensées de l'humain, il vit que celui ci se demandait pourquoi il ne l'avait pas tué.

- Je ne suis pas un monstre, j'ai décidé de t'aider et je comptais le faire et m'occuper de toi ... Mais si tu ne veux pas, plus rien ne me retient ici.

Uruha se rendit compte que si le blond était revenus, c'était juste parce qu'il l'avait promis et non par envie. Cela avait dû être une vraie corvé pour le vampire de prendre de son temps pour un pauvre idiot comme Uruha. Le jeune humain en était tellement dégouté. Et le plus vieux ne faisait rien pour paraitre enthousiate ou autre. Il était là par obligation, si cela se trouvait, il avait plein d'autre jeune homme qui l'attendait dans toute la ville. Si le vampire avait pris tellement de temps, c'était pour s'amuser avec d'autre. Le plus jeune s'en trouva offensé et la douleur dans son torse se fit plus grande encore. Il n'aimait pas ça. Il avait mal. Il ne savait pas pourquoi. Pourquoi ! De quel droit cet homme lui faisait du mal ? Hein ? Parce qu'il était éternel et vieux ? Qu'il avait tous les droits ? Non ! C'était la premiére fois que le blond se sentait ainsi, lui, tellement gentil et innoncent. Il se sentait si ... en colére ! Il ne pus s'empêcher de répondre à la phrase du vampire :

- Compliqué ? C'est sûrement parce que je suis si stupide que je ne peux pas comprendre.

Une pique, qui venait du plus jeune qui avait n'aurait jamais fait de mal par action ou parole. En tout cas pas intentionellement. Mais quand il entendit le vampire reprendre les paroles de son esprit pour y répondre, il explosa. De quel droit ce vampire lisait dans son esprit ainsi ? Pourquoi jouait-il avec lui ? Ce n'était pas tolérable de violer l'esprit des hommes comme ça. Il se prit la tête dans ses mains, retenant ses larmes et sa colére avant de reprendre a parole :

- Arrêtez ça ! Vous n'avez pas le droit ! Pourquoi vous me prenez mes paroles ? Pourquoi vous lisez en moi ?

Les minutes passaient et plus ça allait, plus Ikuma avait l'impression de s'enfoncer. Il avait pourtant dit qu'il était désolé. Il était pourtant revenu, alors que rien ne l'y obligeait... Rien à part l'affection qu'il avait tout de suite ressenti pour l'humain lors de leur première rencontre. Il avait craqué pour lui, pour sa fragilité et ses problèmes mentaux. Il s'était dit qu'il pourrait peut être racheter les fautes commises par le passé s'il venait en aide à ce mortel, une certaine façon de rééquilibrer sa mauvaise aura, de réparer le mal qu'il avait pu faire quand il n'était encore qu'une bête sanguinaire. Mais il faut croire que le monde restait contre lui, et que Uruha, ne voulait plus de lui. Il le jetait. Durement. Et Ikuma n'avait plus qu'une envie, alors que sa gorge se serrait. Fuir. Fuir avant que la colère ne remplace la tristesse et qu'il ne fasse quelque chose d'irréparable.

Mais contre toute attente, ce fut des larmes de sang qui s'échappèrent en premier, alors qu'il ne parvenait plus à se calmer. Uruha, l'être dont la gentillesse l'avait frappé, se mettait à lui envoyer des piques maintenant ..?
Ikuma recula contre un mur, portant une main à sa joue pour constater le sang qui s'y écoulait. Il soupira, se cachant le visage dans les mains, mais écoutant les nouveaux reproches qui lui étaient adressés. Tout ça le fatiguait. Il n'était pas venu pour ça... il était venu dans l'espoir de retrouver un ami... Et souffrait à la place. Souffrait tellement de ce rejet...

- J'arrête... je ne lis plus en toi. Je pensais te comprendre... t'aider... mais j'arrête... je... ne t'approcherai plus.

Il se laissa tomber contre le mur. Son corps, déjà mort depuis cinq siècle, ne lui avait jamais parut si lourd...

La surprise ne pouvait pas être plus étrange pour le petit blond. Parce que ce vampire si impressionnant qu'il avait croisé il y avait une longue nuit, venait de se coller contre le mur et ... non, Uruha ne pouvait y croire. Comment était-ce possible ? Il ne savait même pas que cela était possible. Ikuma était en train de pleurer ? A cause de lui ? Jamais il n'aurait pus croire cela possible. Il était vraiment choqué, toujours à la porte du magasin ou il était censé travaillé, il ne savait que faire. Le vampire venait de lui dire qu'il ne lirait plus en lui, qu'il allait le laisser tranquille. Mais que se passait-il ? Le blond ne savait pas du tout ... Jamais personne n'avait pleuré devant lui, et pire, jamais personne n'avait pleuré à cause de lui ! Il se sentait donc mal, c'était une personne mal si il avait fait souffrir quelqu'un. Prenant une grande inspiration, le petit Uruha reprit la parole d'une voix perdu :

- Mais ... Pourquoi vous pleurez ?

Il pensait l'aider ? le comprendre ? Mais comment cela se pouvait-il alors que lui même ne se comprenait pas. Il n'avait pas de problémes en plus. Uruha ne savait vraiment pas quoi faire. Il ferma alors la porte afin de ne pas faire entrer le froid dans le magasin. Il s'avança un peu dans le rue, attendant une réponse.

Ikuma pleurait, et n'arrivait pas à s'arrêter. Il n'aimait pas se montrer si faible face au mortel dont il avait cru pouvoir s'occuper. Finalement, il aurait peut être tout simplement fait mieux de rester au manoir et de prendre soin de Shin, jouer avec lui et recevoir sa tendresse. Shin ne faisait rien qui le blesse. Il était doux et obéissant, presque dénué de personnalité, mais ça, il ne lui faudrait qu'un peu de temps pour apprendre.

La belle veste d'Ikuma servit à essuyer les larmes de sang ruisselant sur ses joues. Il soupira de nouveau, remarquant qu'Uruha refermait le magasin, et avançait vers lui. Il aurait aussi pu faire demi tour... d'ailleurs c'est ce que le vampire avait cru qu'il ferait... mais non.

- Parce que j'ai pensé pouvoir... m'occuper de toi. Parce que je voulais qu'on soit... amis. Parce que tu es seul avec tes illusions, et que... je voulais t'aider à revenir dans le monde réel.

Il se calmait. Les larmes ne coulaient plus mais son corps restait lourd et le peu d'âme qui lui restait était déchirée... Avec Uruha, il avait tout gâché.

Le vampire se calmer un peu, on aurait dit un petit enfant. Un enfant boulversé par une affreuse nouvelle ou révélation. Mais comment cela se faisait-il qu'un vampire aussi vieux pouvait pleurer aussi facilement ? Uruha semblait même plus mature que lui à ce moment. Bien qu'il ne comprenne pas vraiment ce qui se passait. Il écouta l'explication du plus vieux. Il voulait s'occuper de lui ? Mais pourquoi ... Uruha n'avait jamais eu besoin qu'on prenne soin de lui, il le faisait trés bien. Il était grand aprés tout. Il voulait être ami ? Et pourquoi parlait-il d'illusions ? Le blond ne connaissait pas ça. Pourquoi Ikuma lui disait qu'il était seul avec des illusions ? C'était incensé. Et puis, il vivait dans le monde reel, vus qu'il le voyait devant lui. Jamais il n'avait été dans un autre monde que celui aussi dur et sadique que le reel. Il soupira alors, callant son dos contre un mur non loin du vampire, mais pas trop prés non plus. Le blond lui faisait peur ... Il était bizarre.

Il reprit la parole d'une voix calme et enfantine :

- Je ne comprends pas du tout de quoi vous parlez

Uruha était professionnel dans l'art de penser que les autres étaient fou. Ironie du sort quand même.

Les choses ne pourraient plus avancer entre le blond et Uruha maintenant qu'il y avait eu ce fossé de creusé. Cela rendait triste le vieux vampire qui aurait pourtant espéré autre chose de cette rencontre, mais il était trop tôt pour qu'Uruha comprenne la raison pour laquelle il s'était intéressé à lui. S'il n'avait pas été absent si longtemps, la question n'aurait pas été posée, et les choses auraient pu suivre leur court, tout simplement. Mais c'était trop tard, à présent.

Ikuma se releva, voyant qu'Uruha établissait une distance entre eux, comme effrayé. Il soupira. Ce n'était plus la peine d'essayer, il n'aurait rien à en tirer, et Uruha semblait très bien vivre sa folie, finalement...

- Nous ne vivons pas dans le même monde... Désolé d'avoir cru pouvoir te présenter le mien...

Le vampire se détourna, commençant à partir. Il n'y avait rien à ajouter, pour lui, cette histoire à peine commencée s'était terminée.

Le vampire semblait vraiment peiné, mais l'humain ne comprenait pas pourquoi. C'était insensé quand même non ? Il n'avait rien fait de mal après tout. Il avait montré son mécontentement par rapport à l'attitude d'une personne qui l'avait vraiment déçue. Mais alors que Ikuma se relevait, l'observant à peine, Uruha eu un peu peur. Il s'était raccroché au fait qu'il avait une personne a revoir, qui l'attendait, qui viendrait. Et à présent, comment tout se passera-t-il ? Le petit blond avait peur, mais décida de ne pas le dire, il en parlerait au papillon qui l'attendait dans le magasin. Pour le moment, il jeta un regard triste au vampire blond, essayant de marquer son visage d'un sourire qui ne vint pas. Et finalement, les paroles tombèrent. Il s'excusait, comme si tout cela n'avait été qu'une erreur. Uruha était une erreur ? Il avait eu l'erreur de vivre, de grandir et de continuer de croire. Et à présent, il en subissait les conséquences.

Soupirant, le jeune homme laissa des larmes couler sur son petit visage mignon et entra rapidement dans le magasin. Il avança jusqu'à l'endroit où il se trouvait avant l'arrivée du vampire, prenant place sur la chaise avant de laisser sa tristesse sortir. Il regarda doucement le petit papillon se poser devant lui et renifla :

- Il me reste plus que toi maintenant ...

Uruha avait fini par se résigner aussi, ne retenant pas le vampire qui avait pourtant gardé l'espoir que peut être, le jeune vendeur aurait fini par le rattraper et l'empêcher de s'en aller.
Finalement, sa destinée le rattrapait. Il finissait toujours seul et ne parvenait à s'attacher à personne, personne sauf en faisant du mal...

Ikuma soupira, mais ne se retourna pas. L'esprit d'Uruha était trop pur pour fréquenter un damné comme lui... il avait sûrement de plus belles rencontres à faire. Plus joyeuses, plus intéressantes pour son développement personnel.
La seule chose que regrettait véritablement Ikuma, c'était de ne pas avoir volé de baiser à ces lèvres attirantes. Mais ce n'était pas le premier échec de sa vie, et sûrement pas le dernier non plus...

[FIN]