Je ne veux pas être seul [Mikaru]

Comme convenu, Mikaru me ramena au manoir après cette énième fugue que je lui faisais, l'obligeant à me courir après dans toute la ville pour finalement me trouver ivre dans le Night Club de Ryoga.
Une fois le hall passé, il m'ignora totalement, me lâchant pour partir en direction des escaliers et sans doutes vaquer à ses occupations. Un moment, je restais immobile. D'ordinaire, je serais allé rejoindre mon maître, réclamer ses caresses ou simplement m'asseoir à ses côtés pour le laisser faire ce qu'il avait à faire. Mais Maître était mort... Alors c'est de Ryo et Mikaru que je devais m'occuper désormais. Je soupirais.

Finalement, ma résignation d'esclave me fit admettre que j'avais un besoin vital de passer la nuit aux côtés de mon maître, quel qu'il soit. Et tant pis s'il s'agissait de mon ex pire ennemi Mikaru. Sans frapper, j'entrais donc dans sa chambre et vint m'asseoir sur le tapis, devant la cheminée, regardant le feu attentivement pour éviter de croiser son regard à lui.

Une fois rentré au manoir, Mikaru laissa quartier libre à Kousei pour faire ce qu'il veut, à condition qu'il reste à l'intérieur de celui-ci ou dans les jardins, rien de plus rien de moins. Après ça, le brun montait directement dans sa chambre. Ca faisait pas mal de temps qu'il n'en sortait que très rarement. Il n'arrivait plus à se montrer ou à se pavaner comme il le faisait avant. Maintenant que son père était mort, c'était dur pour lui.

Enfin... Il espérait que ce soit un malaise qui passe. Il n'aimait pas l'ambiance qui régnait sur le monde pour le moment. Il aimait ses frères, bien que la rivalité fut forte avant tout ça. Voir Mikaru aussi pensif prouvait que ça n'allait pas fort.
C'était pour ça qu'il était affalé dans son lit, le regard vide et rivé sur le plafond de sa chambre. Du moins, il était comme ça jusqu'à ce qu'il entende quelqu'un rentrer dans sa chambre. D'après l'odeur, il s'agissait de Kousei et il tournait tout de suite la tête pour le regarder. D'ailleurs, c'était bien la première fois qu'il mettait les pieds dans sa chambre... Il y avait quelque chose qui n'allait pas là... Il se redressa alors dans son lit pour le regarder s'asseoir sur le tapis.

"- Qu'est ce que tu fais Kousei...?"

Fixant les flammes, j'essayais de ne pas faire attention à Mikaru, espérant qu'il ferait de même à mon égard. En fait, j'étais entré sans grande discrètion, mais au fond de moi, j'avais espéré qu'il se serait endormi, ou qu'il m'ignorerait, tout simplement. Sauf que, comment aurait-il pu m'ignorer alors que j'étais là, moi qui l'avait toujours évité et avait même toujours pris soin de ne jamais approcher cette pièce ?

Pour répondre à sa question, je pris donc une profonde inspiration, avant de me racler doucement la gorge et de déclarer, sans tourner la tête vers lui :

"Je viens passer du temps... avec mon maître."

A ces dernières paroles, mon coeur s'était un peu serré. Il fallait que je l'admette, Maître était mort. Tout comme Mikaru devait admettre la mort de son père. Nous devions surmonter ça pour que les choses redeviennent comme avant !

Ouais, en fait il s'attendait à tout sauf à ce qu'il retrouve Kousei dans sa chambre. Il lui avait toujours interdit d'y entrer, mais ça, c'était du temps où son père était encore en vie. Ce qui définitivement n'était plus le cas et plus ça allait et plus il avait du mal à le concevoir. Toute sa vie il avait vécu à ses côtés et il n'était plus là. 2tant le dernier de ses fils, il avait plus de mal que les autres.

Enfin... Les mots de Kousei ne firent que le troubler plus qu'autre chose. Il avait vraiment pas l'habitude qu'on l'appelle "maitre". Et le peu de fois où il avait eu des esclaves, ça c'était mal terminé, alors il n'avait pas vraiment envie de faire mal à Kousei sachant qu'il devait le garder en vie coûte que coûte.
Et avec sa question, le vampire avait l'impression d'embêter l'humain plus qu'autre chose. Mais il ne pouvait se résoudre à le laisser tranquille pour le coup.


"- Et tu crois que le tapis c'est bien...?"

Je n'avais pas peur de Mikaru... du moins, je n'en avais plus peur. Nous nous étions déjà cherché tellement de fois tout les deux que je savais bien qu'il était incapable de me faire véritablement du mal, même lorsque je le poussais à bout.
Une fois peut être, il m'avait fait rentrer vraiment dans un sale état au manoir, mais jamais au point que mes jours soient en danger en tout cas. Et puis même, j'étais peut être petit et jeune, mais résistant.

"J'ai connu plus inconfortable".

Souriant légèrement, je tournais la tête vers lui. Il se souciait plus du fait que je sois assis sur le tapis que de ma présence dans sa chambre ? C'était assez mignon. Me tournant complètement, je m'asseyais en tailleurs, les mains sur les chevilles.

"Et puis il fait bon près du feu. Mais si tu veux que je vienne dans ton lit..."

Riant doucement, je détournai le regard. Mikaru n'allait pas bien, c'était peut être mon rôle de lui remonter le moral, puisque ses frères avaient beaucoup à penser ?

Il savait qu'il n'effrayait plus Kousei comme il avait pû le faire il y a de ça quelques années. Mais ce n'était pas trop grave, Mikaru passait un peu au dessus de ça en ce moment et pour le moment il se souciait du bien être de l'esclave de l'ancien dont la garde lui avait été confiée à lui et à Ryo. Le vampire ne savait pas trop comment Ryo traitait Kousei, mais tant qu'il ne venait pas se plaindre à lui, il partait du principe que tout allait bien. Heureusement pour lui il fallait dire... Ecoutant sa réponse, il esquissa un léger sourire avant qu'il ne réponde:

"- Certes, mais t'es pas obligé de rester la dessus."

L'observant pas la suite, il voyait son comportement, toujours ce côté enfantin qui ressortait et qui ne l'avait jamais quitter. Maintenant qu'il était avec lui, il avait le temps de voir tout ces détails. Avant, kousei n'était rien pour lui... Juste de quoi vider sa colère.
Sa deuxième remarque le fit davantage sourire. Sachant que pratiquement personne n'avait mis un pied sur ce dernier. Ce serait peut-être le premier qui sait...

"- Peut-être que je t'y autoriserai..."

Pas obligé de rester là... Certes. En fait, j'aurais aussi bien pu m'asseoir à la chaise de son bureau ou sur un fauteuil, ce n'était pas les places qui manquaient dans sa chambre, mais j'avais une certaine éducation, et ma place était au sol tant qu'on ne me proposait pas d'autre endroit, alors comme un chat, j'avais choisi naturellement, le tapis au coin du feu, c'était bien assez douillet pour moi comme place pour patienter jusqu'à la fin de la nuit. Après tout, je n'étais venu là que pour faire acte de présence, au départ.

Mes réponses le faisait sourire, c'était assez nouveau pour moi de le voir comme ça... enfin disons, avec un sourire naturel plutôt qu'un sourire sadique, moqueur ou méchant. J'avais conscience que ça ne lui arrivait pas souvent de recevoir quelqu'un, de sourire, d'être civilisé en somme. Parce que comme moi, il n'avait toujours vécu que pour le Premier, laissant de côté toute autre possibilité d'avoir une vie normale... Sauf qu'il fallait que ça change maintenant.

"Que dois-je faire, pour y être autorisé, maître Mikaru ?"

J'aimais le déstabiliser en le nommant ainsi. Il faudrait qu'il s'y habitue, car lui donner ce nouveau titre commençait à me plaire... Je ne le quittais pas du regard, avançant à quatre pattes vers le lit de façon féline et joueuse, un sourire de gamin plaqué sur le visage.

Sourire effectivement n'était pas trop son fort. Mais ça lui arrivait. Il fallait vraiment qu'il trouve la situation drôle ou réellement adorable pour ne pas se moquer de son vis à vis. En tout les cas, Kousei voyait bien pour la première fois le sourire de Mikaru. Son vrai sourire. Et non pas les autres.
Enfin bref... Le vif de la discussion n'en était pas là, alors autant reprendre là où ils en étaient non...?

Le vampire avait donc émis une évidente autorisation quant à la venue de Kousei sur son lit. Personne n'était vraiment monté dessus et l'humain serait une première pour lui. Sachant Mikaru un peu égoïste, il était certain que peu de gens avaient finalement pénétrer dans sa chambre. Alors voir Kousei s'incruster comme ça, ça le troublait d'autant plus, tout comme le fait de l'appeler 'maitre'. Alors imaginez quand il se traine à quatre pattes vers lui en lui posant une question à laquelle il n'avait pas vraiment réfléchi...

"- Faut que tu sois sage et gentil avec moi..."

Ses yeux verts s'ancrèrent dans ceux de l'humain, un petit sourire en coin plaqué sur le visage. Mikaru pensait bien ne plus avoir de problème avec lui.

Pour ce soir, il est vrai que j'oubliai tout mes conflits avec Mikaru, acceptant de jouer le jeu du gentil esclave docile et attentionné pour une nuit parce que je lui avais fait passé une mauvaise soirée, avec ma petite virée alcoolisée, et puis comme il s'était donné la peine de venir me chercher, je lui devais bien ça.

Avançant jusqu'à lui, je finis par arriver devant ses genoux, mon regard ancré dans le sien admirant son petit sourire alors qu'il me disait que je devrais être gentil. Je souriais également, me redressant pour venir m'appuyer sur ses jambes et poser la tête sur mes bras, les yeux levés vers lui.

"Je dois pouvoir être gentil ce soir... Pour me faire pardonner."

Kousei était un vrai petit chaton quand il s'y mettait. Pour une fois, il qu'il se montrait docile avec lui, Mikaru allait peut-être en profiter un peu. Après tout, il avait été le chercher parce qu'il s'inquiétait vraiment pour lui. Il lui en fallait beaucoup pour s'inquiéter pour quelqu'un d'autre. D'ordinaire, il se fichait de tout, sauf de sa personne. A rappeler que le vampire restait égoïste et narcissique alors voilà quoi.

Enfin bref, son regard restait ancré dans celui de lui qui s'était finalement posé sur le bord de son lit avant de venir poser sa tête sur ses bras. Le regardant toujours, il souriait légèrement à Kousei. Le vampire le trouvait adorable au final et ces années de chamailleries lui disaient que lui faire du mal n'avait pas été nécessaire dans le fond. Le vampire lui fit une caresse sur les cheveux avant de murmurer au petit homme:

"- Alors je t'autorise à monter sur mon lit."

Il alla l'embrasser furtivement avant de le laisser faire ce qu'il voulait pour le moment.

La situation avec Mikaru changeait. En bien ou en mal, pour longtemps ou pas, ça, je n'en avais encore aucune idée. Je pensais être gentil ce soir, et puis reprendre nos habitudes par la suite pour éviter qu'on ne s'engraine dans une relation trop ennuyeuse, mais si au fond, c'était bien de s'entendre ? On verrait.

La tête penchée sur mes bras, je regardai toujours le vampire qui finit par s'avancer pour venir m'embrasser brièvement avant de me donner une officielle permission de grimper sur le lit.
Je ne me fis donc pas prier, me redressant pour venir m'asseoir à ses côtés.

"Satisfait ?"

Un mot que les maîtres aimaient bien employer quand leurs esclaves réclamaient quelque chose... J'inversais un peu les rôles~

C'était rare de voir Mikaru sourire autant et de surtout embrasser l'esclave de son défunt père. Il ne l'avait fait jusqu'à présent, c'était vraiment une première pour lui et il fallait que Kousei en profite tant qu'il le pouvait. Ainsi donc, il reçut l'autorisation de grimper dans son lit, chose difficile à obtenir le concernant, mais en fait, le vampire était pas vraiment d'humeur à se prendre la tête avec lui ce soir, ça avait failli clashé au bar il y a de ça une heure ou deux, alors maintenant qu'il pouvait se détendre un peu, il en avait pas vraiment besoin.

"- Satisfait...? C'est plutôt à toi qu'il faut demander ça."

Mikaru le dévisagea un long moment avant de reprendre la parole:

"- T'es pas mieux sur le lit que sur ton tapis...?"

Il se posait des questions là quand même. Enfin, il n'attendit pas la réponse pour se recoucher en tout cas. Il l'avait dit, il laisserait Kousei faire ce qu'il veut ce soir.

"C'est...c'était pour voir comment ça fait."

Souriant un peu, je baissais les yeux. Il me fallait bien avouer que ça faisait bizarre d'être là, sur le lit de Mikaru, à côté de lui et sans raison particulière. J'avais juste eu envie d'être avec lui... aussi étrange que ça puisse paraître.

"Je sais pas... c'est un peu plus embarrassant."

Le vampire avait finit par se rallonger. Je ne savais pas qu'il passait ses nuits couchées... du moins je me disais que ça ne devait certainement pas être comme ça avant la mort de Maître. Mikaru semblait avoir été profondément touché, comme moi...
Finalement, prenant exemple sur lui, je décidais de m'allonger à ses côtés, venant poser la tête contre son torse, innocemment.

"Avant... j'étais un esclave comme tout les autres. Mon maître choisissait ma tenue pour la soirée, ce que je mangerai, ce que nous ferions... Maintenant je... suis seul. Je décide moi même... et je n'aime pas ça. J'ai pas été élevé pour ça... et je... je ne veux pas être seul."

Mikaru n'avait pas pensé que ça embarasserait l'humain d'être sur son lit. En même temps, c'était bien la première fois où ils ne cherchaient pas à se chamailler, alors forcément, un certain malaise s'installait. En tout les cas, ça n'avait pas empêché le vampire de s'allonger de tout son long sur son lit. C'est tout ce qu'il faisait ses derniers temps, il n'avait plus le goût à rien et c'était assez flippant venant de sa part.

Au final, Kousei fit comme lui et vint poser sa tête sur le haut de son torse. Le vampire passa sa main dans ses cheveux en l'écoutant parler. Kousei était inquiet aussi. Il ne vivait plus comme avant et ça semblait l'effrayer. Mais en même temps, Mikaru ne savait pas trop comment il vivait avec l'Ancien à la base, donc bon...

"- Les choses changent Kousei... Aussi bien pour toi que pour moi... Mais si tu veux bien, j'essairai de faire comme ton ancien maitre, si il faut, je t'habillerai et tout."

Son regard tombait dans celui de l'humain. Il pouvait essayer de faire quelque chose, alors bon, pourquoi pas.

Allongé contre Mikaru, je ne me sentais pas mal à l'aise. Je n'avais pas oublié les violences qu'on avait pu avoir entre nous du temps de la vie de mon ancien maître, et les disputes, les cris, les coups, le sexe... Mais tout était différent maintenant. Notre raison de nous battre avait disparu et on se retrouvait là comme deux idiots, presque dans les bras l'un de l'autre. C'était vraiment étrange.

Le vampire passait la main dans mes cheveux en accrochant mon regard pour me répondre quelques paroles qui se voulaient rassurantes. En serait-il capable, de faire tout ça, il n'avait jamais eu d'esclave attitré... Suzune en avait eu, et je n'aurais pas aimé être à leur place vu comme il les brisait à chaque fois... Alors Mikaru, comment s'en sortirait-il avec moi ..?

"Si tu fais ça... tu deviendras réellement mon nouveau maître. Ce sera moins confus pour moi au moins."

Je fermais les yeux, profitant de la caresse de sa main en réfléchissant à mon avenir. Je n'en voulais pas de la liberté. Ma place était au manoir à faire ce que j'avais toujours fait. Servir un maître, et faire chier les autres.

Mikaru essayait de rassurer l'humain comme il pouvait. C'était dans la logique des choses peut-être... En tout les cas, il lui promettait d'essayer de copier un peu son maitre. Mais dans ces cas là, il aurait besoin d'un peu plus de précision sur le déroulement de tout ça. Après tout, le brun restait l'un des rares vampires du manoir à n'avoir jamais eu d'esclaves ou très peu... Pour ce qu'il en faisait à la base...

Soupirant légèrement, le vampire continuait ses caresses tout en écoutant les paroles de Kousei. C'était vrai ce qu'il disait d'ailleurs. Peut-être que le petit homme en avait aussi besoin pour mieux se cadrer et ne pas faire n'importe quoi. De toute façon, Mikaru était pour y veiller. Plus d'écart et en un sens, c'était pour ça qu'il l'empêchait de sortir. Boire et tout ça ne servait strictement à rien. Mais peut-être qu'au bout d'un moment, le vampire se lasserait d'habiller et de choisir la nourriture de l'humain, mais pour le moment, c'était pas le cas et se promettait d'essayer en tout cas.

"- Dans ce cas là, si ça peut t'aider, je vais essayer... Je ne garantis rien sur le long terme..."

Il préférait être clair, pas de mensonges et il ne voulait pas non plus qu'il lui en veuille si il n'y arrivait pas...

Mikaru acceptait d'essayer, mais ne semblait pas vraiment sûr de lui. Je l'observai attentivement, me demandant si ça valait vraiment la peine qu'il essaye alors qu'il pensait déjà que sur le long terme, ça ne tiendrait pas forcément le coup. Suite à la mort de mon maître j'avais besoin de quelque chose de solide à quoi me rattacher... pouvait-il comprendre ça ?

"Et si tu n'y arrives pas..? Qu'est ce que je vais devenir ? Vous... vous comptez me vendre ?"

Tout ça me faisait vraiment peur. Me retrouver enchaîné comme une bête sur un marché ou chez quelqu'un que je ne connaissais pas et me traiterait mal. J'avais toujours connu le manoir et je ne voulais pas partir... j'aimais sortir, de temps en temps pour obliger Mikaru à me courir après mais... m'en aller pour de bon me faisait bien trop peur, tout comme l'idée d'être abandonné.

"Je peux être un bon esclave. Je ferais tout ce que tu veux si tu t'occupes de moi en retour..."

Non, il n'était pas sûr de lui. En même temps, il n'avait jamais eu d'esclave, alors essayer de faire le maitre... Il ne savait pas si ça lui ressemblerait dans le fond. Donc oui, il avait des doutes. Il essairait, mais il avait aussi peur de se lasser au bout d'un moment. Voilà l'unique raison qui l'avait poussé à dire ça. Il n'avait fait que prevenir au cas où quoi... Mais ce qu'il n'avait pas voulu, c'était inquiéter Kousei sur sa condition. Mikaru n'avait eu en aucun cas voulu ça.

"- Non, je voulais te prévenir c'est tout... En aucun cas on va chercher à te vendre... On a pas le droit."

Sur ce point là, le vampire n'avait pas tort. Kousei était l'esclave de son défunt père et ni lui, ni Ryo avait le droit de vendre Kousei parce que ça n'allait plus. Ils devaient faire avec et c'était pour ça que Mikaru voulait faire un temps soit peu d'effort.

"- Je ferais de mon mieux aussi..."

Répondait le vampire avant d'aller lui embrasser le front.

Je souris. Ça s'arrangeait si Mikaru estimait qu'ils n'avaient pas le droit de me vendre. J'avais la certitude d'être toujours au manoir et je ne risquais pas de finir maltraité chez un inconnu. Ou enfermer à moisir dans une boutique parce que personne ne voudrait de moi ou... non je préférais ne plus y penser en fait.

"Merci Mikaru..."

Il me rassurait. C'était plutôt bizarre venant de lui mais pas vraiment désagréable. J'appréciais, tout simplement. Il ferait un bon maître, j'en étais presque sûr. Peut être trop bon, mais si je m'ennuyais je ferais moi même bouger les choses...

"Il faut que tu te relèves de ton deuil toi aussi."

Grimpant sur son bassin, je m'asseyais sur lui, les mains sur son torse pour plonger mon regard dans le sien.

"T'étais pas aussi mou avant."

Ouais bon d'accord, c'était pas le vrai Mikaru ça. Mais depuis que son père est mort, il avait perdu sa seule motivation pour se chamailler avec tout le monde. Maintenant il devait être vigilent avec tout ce qui l'entourait. Peut-être que Kousei avait raison... Il fallait qu'il fasse le deuil de son père. Il n'arrivait tout simplement pas à croire ce qu'il s'était passé.

"- Je sais..."

C'est tout ce qu'il avait réussi à répondre avant que Kousei ne prenne place sur lui, posant ses mains chaudes sur son corps tout froid. Je le regardait dans les yeux, me demandant bien quelle idée il avait derrière la tête. En tout cas, la remarque semblait plutôt blessante pour lui, mais en un sens, il avait raison.


"- Tu entends quoi pas là ?"

Demanda Mikaru tandis que son regard se durciçait...

Je connaissais assez Mikaru pour savoir qu'il avait souffert autant que moi de la mort de l'Ancien. Sauf que pour moi c'était un maître, pour lui, un père. Ce qui nous liait c'était surtout l'amour qu'on avait éprouvé pour lui et qui nous avait éloigné de tout.

Le regard de Mikaru se fit plus dur alors que je décidais de le piquer un peu pour le faire se bouger. Mais il fallait bien que quelqu'un le fasse réagir, et si ce n'était pas moi, qui le ferait hein ?

"J'entends que j'suis sûr que t'as jamais passé autant de temps à te morfondre dans ta chambre. Si t'avais encore un coeur j'suis sûr que tu passerais tes nuits à pleurer comme une fillette. Faut te bouger ! T'es un des trois grands j'te rappelle !"

J'allais peut être un peu loin, mais j'avais décidé de le pousser, quitte à me faire engueuler après.

"Tes frères s'en sortent eux, faut que tu montres que t'es pas invisible ! T'as ton mot à dire aussi."

Kousei était un peu dure avec lui tout de même. Mais en un sens, heureusement qu'il essayait de le bouger un peu. En y repensant, il avait son mot à dire certes, mais il ne pouvait pas non plus aller à l'encontre de la décision de leur père à tout les trois. Dire que ses frères s'en sortaient mieux que lui, c'était peut-être exagéré non... Vous ne trouvez pas ?

En tout les cas, les mots qu'utilisaient l'esclave ne lui plaisaient pas trop et Mikaru se redressa, un peu trop piqué au vif. Son regard plongé dans celui de l'humain, le regardant avec une certaine férocité.

"- Je crois que ce ne sont pas tes affaires Kousei. Contente toi de rester à ta place."

C'est vrai quoi. Pour qui il se prenait dans le fond. C'était lui le maitre là, pas le contraire. Mikaru réfléchissait un instant, il est vrai qu'il était peut-être temps de passer à autre chose. Son père était mort, un point c'est tout. Ca faisait mal, mais c'était comme ça.

"- Sincèrement, tu penses qu'ils s'en sortent mieux que moi à se faire la guerre...?"

Question existentielle...

Les mots que j'utilisais ne devaient pas beaucoup plaire à Mikaru dont je vis le visage se fermer avant qu'il ne se redresse, me faisant reculer un peu sur le lit, pas effrayé mais méfiant. Je n'avais pas particulièrement envie de me faire frapper en fait, seulement de le faire réagir.

"Je suis à ma place... je veux... réconforter mon maître."

Me mordant légèrement ma lèvre, je ne quittais pas son regard, plongeant mes yeux clairs dans les siens. Je n'étais pas tout à fait d'accord, les frères ne s'en sortaient pas en se faisant la guerre, mais ce n'était quand même pas dur de voir qu'ils s'en sortaient mieux que Mikaru...

"A se faire la guerre, non. Mais ils ne se sont pas laissé abattre eux... ils se sont relevés du choc. Maintenant... je me relève aussi. Il ne reste plus que toi."

Ca pour le faire réagir, ça le faisait réagir... Mais pour combien de temps encore...? Il lui fallait quelque chose pour tenir la route. Un but... Un comme celui qu'il avait perdu quand son père est mort. Les deux autres, c'était facile, ils avaient trouvé leur voie... Mais pour Mikaru, ça restait encore flou. Il ne savait pas quand quel camp se mettre ou si il devait effectivement rester neutre dans la bataille...

Mais pour le coup, Kousei surprenait le vampire. Jamais il n'aurait cru entendre ces mots de la bouche de l'humain. Surtout à son égard. Soupirant légèrement, Mikaru devait bien admettre qu'il avait raison. Surtout avec l'argument suivant. Il ne restait plus que lui... Lui seul ne se relevait toujours pas de la mort de leur maitre à tous.

"- Tu m'étonne qu'ils ne se sont pas laissés abattre, ils sont pas eu le temps, on leur a fixé des buts à eux... Faut seulement que je trouve le mien, c'est tout."

Dans le fond, il était toujours en colère. Il aimait pas qu'on lui fasse des repproches... Surtout lorsque ça venait d'un être inférieur.

Peut être que je provoquais mon maître, mais c'était pour le faire réagir et dans le but de le faire se réconforter. Je n'avais jamais vu Mikaru dans un tel état de faiblesse et c'était vraiment triste à voir, surtout qu'il n'était pas aussi effacé d'habitude... Peut être qu'il était le troisième et qu'il avait hérité d'un rôle bien moins important que ses frères, mais ça ne le relayait pas forcément au second plan pour autant, il lui suffisait juste de se bouger pour ça.

"Alors trouves-le, ton but. Te laisse pas effacer par les autres."

Je le voyais bien qu'il était en colère, et j'en rajoutais sûrement, mais il n'y avait que de cette façon que je pouvais espérer lui faire ouvrir les yeux.

"T'es pitoyable en ce moment. Le Mikaru que je connais n'avait rien d'un vampire pitoyable, et pourtant il n'avait pas plus de but que toi... Alors tu dois pas avoir besoin de chercher trop, redeviens juste "toi" !"

Je restais au dessus de lui, reposant les mains sur son torse en baissant un peu les yeux. Il en ferait ce qu'il voudrait de ce que je venais de dire. J'espérais juste que ça le ferait bouger.