Tout seul ? (Reno)

J'avais encore deux heures devant moi, deux heures avant d'aller travailler de nouveau. Et juste à cette idée, à penser à tous ces hommes que j'allais encore croiser ce soir, mon estomac se tortillait d'envie, déjà prêt à recevoir une tonne de plaisir. Peut-être que je suis un peu dérangé en fait. Après tout, qui serait assez fou pour aimer autant son travail, malsain comme il était. Faut croire que je l'étais pourtant, vu l'esprit tordu que j'avais en ce moment, espérant une fois de plus croiser le regard d'un beau ténébreux qui pourra me conduire aux portes du plaisir.
Je quittais finalement l'endroit qui me servait de refuge durant la journée et me dirigeais lentement dans les rues en direction du club. Durant mon trajet, je devais éventuellement traverser un petit parc. Le genre de parc tranquille qui ne recevait pas beaucoup de visiteur ma foi. Mais ce soir, les choses furent plutôt différente en ce qui concerne cet endroit.
Alors que j'avais parcourut la moitié du parc, je remarquais un jeune homme assis sur un banc qui discutait. Mais avec qui ? Je l'ignore puisqu'il était complètement seul. Ça devait sûrement être un de ces dérangés qui parlaient à une personne qu'ils croyaient voir, mais qui en réalité n'existe même pas. Je m'approchais un peu plus de lui pour écouter un peu la discussion imaginaire qu'il avait. Mais en réalité, je ne fus pas tellement captivé par ses paroles, mais plutôt par la beauté qu'il dégageait. Il était à croquer ce garçon !
Prenant garde à ne pas me faire repérer par lui, je m'avançais davantage, fixant un peu plus son corps, son visage exquis. Un feu qui ne m'étais point inconnu naquit dans le bas de mon ventre, mais je me forçais à l'éteindre, sachant parfaitement que ce n'était ni l'endroit, ni le moment pour le soulager. Je passais délicatement ma langue sur mes lèvres avant de finalement laisser mon décider de s'asseoir près de lui sur le banc. Je posais alors mon regard sur lui, laissant un magnifique sourire s'accaparer mes lèvres.

- Bonsoir !

Je ne pus m'empêcher de sourire doucement devant son expression. Ça se voyait bien qu'il était des plus surpris de voir que quelqu'un s'adressait à lui. Et pourtant, qui n'aurait pas eu envie de se rapprocher de cet être, de discuter juste un peu avec lui pour avoir le plaisir d'observer un peu plus attentivement son doux visage, son corps incroyable, et surtout ce charme fou qui ressortait de son être lorsqu'il s'adressait à quelqu'un. Peut-être était-ce seulement la timidité qui faisait ressortir ce petit côté charmant de sa personne, mais je ne détestais pas, loin de là.
Je le vis se retourner quelques secondes vers le vide avant qu'il ne reporte son attention sur moi. Sûrement qu'il cherchait à voir si cette personne ou cette chose invisible se trouvait toujours avec lui. Mais à voir l'expression sur son visage, je doute sincèrement que ce soit le cas. Je devais sûrement avoir fait fuir cette illusion en m'imposant ainsi.
Vous croyez que ça me dérange ? Détrompez-vous ! Je me fiche bien de savoir si cette hallucination disparaît ou non, tout ce que je sais, c'est qu'en ce moment, je suis complètement seul avec lui. Et ce n'est sûrement pas pour me déplaire. Faire plus ample connaissance avec lui saura parfaitement rétablir l'ordre dans mon corps et peut-être même que ce feu brûlant finira par disparaître complètement. Quoi que j'en doute un peu en ce moment. Être aussi près de lui, sentir sa proximité, tout cela crée un réel combat dans mon corps et mon esprit.

- Je m'appelle Reno. Et je suis très ravi de faire ta connaissance.

Ravi ? Ce n'est sûrement pas le mot, mais si je ne veux pas le faire fuir de peur, vaut mieux que je ne songe pas à lui décrire à quel point mon esprit souhaite beaucoup plus que faire sa connaissance. Et que dire de mon corps qui bouillonne à la seul pensée de poser mes doigts sur sa peau, de sentir la douceur sous mes doigts.

Un petit sourire amusé naquit sur mes lèvres lorsque je le vis rougir suite à mes paroles. Il était réellement timide ce jeune homme. Un simple compliment sur le fait de faire sa rencontre et le voilà rouge. Mais jamais bien cette réaction, ça le rendait encore plus mignon ainsi. Il se présenta alors à son tour sous le nom d'Uruha. Un nom qui lui allait très bien ma foi ! Un nom poétique pour une personne magnifique. Je me devais de connaître un peu plus ce jeune homme. J'ignore pourquoi, mais je voulais vraiment être plus proche de lui, tout savoir en ce qui le concerne. Peut-être est-ce seulement parce que mon corps désir le fortement depuis que j'avais posé mon regard sur lui. Mais quoi qu'il en soit, j'étais bien décidé à faire plus ample connaissance avec lui.
Alors que toutes ces pensées me traversaient l'esprit, je le vis fouiller un instant dans sa poche pour en ressortir une tablette de chocolat me demandant alors si je souhaitais en avoir. Ne dit-on pas que le chocolat est aphrodisiaque ? Que ce dernier ouvre des portes vers un désir encore plus fort ? Je ne pouvais donc pas me permettre de refuser une telle offre. J'hochais simplement la tête en souriant doucement alors qu'il reprenait la parole, à savoir si j'attendais quelqu'un.

- Théoriquement non. Mais si je peux vous considérer comme un ami, alors je suppose que c'est vous que j'attendais.

Je lui offris un délicieux sourire avant de détourner mon regard. SI je continuais de le fixer ainsi, j'ai bien l'impression que je ne répondrais plus de mes actes et que je risque de commettre une belle erreur.

- En fait, j'étais plutôt sur le chemin du travail. Mais comme j'ai encore quelques heures devant moi, je me suis permis de m'asseoir avec vous. Ça ne vous dérange pas j'espère ?

Je souris doucement aux paroles du jeune homme. J'étais heureux de voir à quel point il était tout aussi content de devenir mon ami. Peut-être que finalement cette idée de rapprochement avec lui se ferait beaucoup plus rapidement que je ne l'aurais imaginé moi-même. En faire un ami ne pourrait sûrement pas me déplaire en tout cas. Comme il m'avait offert un morceau de chocolat, il s'empressa, suite à ses paroles à m'en offrir quelques morceaux et je ne me fis pas prier pour en avaler un, une fois les morceaux en main. Faut dire que cette petites gâteries n'était peut-être pas très recommandée pour moi, mais de temps à autre, je ne me gênais pas pour en enfiler quelques barres, question de profiter de ce petit luxe.

- Merci ! Il est délicieux.

Je m'attaquais alors à un autre bout de chocolat pendant qu'il prenait la parole pour me répondre que ça ne le dérangeait pas du tout que je reste avec lui quelques temps avant d'aller au travail. Et comme j'aurais dû le prévoir lorsque je lui avais parler de travail, il me questionna à savoir quel genre de travail j'exerçais. Et comme je ne voulais pas non plus l'offenser en lui parlant directement du fait que j'étais hôte dans un club et que je recevais des clients à tous les soirs et que je me devais de les satisfaire avec mon corps, j'allais devoir trouver quelques bons mots pour ne pas l'effrayer. Après tout, quand on pose notre regard sur lui, tout ce qu'on peut voir, c'est un gentil gamin pour qui on est prêt à mentir pour ne pas lui montrer les vraies faces cachées de ce monde.

- Je travaille dans un club où je dois m'occuper des désirs de chaque clients. Leur tenir compagnie, leur offrir à boire. Ce n'est pas trop compliqué comme travail et c'est surtout payant.

J'enfilais mon dernier morceau de chocolat avant de me tourner vers Uruha pour lui sourire doucement. Le travail que je venais de lui décrire n'était pas réellement un mensonge. Après tout, on commençait très souvent nos soirées comme ça. Et il n'avait pas réellement besoin de savoir que les clients pouvaient parfois être très difficiles à satisfaire et qu'il fallait souvent passer dans les chambres pour leur bonheur.

- Et vous, quel genre de travail exercer vous ?

À son tour, Uruha me fit part du travail qu'il exerçait. Alors ainsi, il était tailleur sur mesure. Très intéressant. Mais je devais tout de même avouer que c'était dommage de gâcher cette beauté avec un travail pareil. Je suis certain que s'il se donnait la peine de trouver un travail dans un club, tous les clients feraient la queue à la sortie, juste pour avoir la chance de s'approprier ce morceau de chair. Mais bon, je ne suis pas ici pour le convaincre que son travail est nul. Après tout, c'est lui qui à fait ce choix et s'il se plait dans son travail, c'est ça l'important. De plus, ce n'était pas donné à tout le monde de pouvoir satisfaire sexuellement un client. Il fallait avoir de l'expérience en la matière. Et à première vue, je doutais fortement que ce soit le cas de notre jeune Uruha.
Il ouvrit alors de nouveau la bouche, se permettant ainsi de me demander si on pouvait se tutoyer pour faire plus amical. Comme si ça pouvait me déranger de le faire ! Ça ne pourrait que permettre des rapprochements plus rapidement entre nous deux. Et c'était bien loin de me déplaire cette idée.

- Oui, bien sûr. Après tout entre amis on se tutoie.

Il me fit un sourire, laissant ainsi apparaître quelques petits morceaux de chocolat restés accrocher aux coins de ses lèvres. Une belle vision ma foi ! C'était tentant de venir y poser ma langue pour lui retirer tout ce chocolat. Mais comment aurait-il pu interpréter mon geste ? Je ne voulais en aucun cas lui faire peur et surtout pas le faire fuir. Et pourtant, cette vision me chicotait littéralement les sens. Mais bien heureusement pour moi, Uruha reprit la parole, m'invitant ainsi à venir faire un tour à son magasin de vêtements. Une chance de le voir de nouveau ? Je n'allais tout de même pas rater cette occasion en or.

- Ce sera avec plaisir. Mais tu devras alors me promettre de venir faire un tour toi aussi dans mon club.

Une autre occasion pour le voir et une occasion peut-être un peu plus parfaite pour lui montrer un peu le vrai sens de mon travail et ce tout en évitant de le brusquer. Après tout, une fois qu'il aura mit les pieds dans mon club, il réalisera sûrement dans quel genre d'endroit je travaille. Faut dire que mes collègues sont bien loin d'être discret lorsqu'il s'agit de satisfaire un client, et ce peu importe s'il y a des regards indiscrets ou non.

Je ne pus m'empêcher de sourire doucement devant l'enthousiasme d'Uruha devant ma proposition. Je me doutais bien qu'il n'avait jamais mit les pieds dans un tel endroit. Il semblait beaucoup trop innocent, trop pur pour qu'une telle chose se soit produite. Ce n'était tout de même pas pour rien que mon corps avait été attiré littéralement par le sien. Un corps d'humain n'est rien comparé à celui d'un vampire. Quoi que le sien ne pouvait pas passer sous silence malgré ce petit détail. À mon avis, il ferait sans doute un très bon concurrent en tant qu'Host dans notre club. Mais bien sûr, pas avant d'avoir acquis quelques petites expérience ici et là.
Il ouvrit de nouveau la bouche, me rapportant alors le fait qu'il avait une livraison à faire pour Ryoga. Ça devenait très intéressant tout ça. Mais je me doutais bien aussi qu'une fois que le patron poserait son regard sur Uruha, lui aussi aurait l'envie soudaine d'en faire un de ses meilleurs employés. Et sûrement qu'il serait le premier à vouloir lui faire découvrir le décor de notre travail. Et de penser à une chose aussi peu banale me foutait carrément les chetons. Je n'avais pas envie que quelqu'un d'autre puisse poser ses pattes sur Uruha. Après tout, c'est moi qui venait de le découvrir.

- Ça serait intéressant alors que tu viennes me voir. J'en serais même ravi. De cette façon, tu pourras un peu mieux voir par tes propres yeux à quel genre de boulot je me livre.

Ce n'est peut-être pas le meilleur aux yeux de tous le monde, mais pour moi c'est l'emploi parfait. Je ne crois pas que je me plairais à faire autre chose que ça. Donner ainsi mon corps à ces clients est une pure extase à chaque soir. Uruha reprit rapidement la parole, me posant quelques questions et je laissais un petit sourire amusé se poser sur mes lèvres.

- Oui, j'habite tout près d'ici. Et pour ce qui est de m'inquiéter pour ces soit disant personnes, je ne m'en fais pas trop, je les côtoie à toutes les nuits de toutes façons. Elles fréquentent particulièrement notre club. Alors je n'ai sûrement rien à craindre d'elles en dehors du travail. Par contre pour toi, peut-être que ça risque d'être un peu plus dangereux. Surtout que tu reflètes l'image parfaite qu'ils recherchent. Un bel homme dans un corps de dieu.