Serait-ce le miracle? Peut-être, peut-être pas...[Lee Young-Ea]

Rien ne laissât présagé au jeune vampire qu'il allait se sentir soudainement accablé d'un lourd fardeau sur ses épaules. En effet, celui-ci était parti dès la tombée de la nuit faire quelques emplettes pour se rhabiller, comme s'il manquait de vêtements, mais aussi pour chercher de jolis accessoires pour son petit esclave. Mais finalement, il avait fondu pour une jolie table de nuit qui irait très bien avec la chambre improvisée de Rena. Enfin, encore faudra-t-il que celui-ci le mérite.

Bref, de ce fait, à part ça, il n'eut le courage de rien acheter! C'était une affaire en or et à cause du prix bien trop bas, il n'y avait pas de livraison. Pour ne pas louper cette affaire, il porte le meuble. Seulement, au bout de quelques centaines de mètres, il en avait déjà assez.

Par conséquent, il décida de prendre un raccourci par le parc. Lorsqu'il vit un banc, il s'installa de suite dessus afin de se reposer quelque peu. Ce n'était pas vraiment qu'il était épuisé mais surtout qu'il avait la flegme de se balader un meuble dans la ville. Enfin, il cala ses pieds sur le meubles en questions et étendit les bras le long du dossier du banc tout en relevant la tête en arrière.

-On va attendre qu'un miracle se produise hein...

Ce soir, Lee Young-ae n'avait pas envie de travailler. Les clients ne se bousculaient pas dans sa boutique et elle s'ennuyait ferme. L'esprit engourdi, elle n'avait envie de rien. Même aller au night club ne la tentait pas. Mais elle avait envie de bouger. Elle se rendit donc au parc.
Depuis quelques semaines, elle n'avait pas fait la connaissance de personnes dignes d'intérêt alors que les quelques jours qui avaient suivi son arrivée en ville, les premières rencontres qu'elle avait faites étaient largement au-dessus de ses espérances.

Il n'y avait pas grand monde. Son ennui la reprit.

Elle marchait depuis une dizaine de minutes quand elle aperçut, enfin, assis seul sur un banc, à côté d'un objet assez encombrant, un jeune homme.

Un petit sourire en coin s'afficha sur le visage de la promeneuse. "Finalement, il est pas mal du tout ce parc !" se dit-elle à elle-même.

Cela tombait bien, elle commençait à avoir mal aux pieds. Quelle idée aussi de venir ici avec des chaussures à talon. Elle s'assit à côté du jeune homme et se massa les chevilles, l'air de rien.

Puis elle se retourna vers lui. Son visage était intéressant, il y avait un brin de charme derrière les courbes étroites de ses mâchoires et de ses pommettes. Elle leva la tête, cherchant des yeux les étoiles derrière les fins nuages sombres et lança :

— Quel joli parc, n'est-ce pas ?

Elle n'en pensait pas un mot, mais il fallait bien entamer la discussion !

Une présence se fit sentir dans les alentours du jeune vampire. Il sentit un doux parfum féminin. Juste à l'odeur de la fragrance utilisée, il pouvait constater qu'il allait avoir affaire avec une belle femme à ses côtés. Il la laissa s'installer sur le banc, à ses côtés, sans pour autant daigner l'observer. Il en aurait sûrement tout le temps, ou alors, tant pis.

Après la question de la belle, il osa un regard vers celle-ci, montrant un léger sourire, neutre. Elle était réellement belle, son visage semblait ancré dans une autre époque. Cela lui donnait un aspect lointain et de ce fait attrayant. Le jeune vampire sentait un sentiment nostalgique naître en lui.

Il ne regarda pas les alentours mais se permit tout de même de répondre à l'affirmative. Il lui offrit un large sourire tout en s'inclinant rapidement:

-Je ne peux qu'acquiescer. Comment se nomme la divine qui se poste ici devant moi?

Retenant un léger rire en portant la main à ses lèvres, elle lança :

- Quel flatteur !

Young-ae porta la main à son petit sac à main et en sortit une petite boite en fer blanc de laquelle elle prit une carte de visite, qu'elle tendit à l'inconnu.


"Business is business, pensa-t-elle, après tout, il n'y a pas d'heure pour accroître la notoriété de ma boutique !"

- Je m'appelle Lee Young-ae.

Elle leva la tête au ciel et laissa s'échapper un soupir :

- Je suis venue dans ce parc pour tuer le temps. Je vois que vous êtes bien encombré ! Vous habitez dans le coin ?

Sa curiosité naturelle était revenue au galop. Faisant fi des convenances, elles avait oublié de l'interroger sur son nom.

- Mais tout d'abord, laissez-moi vous demander votre nom !

Rei laissa s'échapper un rire léger en entendant la réaction de la belle. Elle avait des manières, elles aussi, ancrées dans un autre temps. Il prit le papier de celle-ci et l'observa avec minutie. Une boutique de bijoux? Mais c'est que tout ceci l'intéressait énormément! Il irait sûrement là-bas pour voir ce qu'il en était.

Ensuite, il écouta les questions de la femme trouvant quelque peu étrange le fait qu'elle ne lui demandât pas son prénom. Mais à vrai dire, les femmes sont connues pour être des pipelettes, sûrement qu'elle le lui demanderait à un moment ou l'autre! D'ailleurs ceci fut fait quelques minutes plus tard. Il répondit de ce fait d'abord à celle-ci.

-Je me prénomme Rei. Mon nom de famille n'a plus d'importance.

Il sourit et s'inclina légèrement, la politesse étant l'un de ses principes, du moins avec les personnes qu'il jugeait qu'ils le valurent bien.

-Je n'habite pas si loin que ça mais me trimballer cette affaire m'ennuie.

Il soupira et ajouta:

-Puis-je me permettre de vous dire que je vous trouve vraiment très belle? Je suis bien heureux de vous voir à mes côtés ce soir.

Young-ae éclata d'un rire franc et sonore, la main devant la bouche :

– Quel charmeur ! Et bien, si je peux faire le bonheur de quelqu'un seulement par ma présence, je n'ai rien de mieux à espérer pour le restant de ma vie, aussi longue soit-elle !

Elle se pencha pour regarder ce qu'il s'était mis en tête de trimballer jusqu'à chez lui. Mais au lieu de rebondir sur ce sujet, intriguée par son "Mon nom de famille n'a plus d'importance", elle lui dit :

– Comment ça votre nom de famille n'a plus d'importance ? N'est-ce pas là un souvenir de vos parents qu'il vous faut chérir ? Ou alors vous êtes un dangereux criminel, et la simple évocation de votre patronyme suffirait à effrayer suffisamment vos interlocuteurs pour les faire déguerpir en un instant !

Elle rit à nouveau.

–Et donc, ce que vous trimballer est peut-être une preuve irréfutable de vos crimes ? Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir dedans... ! Faites moi rêver !

Rei laissa un sourire coquin s'installer sur ses lèvres, il aimait énormément séduire et était bien heureux de voir une femme rire ou sourire à ses propos.

Il suivit le regard de la femme jusqu'à ses pieds, élargissant son sourire à la vue de sa table de nuit. Un souvenir de ses parents? C'était plus un souvenir de clan, non? Mais puisqu'il était dissout...

-Il n'existe plus.

Il rit franchement face aux hypothèses de la dame, la trouvant vraiment mignonne et drôle à imaginer ce genre de chose, quoiqu'en partie, elle n'avait pas tord!

-Je suis bien désolé de ne pouvoir vous faire rêver, il n'y a rien dans cette table de nuit. Je l'ai acheté pour mon esclave.

Young-ae surjoua une moue boudeuse :

– Vous n'êtes pas drôle Rei ! Je suis sûr qu'un homme qui transporte une table de nuit vide pour son esclave à bien des choses à raconter !

Elle plissa les yeux, le scrutant attentivement, d'un air inquisiteur :

– Je vous trouve bien attentionné pour votre esclave ! Laissez-moi deviner..., dit-elle en lui touchant l'avant bras.

Elle leva la tête et s'accorda quelques secondes de silence pour réfléchir.

– Il y a de cela bien longtemps, vous viviez dans un paysage campagnard sans cesse enneigé. Malgré la magnificence que pouvait avoir votre maison, celle-ci était ouverte à tous les vents, et la nuit, quand vous rentriez fatigué après une longue journée de travail, vous vous blottissiez dans un lit inconfortable et glacial. Un simple futon sur une natte de paille. Vous avez tellement souffert de cette condition que vous vous êtes promis, par une nuit terriblement froide, qu'un jour vous vous achèteriez un vrai lit bien confortable et bien chaud, et que chaque nuit vous vous glisseriez sous une couette molletonnée d'une infinie douceur. Depuis ce jour, il vous est insupportable de voir votre entourage dormir autrement que dans le luxe. C'est pourquoi, vous vous êtes empressé, ce soir, d'acheter à votre esclave l'outil indispensable pour une bonne nuit de sommeil !