Shin ~ Kiss me, Hold me

Qui était-il ? Où était-il né ? A quelle date ? Toutes ces questions banales auxquels tout le monde pouvait répondre sans aucune hésitation, seraient désormais pour Shin, une profonde source d'angoisse. Parce qu'il ne saurait dire... Non, plus maintenant... Il ignorait tout de lui-même. Quel était son identité ? Avait-il encore une famille, là, quelque part dans ce monde si vaste duquel il n'avait aucune connaissance ? Existait-il encore quelqu'un pour l'aimer ? Pour le chérir ? Pour l'apprivoiser ?

Shin était recroquevillé sur lui-même, en position fœtal. Il regardait fixement un point au loin... Qu'était-ce ? De là où il se trouvait, il ne distinguait qu'un léger point de lumière dans la nuit – sûrement un lampadaire – et des voitures passant et repassant devant lui, sans jamais le voir. Il tenta alors de se relever, mais sa main était trop engourdit, comme si elle ne lui avait pas servit depuis des siècles... comme s'il ne savait plus quelle en était son usage. Puis, un étrange fracas dans sa tête, comme un cris venu du plus profond de son âme...

Mais personne n'était là. Personne. Ni pour le lâcher, ni même pour le tenir. Ne demeurais que la brise hivernale irritant sa peau, la meurtrissant de ses crocs acérés. Alors d'où venait ces voix ? D'où provenait ces étranges bribes de souvenirs ? De son fort intérieur ? De son imagination ? Avait-il réellement vécu ce qu'il voyait dans sa tête ? Ou n'était-ce que le fruit d'un rêve infini ? Alors qu'une lueur d'espoir s'offrait à lui – le vent venait de cesser de sévir –, une nouvelle déferlante le prit aux tripes.

Retrouvant soudainement l'usage de ses membres, ses mains vinrent agripper ses cheveux, ses jambes s'agitèrent dans le vide...

-Quelqu'un !!

Shin s'égosillait. Terrorisé. Terrorisé par des hommes qui désormais, ne pouvait plus l'atteindre. Terrorisé de n'avoir que cela en tête... Que ces images de pièces infiniment trop blanches. Que ce souvenir tactile de gant de latex parcourant sa peau. Que ces paroles tournant en boucle dans sa tête.

Puis sa gorge, trop sèche depuis beaucoup trop longtemps, ne pût finalement plus sortir le moindres son. Il se tût instantanément, aussi brutalement qu'il avait commencé à crier. Son corps se recroquevilla à nouveau, jambes collées contre son torse, doigts serrant avec force ses genoux, se les blessant de ses ongles.

Nu, totalement nu. Autant nu de corps que nu de l'âme. Nu d'identité.

Ne restait comme preuve de son existence, que cette gourmette, autour de son poignet... et cet étrange flétrissure symbolique, au milieu de son dos. Et cet hurlement contenu au fond de sa gorge, qui ne pouvait plus sortir.