BONJOUR, je suis perdu ! [ Daisuke ]

Ryo était glacé par l'idée qu'Emiru ait pu se mettre autant en danger et ne le réalisait même pas. Non mais ce petit médecin, on en faisait pas deux pareil et Ryo ne saurait pas en gérer deux! Le vampire, comme toujours bien incapable de montrer correctement ses sentiments, n'en demeurait pas moins inquiet. A la première question du Premier, l'autre croisa les bras pendant que l'humain se cachait derrière son vis-à-vis.

"On peut dire ça comme ça. Deux groupes indépendants qui s'étaient battus. La moitié ne sont plus là pour témoigner."

Bin il les avait tué après tout. Les vampires. Mais Ryo avait précisé pour que Daisuke sache qu'il n'était question ni d'Eien, ni de Rebelles. Comme toujours, le plus jeune des deux ne parlait pas inutilement.
Il fixait Emiru qui se plaignait de l'avoir mit en colère et se tenait au bras de Daisuke l'air de rien, sans comprendre à quel point c'était un manque de respect honteux. Si il était capable de voir que Ryo était en colère, il devait le voir exaspéré là. En plus, son chef se foutait de lui. Génial.

"Avouez que c'est un humain quelques peu particulier..." Répondit-il simplement.

"Emiru... Tu ne crois pas que tu devrais mieux te tenir en présence de quelqu'un capable de te faire frire d'un battement de cil?"

" Particulier ? Je suis par-ti-cu-lier ! " articula bien distinctement le plus jeune des trois, une moue étrange sur le visage, et les sourcils froncés en signe d'incompréhension.

Emiru se tenait toujours derrière Daisuke, accroché à lui et se redressa pour venir poser sa tête sur l'épaule du Premier.

" Mais il a dit que j'étais mignon, alors il ne me fera pas frire ! " se défendit-il sans plus attendre.

L'humain sautilla ensuite jusqu'à la table et prit de quoi manger avant de retourner au côté de Daisuke pour se cacher à nouveau, tout en dévorant ce qu'il avait prit. Ryô passait de la colère à l'exaspération, et Emiru n'aimait pas quand il était ainsi. Il préférait donc rester loin et faire son gamin... Puis Daisuke était là pour le protéger !

J'assistais à la scène en spectateur participant, c'était assez amusant, bien que singulier. Ryo ne semblait pas vraiment apprécier la plaisanterie, il était en colère et je pouvais le comprendre, ce qui montrait également à quel point il tenait déjà à cet humain. Pourtant de mémoire, depuis que je le connaissais, je ne l'avais jamais vu donner tant d'importance à une seule personne, hormis moi, peut être, mais il s'agissait plutôt du travail... Particulier ? Oui certes... il l'était, je ne pouvais pas le nier, alors j'acquiesçai tandis qu'Emiru, lui, répétait ce mot comme s'il ne lui correspondait absolument pas.
Je le regardais poser la tête sur mon épaule en prétendant que j'avais dit qu'il était mignon ... mais ça ...

" Hum, j'ai dit que l'idée l'était ... "

Mais il était déjà parti vers la table pour se resservir de quoi manger avant de revenir derrière moi, comme si je pouvais faire bouclier entre Ryo et lui. Amusant... Je croisais finalement les bras, et pour démontrer à Emiru que Ryo ne mentait pas, je mis le feu à la charcuterie qu'il restait sur la table. D'un simple regard, une banalité à mon âge...

" Ne t'inquiète pas Ryo. J'ai frappé ton humain, au moment où j'ai jugé ses mots déplacés. Mais il n'a pas l'air de m'en tenir rigueur... "

Encore une fois Emiru assimilait mal un compliment faire par Ryo. Enfin, un compliment, à semi dirons nous! Particulier, ça pouvait être prit un peu n'importe comment. Mais il avait presque eut la même réaction que la fois ou Ryo lui avait annoncé qu'il le trouvait adorable. Bref, l'humain était totalement dans son monde, comme d'habitude. Et il ne réalisait pas sa situation, comme d'habitude. Le plus jeune des deux vampires lui, comprenait très bien!

Alors que Daisuke mettait le feu à la charcuterie, les yeux noisettes de Ryo se posèrent sur le spectacle alors qu'il écoutait son supérieur lui dire qu'il avait frappé "son humain", mais que ce dernier n'avait pas l'air de lui en vouloir pour ça.
Si Daisuke avait frapper Emiru, il devait le mériter, mais l'idée continuait de lui déplaire plus ou moins. Le médecin ferait mieux de rentrer chez lui rapidement.

"Encore une fois, disons qu'il est particulier." Ajouta-t-il en simple commentaire, reportant son attention sur Emiru.

"Tu ne voudrais pas rentrer chez toi? Laisse Daisuke tranquille, je viendrai te voir après."

Pour lui faire la morale comme il se doit, mais pas devant son chef.

Les yeux de Emiru s'illuminèrent à la vue de la charcuterie en feu... Feu qui s'éteignit bien rapidement, d'ailleurs ! Le petit humain sauta alors sur l'occasion et se jeta à toute vitesse vers la table pour saisir du bout des doigts un bout de saucisson cuit. Il ingurgita le tout, avalant sans aucun problème le bout tout noir de charcuterie... Et sans tenir rigueur des paroles échangés entre les deux vampires entre temps - qu'il avait pourtant bien entendu - il s'exclama :

" Dieu que c'est bon, quand c'est cuit ! "

Emiru prit alors d'autre bout, laissant la question de Ryô en suspend alors qu'il s'empiffrait de la nourriture toute cramée. Il s'élança ensuite vers Daisuke, et les yeux brillants de malice, lui demanda, les deux mains jointes devant sa bouche :

" Tu me permettra de revenir manger du saucisson cuit par toi, hein ? hein ? "

Là, il ignorait TOTALEMENT Ryô. Parce qu'il savait tout à fait que ce dernier allait le disputer s'il rentrait chez lui et venait le voir après... Il allait passer un sale quart d'heure... Alors autant repousser l'échéance au maximum ! En plus, Daisuke était tout gentil, alors il voulait rester encore un peu !

Comment pouvais-je réagir à ce qu'il se passait sous mes yeux, entre le manque de réaction de Ryo et les agissements parfaitement improbables de l'humain dont il s'était entiché ... La soirée avait le mérite d'être amusante mais... je commençais à me demander comment il pouvaient bien se supporter, tout en étant si défférents l'un de l'autre. Ryo pouvait bien être exaspéré de l'attitude d'Emiru à mon égard, ce n'est pas pour autant qu'il intervenait en récupérant l'humain ... Voulait-il que je le lui renvoie moi même ? Peut être...
La charcuterie carbonisée en une seconde ne sembla pas le moins du monde choquer le gamin qui se jeta dessus comme le reste. Ryo me répétait qu'il était "particulier", et je l'avais bien constaté... et en plus de cela, il se permettait d'ignorer Ryo, pour venir me réclamer la permission de revenir. Un léger sourire aux lèvres, je lui répondis donc :

" Seulement si Ryo le permet... "

Restant dans l'optique qu'Emiru était "son" humain, même s'il n'était pas esclave, je me devais d'établir sa supériorité vis à vis d'Emiru. Je levais ensuite les yeux vers mon jeune infiltré.

" Tu devrais... mieux le tenir. Il a eu de la chance d'être tombé sur moi, mais son attitude en aurait exaspéré plus d'un. Il n'aurait peut être pas tant de veine la prochaine fois..."

Seulement si Ryo le permettait... Bah ça n'arriverait pas d'ici... Un moment!
Le soucis dans l'affaire: Emiru n'était pas son esclave. Le médecin était totalement libre de ses mouvements. Ryo ne pouvait pas avoir d'esclave vu sa situation! Ce serait offrir une trop grande source d'information à des ennemis potentiels. Pourtant, il aurait aimé en avoir un. Et une chose serait certaine si il en avait un: il serait bien élevé. Si notre poupée vampirique était bien permissive avec Emiru, en vérité, il n'était pas aussi doux.

"Malheureusement, je n'ai aucun pouvoir sur les décisions d'Emiru."

Déclara-t-il en s'approchant, prenant l'humain par le bras pour le tirer vers lui.

"Il est capable de se mettre dans les pires problèmes et de me reprocher de ne pas être assez rapide pour le sauver..."

Ouais, après tout, Emiru était plus ou moins persuadé que Ryo le sauverait quoi qu'il arrive non? Souvenir de l'épisode du saucisson qui rendait allergique. Ah, tout ça lui donnait la migraine vous savez quoi!
Le vampire planta son regard dans celui du médecin.

"En plus tu m'ignore? On fait des progrès..."

Le visage de Emiru se décomposa face à la réponse de Daisuke... Il n'était pas esclave, non de dieu ! Il était un humain libre de ses mouvements, et que même Ryô, ne pouvait dompter. Il ne fallait pas exagérer, non plus....

" Vilain Daisuke " murmura t-il alors entre ses dents, les yeux larmoyant de larmes de crocodiles.

Emiru fut soulagé lorsque Ryô répondit qu'il ne pouvait de toute manière rien y faire... C'était vrai, cela ! Même si Ryô l'interdisait de revenir, il le ferait, de toute manière... Et il le connaissait assez bien pour le savoir lui-même. Il vacilla légèrement lorsque le vampire le tira par le bras, et fit une moue tout à fait mécontente. Ses orbes fuirent ensuite celles de Ryô lorsque ce dernier les planta quelques secondes dans les siennes. Puis finalement, il décida de faire profil bas... Il ne voulait pas se disputer plus que cela avec Ryô, et il sentait bien que ce dernier était près à imploser, si ça continuait. L'humain s'avança alors, et passa ses bras autour de son cou pour venir déposer un petit baiser papillon sur ses lèvres. Il enfouit ensuite sa tête dans son cou pour se cacher, et chuchota :

" m'en veux pas, je voulais te faire une surprise.... "

Devant l'expression outrée et les larmes apparentes d'Emiru, après la brève explication de Ryo, je réalisais mon erreur vis à vis de ce "couple". Oui, Emiru était un humain libre, pas l'esclave de mon espion... ce détail m'avait un peu échappé.

" Pardonnez moi, je n'ai pas l'habitude de ces... relations libres entre mortels et vampires. C'est une chose propre à votre siècle, il va me falloir du temps pour m'y faire, je pense... "

Pour moi, qu'il soit esclave ou non, si un mortel se liait à un vampire, il lui offrait forcément une sorte d'appartenance... ou tout du moins, l'interdiction formelle de fréquenter un autre vampire. Il allait encore falloir que j'apprenne à m'ouvrir d'avantage de ce point de vue là si je ne voulais pas vexer à nouveau quelqu'un à l'avenir... Enfin. Ils ne firent pas plus attention que cela à moi, maintenant que Ryo était venu récupérer le médecin par le bras. J'hochais un peu la tête et m'apprêtais donc à les laisser partir...

" Merci pour tes conseils, que j'appliquerai pour Yuuki. "

Les comprimés pour substituer au manque de protéines... encore me faudrait-il probablement une ordonnance, mais je pouvais toujours me débrouiller pour trouver son adresse par la suite...

Et voilà Daisuke avait blessé Emiru en le prenant pour un esclave. Enfin, Emiru avait de son côté mit beaucoup... Beaucoup de temps avant de capter ce que lui disait le Premier depuis le début. Qu'il était l'humain de Ryo. Ryo qui avait été "élevé" en temps que vampire par un Maître qui pensait comme Daisuke. Lui aussi avait un peu de mal avec ce qu'il vivait actuellement. Et sa colère actuelle, lui révélait qu'en plus il l'aimait.
Aimer un humain, s'inquiéter pour lui, être dans cette situation honteuse avec ce même humain dans ses bras, devant le premier. Pas facile à accepter.

Bien, il était temps de partir... Pour Emiru!

"En fait, j'étais venu faire mon rapport. Je vais rester un peu, Emiru va rentrer, je le rejoindrai après, n'est ce pas?"

Il déposa ses yeux noisettes sur l'humain à la fin de sa phrase, attendant qu'il confirme cette fois qu'il allait rentrer sagement chez lui. Mais il avait l'air plus calme, et moins en colère surtout. Alors Emiru devait pas avoir peur de partir cette fois.
Espérons le...

" De rien " répondit Emiru à Daisuke.

Quand il s'agissait de rendre service au bien de la médecine, il n'hésitait jamais de toute manière !
L'humain toujours blottit contre Ryô, se vu légèrement poussé pour que ses yeux rencontrent ceux de ce dernier. Il garda pourtant toujours ses bras autour de son cou. La demande de son vampire adoré ne l'étonna pas du tout, il se doutait que Ryô allait encore vouloir être seul avec Daisuke, et que donc, il devait rentrer bien sagement et l'attendre pour avoir le droit de le voir, lui aussi. Cette fois-ci, Emiru ne fit pas le difficile, et embrassa longuement la joue de Ryô en un baiser sonore, avant de lui servir un de ses plus grand sourire.

" J'y vais ! "

Il s'approcha de Daisuke, et lui colla lui aussi un petit bisou sur la joue, avant d'annoncer :

" Merci pour le saucisson cramé ! "

Puis en partant, il prit la charcuterie qu'il restait... et disparut derrière la grande porte.

Emiru était bizarre. Enfin à ce stade de la soirée je ne sais pas s'il était très utile que je le rappelle mais... non, on ne le dirait jamais assez. Bref, alors que j'avais pensé qu'il m'en voulait de l'avoir comparé à un esclave, ce que j'avais fait presque tout au long de sa présence, finalement, il me répondit par un "de rien" très détaché. Ah ces mortels.

Mais oui, Ryo venait pour son rapport, à la base, et c'est là que je réalisais que je ne l'avais plus revu depuis qu'il m'avait ramené Asagi... il était donc temps, si le petit mortel tolérait que je lui garde son amant encore quelques temps... Je les laissais donc se dire au revoir, partant m'installer sur une chaise en regardant Emiru quitter les lieux, les bras chargés de charcuterie calcinée... Je secouais la tête, un peu perplexe.

" Décidément, l'humanité ne cessera jamais de me surprendre. "

J'eus un petit sourire à l'attention de Ryo. J'étais tout de même heureux que malgré son apparente froideur, il ait réussi à trouver quelqu'un avec qui partager son temps en dehors de ses missions.

" Alors, c'est vrai que nous n'avons pas eu l'occasion de parler depuis longtemps ... quelles nouvelles me portes-tu ? "

"Je pense la même chose, avec environ 400 ans de moins que vous..."

Alors, qu'est ce que ce serait dans 400 ans?
Oui, Ryo avait bien l'ambition de vivre longtemps. Même si il y avait Emiru, et qu'Emiru avait comme projet de vieillir et mourir... Il ne se voyait pas dire adieu à sa vie d'immortel pour de l'amour. Ce n'était pas son genre.

Le jeune vampire soupira doucement. En attendant, sa vie ne serait pas de tout repos. En même temps, c'était ce qu'il venait chercher ici. Quittant New York pour de nouvelles aventures, pas vrai? Bien, il était temps de parler travail.

"Et bien d'abord m'excuser du temps qu'il m'aura fallu pour dénicher votre drôle de sorcier."

Bien sur, un mois, ce n'était pas si long! Et un autre aurait sans doute été beaucoup moins rapide, mais bon. Ryo aurait aimé que ce le soit encore plus. Et comme il n'avait pas eut le temps de venir voir Daisuke depuis qu'il lui avait déposé Asagi...

"Ensuite, du côté des rebelles, rien de passionnant. Comme d'habitude, je dirai. Je me suis un peu entretenu avec Yuri, mais ça n'a rien donné. Cela dit, j'ai un portrait de lui si vous le désirez, comme je ne sais pas si vous avez la moindre idée de son physique."

C'était une bonne question ça, les deux chefs se connaissaient-il?

"Oh, cependant, je dois vous prévenir qu'il y a... De drôles de rumeurs qui circulent...Sur une arme. Je n'en sais pas plus, je continue d'enquêter mais, soyez prudent."

(Voilà, comme ça, j'instaure même le contexte, je suis fantastique! *BAAAAF*)

J'hochais doucement la tête à la réponse d'Emiru, oui s'il le pensait avec quatre siècles de moins, il n'avait pas fini d'en voir ! J'espérais qu'il poursuivrait sa route vers l'éternité à mes côtés, car je savais que si je venais à mourir, Ryo était le genre de personne posée qui serait capable de maintenir l'ordre, si toutefois il daignait finir par choisir un camp et s'y établir, car pour le moment, vadrouiller semblait lui convenir, ce qui me satisfaisait aussi pleinement.

" Ca pour être un drôle de sorcier... Mh. Mais je ne te remercierai jamais assez de me l'avoir trouvé, je ne t'ai même pas demandé, si tu souhaitais quelque chose en guise de récompense, tu l'aurais bien mérité, quoi que tu me demandes. "

J'étais ainsi, je payais mes dettes, même si à l'heure actuelle je ne voyais pas bien ce que j'avais à offrir à Ryo ... Puis il me parla des rebelles...

" J'apprécierai de savoir à quoi ressemble mon ennemi, en effet... Mais qu'en est-il de cette arme ? Quelque chose de pire que les billes d'argents des nouveaux chasseur ? "

Ces maudits pistolets qui avaient bien failli me tuer en me transperçant par dizaine de billes d'argent minuscules...

Peut-être qu'un jour, Ryo se poserait en effet. Et tant que Daisuke était un chef respectable, il resterait à ses côtés. Il avait été élevé dans le respect des supérieurs, mais avait aussi vu tomber ces mêmes chefs, perdant de leur valeur.
Daisuke le remercia encore pour Asagi. Il lui dit qu'il pouvait lui demander n'importe quoi en échange. Le Premier, c'était évident, n'avait pas grand chose que Ryo voudrait. Mais, ne soyons pas dupe, il avait une idée.

"Laissez moi vous dessiner, un de ces jours..."

Franchement, ça vous étonne? Ryo dessinait tout le temps. Soit il dessinait, soit il maniait ses sabres. Il avait une collection de portrait absolument incroyable chez lui.
Alors qu'il allait chercher son sac laissé dans l'encadrement de la porte, Daisuke lui posa une nouvelle question.

"En fait, j'ai juste entendu dire qu'ils avaient enfin quelque chose qui puisse vous faire face. Mais en ce moment, je dois faire profile bas. Avec mon mois d'absence, certain me regardent de travers..."

Il haussa les épaules en donnant à Daisuke un portrait en A4 de Yuri. Il l'avait reproduit pour le premier, et coloré également légèrement. Important, puisque le chef rebelle était blond, entre autre.

J'avais pour habitude de récompenser chaque choses faites en mon nom, en particulier si ça concernait mes propres intérêts et sans mentir, je n'avais pensé qu'à moi même dans cette quête d'un sorcier. Pourtant il est certain qu'il allait pouvoir être utile à tout le monde, s'il décidait d'oeuvrer pour nous par la suite, mais en attendant, Ryo l'avait cherché pour moi et en contrepartie, il ne me demandait qu'à pouvoir faire un portrait... j'eus un léger sourire.

" Quand tu voudras, si cela peut te faire plaisir. "

Puis il m'expliqua que l'arme en question serait quelque chose de taille contre moi ... mais qu'il ne pouvait en savoir plus. J'acquiesçai donc en prenant le portrait de mon ennemi, Yuri le chef des rebelles...

" Je te remercie, ne prend pas de risques inutiles au sujet de cette arme, nous finirons bien par savoir de quoi il en retourne. "

Tout cela m'inquiétait un peu, mais le Premier ne devait pas montrer ce genre de faiblesses devant ses hommes. Ce qui était déjà le cas du temps où l'on m'appelait "le fantôme", il y a bien des siècles.

" Il va peut être falloir que je reprenne le maniement du sabre, histoire d'être prêt en cas de combats. Qu'en penses-tu ? Tu ferais quelques échanges avec moi ? "

"Plaisir et honneur."

Et donc, Daisuke accepta que Ryo le dessine un de ces jours, ce qui oui, faisait plaisir à Ryo. Bien sur, on ne le voyait pas sur son visage. Mais quelqu'un de normal aurait sans doute sourit à ce moment précis.
Il lui dit le peu qu'il savait sur cette fameuse arme, et le Premier le somma de ne pas prendre de risque inutile. Ryo était bien d'accord.

"Ils ne sont pas très actifs, mais pas totalement idiot..."

Déclara-t-il amusé -donc, de marbre, mais, amusé quand même, bien que la suite l'amusa encore plus. Daisuke lui proposait de croiser le fer avec lui. Ou du moins, le fer et l'argent. Les lames de Ryo étaient toutes en argent. Quoi de plus logique, ses adversaires n'étaient que rarement humains...

"Sabre, katana, épée... Je vous aiderai si vous n'avez pas peur de perdre..."

Quoi qu'on en dise, il venait du Shinsengumi. Et depuis 160 ans, il apprenait à manier les armes blanches. Il était un très bon adversaire.

La façon de parler de Ryo me plaisait d'autant plus qu'elle me rappelait ma propre façon d'être, du temps où je combattais encore pour un supérieur, avec respect et honneur... Tout avait tellement changé maintenant que j'étais moi même à ce poste, et pourtant, les mentalités aussi, avaient évoluées. Mais pas celle de Ryo, dans le bon sens tout du moins puisque je l'appréciais ainsi.

" Je me doute qu'ils ne sont pas idiots, je ne sous-estime jamais mes adversaires. Ca n'apporte rien d'être présomptueux... "

J'acquiesçai doucement, avant de poser mon regard sur le feu. Ryo devait pouvoir deviner que tout cela m'inquiétait, même si je ne voulais pas le montrer. Mon attitude était devenue plus tendue, plus songeuse également. Je redoutais la mort, peut être autant que la perspective de finir seul ... Mais si je reprenais l'entraînement, et aux côtés de ceux qui m'étaient fidèles, je tentais de me persuader que je ne craignais rien.

" Je manie seulement le katana, mais cela fait bien longtemps que je ne l'ai plus sorti de son fourreau. Je vais avoir besoin que tu me prennes comme un élève et que tu m'enseignes ce que tu sais comme si je débutais, cela vaudra mieux... Il faudra que je fasse faire ma lame en argent, aussi ... "

Depuis que j'étais vampire, je n'avais plus ressorti mon sabre... pourtant, tout comme ma tenue, il faisait parties des reliques de ma vie que je gardais précieusement sous clef...

Ryo avait évolué... Un peu. Il avait suivit le style vestimentaire, et la façon de parler en générale. Il connaissait le monde moderne, même si il n'avait utilisé une machine à café pour la première fois que très récemment.
Mais pour le respect, et la vision des choses, il n'avait pas bougé d'un pouce. Pas même d'un centimètre! Il se battrait toujours aux côtés de son supérieur... Mais aussi, il en mourrait jamais pour lui. Pas le genre à sacrifier sa vie pour cela. Preuve en était de Feu Hijikata.

Daisuke voulait faire de lui son professeur, et le jeune vampire en était tout à fait honoré! L'idée de lui passer son savoir pour une petite chose, ça lui faisait plaisir. Énormément, même si son visage ne le montrait pas!

"Je vous apprendrait, mais vous savez, je n'ai jamais enseigné alors, il ne faudra pas m'en vouloir si je deviens un professeur trop exigeant."

Il s'étira doucement, récupérant son sac.

"Donnez moi votre katanas, je m'occuperai de la lame pour vous."

"C'est en étant exigeant que tu obtiendras le meilleur de moi, je ne t'en voudrais pas. Notre temps est limité je suppose, dès que l'arme des rebelles sera prête ils n'attendront certainement pas que nous nous le soyons, pour passer à l'attaque... Tout était relativement calme jusqu'à présent, alors restons prudent, ça cachait forcément quelque chose. "

Je me relevais pour partir vers l'entrée de la pièce, faisant signe à Ryo de me suivre. Comme il me proposait de s'occuper de mon katana, il ne me restait qu'à le lui confier, hors cet objet ne quittait pas le coffre de ma chambre ... Je le faisais donc attendre à l'entrée de la pièce, car il était inutile d'entrer à deux et de réveiller Yuuki, puis j'entrais récupérer l'arme et ressortis pour la lui donner.

" Prends en soin... c'est l'une des rares reliques de ma vie humaine, j'y tiens énormément... "

"Très bien, je ferai le nécessaire pour faire de vous une fine lame..."

S'amusa-t-il avec son impassibilité habituelle, suivant le premier jusqu'au hall et l'attendant. Il lui donna donc son arme, lui annonçant comme elle lui était précieuse. Ryo sorti la lame de son fourreau, observant.

"Elle n'a effectivement pas servit depuis longtemps. Mais j'en prendrais soin, comptez sur moi."

Il n'y avait pas plus beau et précieux qu'un katana, et Ryo chouchouterait cet objet que le premier acceptait de lui léguer le temps d'en faire changer la lame.

"Je ferai au plus vite. A bientôt."

Il rangea l'arme, s'inclina et fit demi-tour, vers de nouvelles aventures. Mais d'abord, aller passer un savon à Emiru!

[END]