Mission Suicide (Juka]

Dans la force de l'instant, le corps du petit mortel entre mes bras me semblait aussi frêle et fragile que celui d'un enfant. En le prenant, je n'avais plus véritablement conscience qu'il était un chasseur, de plus il ne représentait pour moi plus aucune menace.
Tooru semblait apprécier, ses gémissements m'incitaient à aller et venir plus profondément encore, lui arrachant de plus profonds soupirs, de sorte qu'il ne puisse les retenir. Son sang m'avait réchauffé, et en cet instant précis, j'aurais presque pu me sentir humain, si ce n'est que je n'avais pas leur faiblesse... comme celle de céder trop vite à un moment trop intense... Ce qui fut le cas de Tooru que je sentis bientôt se relâcher entre nous. Je n'étais pas vraiment surpris qu'il cède le premier, bien que cela me dérangeait assez qu'il soit venu si rapidement. Mais c'était comme ça.

Le soulevant à nouveau, je le reposais contre le sol pour revenir me placer et continuer mon affaire. Après tout, il était là pour mon plaisir et non le sien... Et c'est après quelques profonds coups de reins un peu plus violents que dans la position précédente, que je vins finalement en lui, dans un soupire rauque de satisfaction.
Récupérant un peu, je restais contre lui une petite minute avant de me retirer finalement, me levant pour refermer mon pantalon et aller essuyer mon torse touché par la semence de Tooru. Ceci fait, je quittais la cage, emportant avec moi les affaires de l'humain que je laissais à son sort. Je les déposais prêt de la boîte contenant son argent, et tirais une chaise près de sa prison, pour m'asseoir face à lui.

"A présent, je suis prêt à répondre à tes questions."

Tooru était assez plaisant à regarder pour que je ne m'en prive pas tant que je l'avais sous la main. De plus, ainsi exposé et démuni de tout objet lui appartenant, il ne pouvait pas se sentir en position de force. Il ne pouvait espérer que je sois quelqu'un "d'humain", ce que je n'étais pas. J'avais une réputation à tenir et elle n'était pas celle d'être le plus droit des hommes, ou le plus respectable. Je faisais toujours ce qu'il me plaisait avec les mortels en ma possession, et Tooru n'échappait pas à cette règle.

Croisant élégamment les jambes, je ne quittais pas ma capture du regard, notant bien qu'il cherchait à voir s'il pourrait récupérer ses vêtements, et sans doutes se demandait-il ce que je comptais faire de lui après cette soirée... Si je lui donnais les informations qu'il demandait, je risquais de me faire pourchasser et même tuer par les rebelles... Je ne vouais pas grande allégeance au Premier, mais pas plus au chef de la rebellion, personne ne serait donc présent pour me défendre au cas où cela finirait par arriver...

"J'ai vendu ton frère à l'un des trois fils du Premier..."

Je regardais l'humain, et ne pus retenir un léger sourire devant son corps frissonnant par la fraicheur de cette arrière salle. Ce n'est pas pour rien qu'elle me servait à appliquer les punitions aux esclaves les plus tenaces... J'avais tout ce qu'il me fallait dans cette pièce.

"Je risque ma vie si je te dis où se cache le chef des rebelles... Je ne sais pas si notre petit marché en vaut la peine..."

La détermination de Tooru était impressionnante. Sachant maintenant que le maître de son frère n'était autre que Suzune, le chef des rebelles, il n'en démordait pas pour autant et souhaitait quand même prendre le risque de se jeter dans la gueule du loup... et pas n'importe quel loup.

"Je ne comprends pas... Pourquoi veux-tu risquer ta vie pour ce gamin qui ne te connait même pas ? Que feras-tu si sa situation lui plait, et qu'il ne veut pas quitter son maître ? Certains esclaves, pour ne pas dire, les plus intelligents... apprennent à aimer et supporter leur condition. Tu ne peux pas être sûr qu'il n'en fait pas partie."

Je tenais tout de même à le mettre en garde, mais son idée n'était pas mauvaise. Je pouvais me débrouiller pour le vendre à Suzune, passer par l'un de ses sbires et lui demander de le lui offrir, afin de ne pas trop m'impliquer dans ce qui pourrait être la signature de mon arrêt de mort... Pourtant, j'avais très envie de l'aider. Cette situation m'amusait et piquait ma curiosité au vif... J'avais envie de voir, de savoir comment tout ceci finirait. La détermination de ce mortel était bien trop forte pour un échec... Et pourtant, il suffisait de penser à la volonté de Kyo pour tout remettre en doute. Si lui, ne voulait pas partir, le plan n'aurait servi à rien...

"Je peux faire en sorte que tu deviennes son esclave, c'est risqué, pour toi comme pour moi... Mais je crois... que c'est un pari intéressant. Si je t'aide, j'aurais une faveur de plus à te demander."

Après tout, faisant partie du camp des Eiens avant tout, même s'il était un client, Suzune restait un ennemi. Je ne pouvais nier cela, et de ce fait, si les choses tournaient mal, il me restait la protection du Premier...

Faire affaire avec Tooru n'était vraiment pas désagréable. Il était assez intelligent et savait quand il fallait qu'il mette son arrogance de côté, plutôt que de provoquer bêtement comme l'auraient fait la plupart des humains. En même temps, il avait tout à gagner à agir convenablement avec moi, et ça, il devait bien en être conscient.
Il était calme, silencieux, et prêt à m'écouter. J'appréciais ça, même si je sentais que notre entrevue prendrait bientôt fin. Du moins pour cette nuit, car à présent il allait me falloir réfléchir au moyen de convaincre Suzune de me l'acheter... Quel intérêt pourrait-il trouver à obtenir un esclave presque identique au sien, qui plus est tatoué de la marque des chasseurs...

"Si le plan réussit, je te ferais savoir ma prochaine exigence. Je pense que c'est équitable, comme ça."

Je me relevais finalement pour aller chercher dans une armoire le pantalon commun que je faisais porter à tout mes esclaves, simple, et noir, puis je lui rendis son haut, qui me semblait plutôt nécessaire pour masquer son appartenance à l'ordre. Revenant vers lui, je lui tendais les affaires à travers les barreaux.

"J'imagine que tu es conscient que si tu dois être vendu, tu vas devoir passer quelques nuits chez moi... le temps que je le fasse venir."

Tout les vampires des parages devaient avoir entendu parler de l'attaque d'un chasseur dans ma boutique, et il était encore trop tôt pour que je fasse venir le chef des rebelles... l'affaire devait s'être tassée un peu.

Le petit mortel restait méfiant, ce que je pouvais facilement comprendre même si en l'occurrence j'avais espéré un peu plus de coopération de sa part. Après tout, lui laissais-je vraiment le choix ? A première vue, non. Mais il tentait quand même sa chance. Peut être étais-je la dernière personne non hostile qu'il verrait, que Suzune le tuerait à vue ou bien qu'il ne voudrait pas de lui. Je ne pouvais être certain de rien. Je pouvais les mettre en relation mais pas influencer les décisions du chef des rebelles. Du moins pas trop directement.

"Si ce plan fonctionne... j'aimerai ne plus avoir à te considérer comme un ennemi."

Un chasseur de moins à mes trousses et à l'encontre de mon marché, c'était toujours une bonne chose à prendre. La demande ne me semblait pas exagérée ou irréalisable, et après tout, il n'allait pas chercher à me tuer après que je lui sois venu en aide, surtout si le plan fonctionnait finalement ? J'espèrais en tout cas que les choses se passeraient ainsi.
Sa question me fit sourire un moment alors que je croisais les bras pour le regarder se redresser. J'avais toujours une bonne vingtaine de centimètres de plus que lui, comme avec la plupart des gens d'ailleurs...

"Tu dormiras dans une cage, oui. Mais pas celle ci. Je vais devoir te ramener chez moi, et je ne peux pas te mettre avec les autres."

Repartant vers le placard, je récupérais des menottes. Peut être que Tooru me suivrait sans faire d'histoires puisque nous étions d'accord, mais l'affaire ne devait pas sembler trop louche aux yeux des autres esclaves, ou des vampires que nous croiserions sûrement dans la rue.
Quittant la pièce, j'appelais mes hommes pour leur ordonner le transfert des humains dans la cave de ma demeure, comme chaque soir, bien qu'il soit encore assez tôt aujourd'hui. Je revins vers le blond ensuite, ouvrant sa cellule et approchant pour l'attacher, soigneusement, mais seulement pour la forme.

Tooru était étonnament calme et le peu de fragilité que j'avais pu sentir le temps que je le possédais avait déjà disparu. Cet humain possédait une force mentale que je croisais rarement, et il me fallait bien avouer que je l'admirais assez de prendre autant de risque pour un être qu'il, au final, ne connaissait même pas. Jumeau peut être, mais il ne semblait pas conscient de son existence, et je doutais même qu'il veuille abandonner sa vie aux côtés de Suzune, connaissant le rebelle pour son talent à se faire apprécier, autant que détester...

J'avais menotté Tooru et d'une main dans son dos, je l'invitais à quitter la cage pour l'entraîner à l'extérieur. Nous marcherions jusqu'à chez moi, car j'avais toujours détesté les véhicules. Une vieille phobie que je tenais de mon passé mortel, et qu'il n'est pas temps d'évoquer. Le petit résumé du blond me fit sourire. Il ne savait pas...

"Je ne laisse aucun esclave à la boutique en fait. Tous logent chez moi lorsqu'il fait jour. Simple précaution."

Hors du magasin, je sortis un foulard noir que je passais en douceur sur son visage, venant bander ses yeux. Il n'était pas question qu'il voit le chemin menant à mon domicile. S'il le trouvait, ce serait en me prenant en filature une autre fois, car pour ce soir, il était mon prisonnier.

"Je ne compte pas faire de toi mon esclave, je n'en ai pas besoin. Mais si je te mèle aux autres, des clients risquent d'être intéressés... je préfère dire que je t'ai mis de côté pour le chef des rebelles..."

Attrapant la chaine reliée à ses menottes, je l'entraînais à présent à ma suite, vers ma demeure qui serait la sienne, juste le temps qu'il faudrait pour amener Suzune à nous rencontrer.

[FIN]